élevage de crevettes durable à Madagascar
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27. octobre 2017

Madagascar : sur la voie d’une aquaculture responsable ?

À l’occasion des états généraux de l’alimentation, le WWF souhaite mettre en avant deux fermes aquacoles malgaches qui ont choisi de produire des crevettes de manière responsable, au profit des producteurs, des communautés locales et des consommateurs !

Préjudices écologiques du boom de la crevette

De plus en plus prisé, le crustacé est désormais le deuxième produit de la mer le plus commercialisé dans le monde.

La crevette est une vraie star. Pour satisfaire une demande en plein boom, l’élevage de crevettes est passé d’une production artisanale à une exploitation industrielle de plusieurs centaines d’hectares avec une densité de crevettes pouvant aller jusqu’à 200 individus au mètre carré. La plupart du temps, le développement de cette aquaculture s’exerce au détriment des mangroves, détruites pour faire place à de nouveaux bassins.

Surnommé « forêt bleue », ce biotope est pourtant essentiel au maintien de la biodiversité littorale et rend aux populations locales des services écologiques, économiques et culturels irremplaçables. À cela s’ajoute une pollution de l’eau et des terres côtières due aux résidus de cette industrie qui se déversent dans les fleuves et les mers : déjections de crevettes, produits chimiques et antibiotiques. L’alimentation des crevettes est elle aussi devenue industrielle, à base de farines animales d’origine terrestre et de farines de poissons.

Construction d'un élevage de crevettes menaçant une forêt de mangroves, île Mafia (Tanzanie)

Construction d'un élevage de crevettes menaçant une forêt de mangroves, île Mafia (Tanzanie)

Promouvoir une consommation responsable des produits de la mer

Parce que les techniques de pêche non responsables détruisent plus d’emplois qu’elles n’en créent, le WWF France s’efforce de promouvoir une pêche durable.

Au-delà des pêcheurs, le WWF sensibilise les consommateurs pour les inciter à faire preuve de bon sens dans leurs actes d’achat.

Dans le cadre du projet européen Fish Forward, qui touche désormais à sa fin, le WWF a publié un consoguide. Son objectif ? Aider les amateurs de poisson à diversifier leur consommation en optant pour des espèces moins courues grâce à des recettes revisitées par de grands chefs représentant plusieurs pays d’Europe. Toujours sous la bannière de Fish Forward, le WWF a mené une étude sur les pratiques de deux fermes aquacoles malgaches afin de démontrer les atouts d’une production responsable de crevettes. Condensé de cette étude, le WWF lance aujourd’hui une vidéo qui résume en quelques minutes l’ensemble des bénéfices qu’une aquaculture responsable procure aux différents acteurs, producteurs, consommateurs et populations locales !

Produire des crevettes de manière responsable, c’est possible !

Certaines entreprises aquacoles ont déjà relevé le défi d’un élevage responsable en se tournant vers des systèmes semi-intensifs et extensifs, avec moins de traitements, une densité de crevettes plus faible, une meilleure qualité de l’eau, des fermes aquacoles installées en dehors des mangroves et des zones humides…

D’autres, c’est le cas des fermes UNIMA et OSO, sujets de notre étude, sont allées encore plus loin, en assumant leur responsabilité sociale au-delà des seules exigences réglementaires. En construisant des écoles et des dispensaires, en améliorant les conditions de travail et en participant à la vie culturelle locale, ces fermes ont cherché à améliorer la qualité de vie de leurs salariés mais aussi des communautés autochtones auprès desquelles leur activité est implantée. Ces précurseurs nous démontrent que c’est possible et surtout, que ces modes de production responsables profitent à tous. N’attendons plus, ensemble, faisons évoluer les pratiques de l’aquaculture pour réduire l’impact social et écologique d’une industrie qui sera à l’avenir essentielle à la sécurité alimentaire et à l’emploi partout dans le monde.

Embouchure de la rivière Tampolo, parc national de Masoala (Madagascar)

Mangroves dans l'embouchure de la rivière Tampolo, parc national de Masoala (Madagascar)