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19. octobre 2021

Ours pyrénéens : la famille s'agrandit !

Le bulletin du réseau Ours Brun fait état de nombreuses naissances cet été dans les Pyrénées, en particulier en Ariège. Au moins six portées d'oursons ont été identifiées et il y en a peut-être plus...

Victime de préjugés

Tantôt adulé, tantôt traqué, l'ours illustre l’éternelle ambiguïté des relations que l’homme entretient avec la nature.

L’ours est chassé depuis la préhistoire pour sa viande et sa fourrure. Souffrant de la fragmentation écologique de son habitat en raison de l’exploitation forestière et minière, de la construction de routes et de l’urbanisation galopante, dans certains pays, c’est surtout la cohabitation avec les hommes qui pose problème. La polémique autour de l’ours n’est pas nouvelle ! Défense d’une économie de montagne contre protection du patrimoine naturel, pro et anti-ours semblent irréconciliables. Dans les régions où le grand carnivore peut entrer en contact avec le bétail, les vergers, les réserves d'eau ou les poubelles domestiques, à l’instar des Pyrénées, l’ours brun subit avant tout les pressions du monde de l’élevage.

Ainsi, malgré son statut d’espèce protégée proclamé par la convention de Berne et la directive Habitats, le plantigrade dont on a reconnu le rôle écologique au sommet de la chaîne alimentaire, demeure la cible de préjugés tenaces. Après les très controversés lâchers de Sorita et Claverina, en 2018 dans le Béarn, trois ours sont morts côté français et espagnol courant 2020. Cachou a été empoisonné dans le val d’Aran côté espagnol. Sarousse, qui vivait sur le versant espagnol depuis 2010, a été tuée par un chasseur. Enfin, le 9 juin, un mâle de 5 ans a été découvert en Ariège, criblé de balles.

L’ours est victime de préjugés tenaces quant à sa dangerosité. Pourtant, en 150 ans, aucun homme ne s’est fait attaquer par un ours dans les Pyrénées.

Réhabiliter l'ours brun

Le WWF soutient des actions pour protéger l’habitat de l'ours brun et favoriser la coexistence de l'espèce avec les populations locales.

La protection de l’ours n’est pas soumise au bon vouloir des Etats. La commission européenne s’étant clairement engagée à stopper le déclin de la biodiversité, chaque pays membre de l’Union, y compris la France, doit préserver sa population sur son territoire. C’est la loi. C’est pourquoi le WWF intervient régulièrement auprès des ministres de l’Environnement et de la Biodiversité pour la restauration d’une population viable. Concrètement, nous appelons l’Etat à réintroduire des femelles dans la nature, notamment dans cette région où seuls deux mâles subsistent, rendant impossible une reproduction.

En juin 2018, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a lancé une consultation publique sur le projet d'introduction de deux ourses. L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. Nous avons lancé une campagne pour inciter les citoyens à faire entendre leur opinion. Ensemble, nous avons massivement dit oui au projet. Et quelques mois plus tard, le gouvernement a tenu sa promesse. Deux ourses ont été lâchées dans les Pyrénées occidentales !

Depuis plus de 40 ans, nous finançons des actions déployées par des associations locales pour protéger l’habitat de l'ours brun et accroître l’acceptation des plantigrades par les habitants, les élus du territoire et les bergers qui vivent à ses côtés.

Ours brun (ursus arctos) dressé et accroché à un tronc d'arbre dans la forêt
Deux jeunes ours bruns (Ursus arctus) jouent dans une prairie en Finlande

Tous les deux ans environ, une femelle peut mettre au monde un à quatre oursons. Ces derniers naissent les yeux fermés et ne pèsent pas plus de 500 grammes !

Six nouvelles portées !

C'est le nombre de nouvelles portées d'oursons détectées par le réseau Ours Brun sur la quasi-totalité du massif des Pyrénées-Atlantiques.

A la fin des années 1980, face au risque d’extinction de l’espèce, le réseau Ours brun voit le jour. Il s’agit avant tout d’un outil de suivi scientifique à grande échelle de la population d’ours pyrénéenne. Constituée d’un réseau d’observateurs multipartenaires d’environ 450 membres (agents de l’État, naturalistes, chasseurs, accompagnateurs en montagne, bergers/éleveurs, particuliers…), cette organisation permet d’estimer annuellement l’aire de répartition géographique de l’espèce et son évolution dans le temps, l’effectif minimal détecté et la tendance démographique générale de la population sur plusieurs milliers de km2. Les informations françaises sont croisées avec celles du versant espagnol. Le suivi à large échelle d’une espèce aussi discrète que l’ours brun repose essentiellement sur la collecte d’indices de présence. Empreintes, poils, crottes, dommages, photos et vidéos automatiques, tout cela est scruté par les agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB).

Depuis le début de l’année, sur la quasi-totalité du massif des Pyrénées-Atlantiques jusqu’à l'Ariège, 515 de ces précieux indices ont été collectés. Mais surtout, le réseau Ours Brun indique avoir détecté six nouvelles portées d'oursons depuis la sortie des tanières. Un chiffre plutôt prometteur, d’autant que des analyses génétiques sur les nombreux indices recensés sont en cours. Elles pourraient permettre de confirmer la présence de portées supplémentaires. Plusieurs crottes d’oursons ont notamment été trouvées par les chiens renifleurs de l’OFB lors de la réalisation de constats de dommages dans une zone relativement restreinte entre les communes de Seix et Aulus, en Ariège. Toutefois, rien n’est acquis pour ces nouveaux venus car le taux de mortalité est très élevé chez les oursons. Seule la moitié environ devrait survivre à sa première année.

Tous les Effet Panda

Ours brun (ursus arctos) qui a repéré le photographe dans la forêt

Ensemble, agissons

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