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23. août 2022

Le Grand lagon Sud, oasis des tortues face au réchauffement

Notre programme de recherche, mené en partenariat avec l’IRD, livre des premiers résultats prometteurs pour la conservation de la tortue « grosse tête » du Pacifique Sud.

Trop de femelles !

Au nord de la Grande Barrière de corail, plus de 85% des tortues adultes sont des femelles.

Doyennes de nos océans, les tortues peuplent les fonds marins depuis plus de 150 millions d’années. Elles ont côtoyé les dinosaures et surmonté toutes les crises climatologiques. Pourtant, aujourd’hui, six des sept espèces vivantes sont considérées comme menacées ou gravement menacées. En cause, la pêche accidentelle, la destruction des plages de ponte, ou le vol de leurs œufs. Et depuis peu, le changement climatique vient aggraver la situation. En effet, chez les reptiles ovipares, comme les tortues, la température joue un rôle clé dans la différenciation sexuelle des bébés.

Au nord de la Grande Barrière de corail, par exemple, la parité n’est plus. C’est une conséquence attendue et désormais démontrée du réchauffement. Dans cette zone, plus de 85% des tortues adultes sont des femelles et, plus inquiétant encore, la tendance s’accentue pour les tortues immatures qui comptent 99% de femelles. Difficile avec un tel déséquilibre de perpétuer l’espèce ! La tortue “grosse tête” est, elle, d’ores et déjà considérée en danger critique d’extinction dans le Pacifique Sud…

Caretta caretta

Comprendre pour mieux protéger

Identifier de nouveaux lieux à protéger ou créer une ombre naturelle sur les sites de ponte actuels pour abaisser la température du sable, nombreux sont les moyens à notre disposition pour améliorer les chances de survie des tortues.

Sur les plages du monde entier, les biologistes du WWF surveillent l’évolution de la température. Les données recueillies sont précieuses. Elles permettent de mesurer l’ampleur du problème et de déterminer les meilleures solutions pour y faire face. Les chercheurs du WWF suivent notamment les tortues par satellite pour essayer de déterminer les retombées de l’élévation du niveau des mers sur leurs migrations séculaires. Mais aussi de mettre en évidence les zones appelant à une protection renforcée.

Soucieux de contribuer à la protection des sites de ponte en Nouvelle Calédonie, le WWF France et l’IRD mènent actuellement un programme de recherche dont les premiers résultats témoignent de la menace du réchauffement climatique sur la pérennité des populations mais sont aussi porteurs d’espoir pour les stratégies de conservation…
 

Caretta caretta
Caretta caretta
Mise en place d'une balise satellite sur une tortue Caretta caretta

Des premières données prometteuses

Dès 2016, le WWF mène un inventaire des sites de ponte de tortues marines sur les îlots du Grand Lagon Sud, parc provincial et site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, afin d’évaluer le rôle de la zone pour ces espèces menacées.

En 2021, pour approfondir ce travail, un projet de thèse de 3 ans est lancé en partenariat avec l’IRD. L’objectif est de caractériser l’importance du Grand Lagon Sud pour la tortue « grosse tête » (Caretta caretta) du Pacifique Sud et d’identifier les meilleures stratégies de conservation pour l’espèce dans un contexte de réchauffement climatique.

Loin d’être achevé, ce travail de recherche a d’ores et déjà confirmé que le nombre de tortues “grosse tête” venant pondre dans le Grand Lagon Sud était équivalent à celui du site majeur de ponte de la Roche Percée (Bourail), soulignant l’intérêt stratégique de cette zone pour l’espèce. Mais surtout, ce projet a mis en lumière le potentiel de résilience des tortues. En effet, alors qu’à Bourail la situation est déjà alarmante, puisqu’en raison du réchauffement, la quasi-totalité des bébés tortues sont des femelles, les premiers résultats dans le Grand Lagon Sud suggèrent qu’il fait moins chaud sur les îlots, ce qui permet de maintenir un bon équilibre entre les deux sexes. 

La question se pose alors de savoir si les mâles issus du Grand Lagon Sud sont susceptibles de se reproduire avec les femelles de Bourail, ce qui permettrait ainsi d’atténuer l’impact constaté sur la plage de la Roche Percée. Le projet en cours explore cette hypothèse en étudiant les liens génétiques et les déplacements existants entre les différents sites de ponte du territoire. Les résultats permettront d’apporter un éclairage sur la meilleure stratégie à adopter pour assurer la préservation de ces sites majeurs de conservation.
 

Tous les “Effet Panda”

Le Grand lagon Sud vu du ciel
Jeunes tortues luth (Dermochelys coriacea) se précipitant vers la mer (Guyane)

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