Pour une pêche aux crabes plus sélective

Toute pêche entraîne des prises accessoires, c’est-à-dire la capture accidentelle d’espèces non ciblées, comme les tortues, les requins, les dauphins ou certains oiseaux marins. En cause, le manque de sélectivité des engins de pêche.

Le chalut exploitant la crevette fait des ravages en la matière avec un ratio littéralement effarant : pour une crevette pêchée, c‘est une dizaine d’espèces accessoires qui se retrouvent prises dans les filets. Le chalut de fond, lui, racle les fonds marins et, en plus de détruire leurs écosystèmes, capture des espèces sensibles dont la reproductivité est faible : des requins, des éponges ou des coraux.

Quant à la palangre, très utilisée dans les pêcheries thonières, elle est constituée d’une ligne où sont accrochés des milliers d’hameçons appâtés. En plus du thon, ces hameçons capturent des tortues, des thons juvéniles et des requins qui sont rejetés à la mer morts, mourants ou gravement blessés.

Ce gaspillage considérable conduit des espèces entières au bord de l’extinction.

Le WWF participe à des travaux d’amélioration de la sélectivité des engins de pêche et à la promotion de techniques de pêche moins destructrices des écosystèmes marins. Nous encourageons les pêcheurs à utiliser des alternatives aux engins de pêche peu sélectifs.

Avec le CRPMEM (Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins) de Guyane, le WWF a travaillé sur la mise en place d’un filet TED (Turtle Excluder Device) sur les chalutiers de crevettes tropicales. Le dispositif TED est composé d’une grille installée dans la partie étroite d’un chalut qui permet de libérer les tortues marines, ainsi que d’autres grandes espèces et objets, par une trappe de sortie, tout en retenant et en améliorant la qualité des crevettes pêchées.

Le WWF encourage les pêcheries de crevettes tropicales à mettre en place ce dispositif et les États à rendre obligatoire son adoption. En effet il n’existe actuellement aucun moyen de différencier dans le commerce les crevettes tropicales sauvages qui ont été pêchées avec ou sans TED.

Au sud-ouest de Madagascar, on l’appelle « Belaroa ». Elle est circulaire, avec des mailles de 12 cm et permet aux pêcheurs de ne capturer que les crabes de plus de 11 cm, selon la réglementation en vigueur du Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche.

A la fin du mois de novembre, avec l’appui du WWF, 131 pêcheurs, issus de quatre villages de la baie d’Ambaro, dont 21 femmes, ont bénéficié d’une formation. Au cours de cette dernière, chaque pêcheur a pu fabriquer quatre balances directement utilisables à partir du matériel mis à leur disposition : filets de pêche, cordes en nylon, bouchons et cerceaux en fer rond pour l’armature.

Si la balance à crabes limite la capture d’espèces non ciblées, elle contribue également à limiter l’entrée de crabes sous-taillés sur le marché puisqu’elle permet de pêcher à une bonne distance de la mangrove, à des profondeurs où prédominent les crabes plus gros. Un atout supplémentaire par rapport aux engins de pêche rudimentaires…