Un marsupial échappe à l’extinction
Non, l'antechinus à tête argentée n'a pas disparu dans les méga-feux qui ont ravagé les forêts australiennes entre 2019 et 2020. Tandis qu’un tiers de leur habitat est parti en fumée, 21 spécimens bien vivants ont été identifiés.
Un drame sans précédent
C'est le nombre d'hectares de forêt détruits par les incendies entre juin 2019 et mars 2020 en Australie.
Entre juin 2019 et mars 2020, l'Australie a été confrontée aux plus importants feux de végétation de son histoire. Des incendies surviennent chaque année sur l'immense île-continent mais l’année passée, ils ont été extrêmement nombreux et précoces. Le changement climatique et des cycles météorologiques défavorables ont généré une sécheresse exceptionnelle, un faible taux d'humidité et des vents forts, particulièrement propices aux feux de brousse.
Pour notre patrimoine naturel, les conséquences sont dramatiques. Dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, 10 % de la surface des parcs nationaux a été détruite. Au total, 19 millions d’hectares y ont brûlé, soit six fois plus qu’en 2018. Et sur les vingt-huit réserves classées au patrimoine mondial par l’Unesco, douze ont été touchées par les incendies. Au moins 34 personnes sont décédées dans les incendies mais c'est la faune qui a payé le plus lourd tribut. Des milliers de koalas sont morts dans le sud-est du pays. Reptiles, oiseaux, insectes et mammifères ont subi des pertes considérables. A tel point que l'extinction de plusieurs espèces est redoutée.
Notre riposte
Grâce à vos dons, nous avons déployé 1 million de dollars sur le terrain pour fournir des soins de première nécessité à de nombreux animaux blessés pris en charge au sein des zoos de l’État de Victoria
En janvier 2020, nous lançons un appel à don pour venir en aide à la faune et la flore sauvages. Vous êtes des centaines de milliers à y répondre. Grâce à votre générosité, nous avons déjà déployé 1 million de dollars sur le terrain pour fournir des soins de première nécessité à de nombreux animaux blessés pris en charge au sein des zoos de l’État de Victoria. Dans le Queensland, nous avons pu financer des opérations de sauvetage à l’aide de chiens renifleurs spécialement dressés pour localiser les koalas en détresse.
En parallèle, le WWF Australie et Conservation International ont bénéficié d’une subvention de 1 million de dollars, versée par la fondation philanthropique de Google, pour lancer le programme “An Eye on Recovery”, littéralement, “un oeil sur la guérison”. Concrètement, plus de 600 caméras équipées de détecteurs de mouvement ont été installées dans les Blue Mountains, à East Gippsland, sur Kangaroo Island et dans le sud-est du Queensland. L’objectif ? Surveiller la faune récemment impactée par les feux de brousse pour observer la façon dont elle se rétablit, dont elle se réapproprie l’espace dans son milieu naturel, lui-même aussi fortement altéré par les incendies.
Une lueur d’espoir
Les chercheurs ont mis en évidence la présence de 21 marsupiaux dans le parc national de Bulburi, qui constitue le bastion de l’espèce.
Alors que depuis le mois de juillet, de la Grèce à la Finlande, l’Europe est en proie aux flammes, une bonne nouvelle nous parvient d’Australie. Contre toute attente, une espèce rare semble avoir survécu aux gigantesques incendies qui avaient sévi sur l’île-continent il y deux ans. Il s'agit de l'antechinus à tête argentée (Antechinus argentus). S'il ressemble à une musaraigne, ce petit marsupial possède une reproduction atypique, qualifiée de "suicidaire". En effet, le mâle ne s’accouple qu’une fois au cours de sa vie avant de mourir, comme le saumon du Pacifique ou certains papillons. Les femelles, elles, survivent rarement jusqu’à une troisième portée. Or, entre 2019 et 2020, un tiers de leur habitat a été dévasté par les flammes.
La communauté scientifique craignait qu’aucun antechinus à tête argentée n’ait survécu. Le WWF Australie a donc financé une opération pour déterminer si l'espèce était éteinte ou non. Et à la surprise générale, avec l’aide de chiens renifleurs, les chercheurs ont mis en évidence la présence de 21 marsupiaux dans le parc national de Bulburi, qui constitue le bastion de l’espèce. Evidemment, cette nouvelle nous réjouit. La probabilité que l’espèce, déjà fragile, survive à une telle catastrophe, était faible. Même s’il ne s’agit probablement que d’un sursis tant le réchauffement climatique, propice à des épisodes de sécheresse et d’incendies de plus en plus fréquents, menace leur avenir…