Le Lynx à la reconquête du jura

Fourrure tachetée, pinceaux noirs ornant ses oreilles et favoris, le lynx boréal (Lynx lynx) est le plus grand félin d’Europe.

II y a quelques décennies, il a frôlé l’extinction. Chassé pour sa fourrure ou pour protéger les animaux domestiques, il a déserté la France au début du 20e siècle.

Puis, réapparu à la fin des années 70 après presque un siècle d’absence, le lynx a colonisé le Massif jurassien à partir des populations réintroduites en Suisse. Ce super-prédateur opportuniste a facilement retrouvé sa place dans la région forestière riche en ongulés qu’est le Massif du Jura. Mais ses faibles effectifs, estimés à 200 individus, et un territoire morcelé, rendent l’espèce vulnérable, tout comme le braconnage et les collisions avec les voitures, première cause de sa mortalité.

Tous les ans depuis les années 2000, ce sont en moyenne 4 lynx qui sont victimes d’un accident routier. Comme la population européenne du lynx boréal est extrêmement morcelée, toute atteinte à chacun de ses noyaux relictuels risque encore de réduire son aire de répartition. Si l’UICN classe le félin « en préoccupation mineure » en raison de sa large distribution et de ses effectifs stables, la France, elle, l’a placé dans la catégorie « en danger » sur sa liste rouge des espèces menacées.

La protection de l’espèce est inexorablement liée à celle de son habitat. Voilà pourquoi le WWF crée et protège des corridors écologiques que le lynx et d’autres espèces empruntent pour se déplacer d’une zone naturelle à une autre.

Nous travaillons principalement dans les Carpates, qui hébergent les plus grandes populations européennes de lynx.

Depuis 2015, nous contribuons également à la réintroduction de l’animal dans le massif du Pfälzerwald, en Allemagne. Ce projet LIFE Luchs prévoit le lâcher d’une vingtaine d’individus de la sous-espèce lynx des Carpates (lynx lynx carpathicus), en provenance de Suisse et de Slovaquie.

En France, entre 2018 et 2021, le WWF s’est fortement mobilisé pour aboutir à l’élaboration d’un plan national de conservation du lynx en partenariat avec la Société Française pour l'Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM). En octobre dernier, nous avons appelé nos sympathisants à faire entendre leur voix en participant massivement à la consultation publique lancée par le gouvernement sur le projet de plan national lynx prévu pour protéger le plus grand félin sauvage d’Europe. A ce jour, près de 2500 personnes ont exprimé leur point de vue via cette consultation publique.
 

Les lynx Gex et Minos ont retrouvé leur liberté ! Après la disparition de leur mère, les deux petits mâles avaient été recueillis par le centre athenas dont la mission principale est la prise en charge d’animaux blessés ou très jeunes, le temps de leur incapacité. Les équipes qui y travaillent leur dispensent les soins nécessaires, assurant la rééducation des animaux traumatisés. Une fois ces animaux redevenus autonomes, ils sont relâchés dans le milieu naturel. Quelques semaines plus tard, une jeune femelle accidentée a, elle aussi, été remise en liberté. Tous trois sont équipés d’un collier VHF/GPS pour garantir leur sécurité et collecter des informations précieuses sur la façon dont ils se réadaptent à leur milieu naturel. 

Grâce au collier, qui se décrochera automatiquement au bout d’un an, les équipes ont déjà pu constater que Gex avait capturé des renards, des restes de sa proie ayant été retrouvés non loin de la zone où le lynx avait été localisé… Une nouvelle de bonne augure pour la suite car la capacité de prédation témoigne déjà d’une certaine autonomie.

Ces actions s’inscrivent maintenant dans le cadre du Plan national d’action de sauvegarde du lynx boréal publié mi-mars et portant sur la période 2022-2026. Ce plan, auquel nous avons contribué à travers la publication de 21 propositions d’actions concrètes, vise à ramener l’espèce dans un état de conservation favorable.