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04. février 2022

Plus de 200 nouvelles espèces dans le Mékong !

Dans son dernier rapport "New Species Discoveries", le WWF lève le voile sur les 224 nouvelles espèces répertoriées dans le bassin du Grand Mékong en 2020. De quoi nous mettre un peu de baume au cœur à l'heure où la sixième extinction de masse s’accélère…

Plus de la moitié des espèces mondiales a déjà disparu

La taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a décliné de 68%

Le constat est plus que préoccupant. Selon l’Indice Planète Vivante, entre 1970 et 2016, la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a décliné de 68%. Autrement dit, en moins d’un demi-siècle, les effectifs de plus de 20 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons ont chuté des deux tiers

La région du Grand Mékong et la biodiversité qu’elle abrite ne sont pas épargnées. La construction de mines, de routes et de barrages menace la survie des paysages naturels qui la rendent si unique. Le braconnage pour la viande de brousse ou le commerce illégal de la faune sauvage, estimé à plusieurs milliards de dollars, exerce une pression supplémentaire sur la biodiversité de la région. De nombreuses espèces disparaissent avant même d'être découvertes.

Pourtant, la nature n’est pas qu’un simple décor. Elle nous approvisionne en eau, nourriture, médicaments et nous rend des services aussi précieux qu’irremplaçables. Aujourd’hui, la stabilité des systèmes planétaires est mise en péril. Or, sans la nature, nous ne savons pas si l’espèce humaine pourra continuer à prospérer… 
 

Begonia chenii
Amomum foetidum
Capparis macrantha

Stopper l’hémorragie

Depuis 1961, le WWF mène des actions concrètes pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espèces.

La conservation du vivant passe par un grand nombre de mesures, dont  la protection des habitats des espèces prioritaires, la restauration et l’amélioration de leur connectivité, la réduction des conflits entre les espèces sauvages prioritaires et les populations humaines directement affectées, mais aussi la disparition du trafic illégal des espèces sauvages et le démantèlement de la criminalité organisée visant la biodiversité.

Tous les deux ans, le WWF publie son Rapport Planète Vivante qui dresse un bilan de l’état de la planète ainsi que des pressions humaines qui pèsent sur la biosphère afin d’alerter sur la nécessité de sauvegarder les espèces. L’objectif n’est pas de démoraliser l’opinion mais de la faire réagir en rappelant que si le constat est accablant, il est encore possible de réagir. Avec une feuille de route ambitieuse, nous pourrons inverser ces tendances dramatiques et tenter de restaurer la biodiversité mondiale.

Leptobrachium lunatum, crescent moon spadefoot frog
Leptobrachella neangi, Cardomom leaf-litter frog
Megophrys frigida, Mount Ky quan San horned frog

Les nouvelles perles du Mékong

Chaque année, en quête de nouvelles espèces, les scientifiques du WWF passent au crible le bassin du Grand Mékong qui englobe pas moins de six pays : Birmanie, Yunnan, Laos, Vietnam, Thaïlande et Cambodge.

Les résultats de cette exploration viennent tout juste d'être publiés dans notre rapport New Species Discoveries. Au total 224 nouvelles espèces de plantes et d'animaux vertébrés ont été recensées dans la région, soit 155 plantes, 16 poissons, 17 amphibiens, 35 reptiles et un mammifère. Parmi ces découvertes, figurent quelques espèces particulièrement originales, comme le Tylototriton phukhaensis, un triton noueux brun orangé, petit amphibien de Thaïlande affublé de cornes de diable et dont le corps aérodynamique évoque une voiture de course.
 

Hemiphyllodactylus zalonicus
Cnemaspis selenolagus
Tylototriton phukhaensis

Repéré par hasard sur la photographie d'un magazine de voyage datant d’une vingtaine d’années, il avait suscité la curiosité des chercheurs qui souhaitaient savoir s’il existait toujours… La présence d’une espèce de langur, Trachypitecus Popa, petit singe nommé en l’honneur du volcan éteint du mont Popa en Birmanie, a également été mise en évidence. Hélas, le primate est menacé par la chasse, l'exploitation forestière et la perte d'habitat. Le rapport évoque aussi la découverte d’un gecko des rochers en Thaïlande. (Cnemaspis selenolagus).Son corps semble avoir été peint à moitié seulement : le haut est jaune-orange vif puis vire brusquement au gris à la moitié du dos. Cela lui permet de se camoufler sur le lichen et la mousse sèche des rochers et des arbres.

Trachypithecus popa

Il y a aussi ce serpent irisé (Achalinus Zugorum) dont les écailles, étonnamment, ne se chevauchent pas, cette grenouille à grosse tête (Leptobrachium lunatum), repérée au vietnam et au cambodge, menacée à la fois par la déforestation et la récolte de ses têtards pour la consommation humaine ou encore cette espèce de bambou (Laobambos calcareus), observée au Laos, qui constitue le tout premier cas documenté de succulence chez les bambous : cela signifie que sa tige peut se gonfler et se dégonfler au fil des saisons sèches ou humides, une aptitude cruciale pour sa survie en cas de sécheresse. 
Le WWF appelle maintenant les gouvernements de la région à renforcer la protection de ces créatures rares.

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