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11. septembre 2020

La musaraigne-éléphant ressuscite à Djibouti

Alors que l’on pensait l’espèce disparue depuis près d’un demi-siècle, une équipe de scientifiques a retrouvé sa trace dans une zone rocailleuse de la corne de l’Afrique. Douze spécimens, bien vivants, ont été repérés !

La biodiversité décline

L'Indice Planète Vivante montre qu'entre 1970 et 2016 la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a chuté de 68%.

Tous les deux ans nous publions un état des lieux de la biodiversité dans le monde. Or, l’édition 2020 de notre rapport Planète Vivante dresse, une fois de plus, un constat accablant. Depuis 1970, les populations d’animaux sauvages ont décliné de 68%. Autrement dit, en moins d’un demi-siècle, les effectifs de 21 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons ont chuté de deux tiers !

En cause, le commerce illégal d'espèces sauvages et surtout la destruction de l'environnement liée notamment à la déforestation, l'agriculture non soutenable, le changement climatique et une trop grande consommation des ressources de la planète. Chaque jour, les activités humaines grignotent les écosystèmes naturels, réduisant le territoire des espèces sauvages.

Pourtant, la nature n’est pas qu’un simple décor.  Elle nous approvisionne en eau, nourriture, médicaments et nous rend des services aussi précieux qu’irremplaçables. Sans elle, nous ne savons pas si l’espèce humaine pourra continuer à prospérer. Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de répondre au SOS lancé par la nature. L’ignorer, c’est mettre en jeu notre propre avenir.

Stopper l’érosion du vivant

Depuis plus de 50 ans, le WWF agit au quotidien afin d'offrir aux générations futures une planète vivante. Nous protégeons la vie sauvage, en choisissant des espèces emblématiques comme les tigres, les rhinocéros ou les ours, pour elles-mêmes - parce qu’elles sont uniques - mais aussi parce que leur sauvegarde garantit celle d’espèces avec lesquelles elles cohabitent ou permet de protéger les paysages ou les milieux qui les accueillent.

Sur terre, en mer, dans les rivières ou dans les airs, le WWF mène différents projets pour préserver la vie sauvage. La conservation des espèces passe aussi par leur suivi. Drones, satellites, caméras thermiques infrarouges et logiciels de détection de mouvement capable de faire la distinction entre la présence humaine et animale. Les équipes du WWF utilisent des technologies de plus en plus perfectionnées qui rendent la collecte de données plus sûre, plus rapide et plus économique.

Le come-back de la musaraigne éléphant

A l’heure où notre Rapport Planète Vivante lève le voile sur les derniers chiffres relatifs au déclin de la biodiversité, nous sommes particulièrement à l’affût de bonnes nouvelles susceptibles d’atténuer quelque peu la tristesse du constat dressé. Or, nous venons justement d’apprendre qu’une espèce que l’on croyait disparue a été repérée à Djibouti, situé sur la corne de l’Afrique.

Il s’agit de la musaraigne-éléphant, aussi appelée sengi ou rat à trompe. Le petit mammifère, qui fait la taille d'une souris, est reconnaissable à son museau allongé qu’il utilise pour aspirer les insectes dont il raffole. 

Entre 1891 et 1973, des expéditions zoologiques avaient collecté quelques dizaines de spécimens du sengi de Somalie, l’une des principales espèces de musaraigne-éléphant répertoriées en Afrique. Des spécimens, conservés dans divers muséums d'histoire naturelle, qui étaient jusqu'alors les seules sources scientifiques d'information sur l'animal. Après 1973, plus rien. L'ONG Global Wildlife Conservation l'avait même inscrite sur sa liste des « 25 espèces perdues les plus recherchées ».

Musaraigne éléphant (Macroscelidea Elephantulus) au zoo national Smithsonian, Washington, Etats Unis
Musaraigne éléphant (Macroscelidea Elephantulus) au zoo national Smithsonian, Washington, Etats Unis

La génétique aurait prouvé que la musaraigne-éléphant (Macroscelidea Elephantulus) appartient à l'ordre des Afrotheriens Afrotheria dont les descendants sont entre autres les éléphants.

Mais début 2019, Galen Rathburn, spécialiste mondial de la musaraigne-éléphant et d’autres scientifiques installent plus de 1 250 pièges garnis de beurre de cacahuète, de flocons d’avoine et d’extrait de levure dans une dizaine de localités de Djibouti. Ils ont l’intuition qu’un sengi vit dans ce pays. A plusieurs reprises, les communautés locales leur ont confié avoir vu un petit animal dont la description évoque fortement la musaraigne qu’ils recherchent. Et en août, le verdict tombe. L’équipe récupère un premier rat à trompe dans un piège. Par la suite, douze spécimens sont repérés.

La preuve est désormais faite que le sengi de Somalie existe encore. Et qu'il n'est pas endémique de Somalie. Il vit aussi à Djibouti, et peut-être au-delà dans la Corne de l'Afrique. Dans cette région aride et hostile, son habitat n'est pas menacé par l'agriculture ou le développement humain. Les spécialistes recommandent toutefois que l'espèce soit classée dans la catégorie « préoccupation mineure » de la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui disposait jusqu’alors de « données insuffisantes » pour la caractériser.

Tous les Effet Panda

Troupeau de zèbres (Equus burchellii), dans la Réserve Nationale Masai Mara (Kenya)

Ensemble, agissons

Pour mieux répondre à l'urgence écologique, le WWF France oeuvre à la sauvegarde des espèces emblématiques menacées.
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