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13. septembre 2024

Un nouveau souffle pour les orangs-outans

La Malaisie change de cap. Modérant sa "diplomatie de l'orang-outan" qui consistait à envoyer en cadeau des grands singes aux pays achetant son huile de palme, le gouvernement s’engage aujourd’hui à préserver l’espèce sur son sol !

L’homme rouge de la forêt

Plus de 50 % des orangs-outans vivent en dehors des zones protégées.

Le nom « orang-outan » vient du malais orang hutan, qui signifie littéralement « homme de la forêt ». Ce grand singe a élu domicile à la cime des arbres et parcourt inlassablement la canopée à la recherche de fruits, de feuilles et d’insectes. Les îles de Sumatra et de Bornéo sont les seuls endroits au monde qui hébergent encore des orangs-outans sauvages.

Mais alors que les forêts de l’île ont été dégradées par l’exploitation forestière et défrichées pour les plantations de palmiers à huile, le grand singe a perdu de vastes pans de son habitat. Sa population a alors chuté drastiquement, diminuant de plus de moitié en 40 ans. 

Aujourd’hui, plus de 50 % des orangs-outans vivent en dehors des zones protégées, au sein de forêts exploitées par des compagnies minières, forestières et des fabricants d’huile de palme. Les incendies parfois déclenchés pour augmenter la quantité de terre disponible accentuent le problème. Selon l’UICN, l’espèce est désormais en danger critique d'extinction. 

Redonner un avenir aux orangs-outans

Près de 350 000 arbres indigènes sont plantés au cours des 12 dernières années.

En 2007, le WWF lance un programme de restauration forestière au sein de Bukit Piton, en collaboration avec la Fondation Sabah, la Fondation Sime Darby et le Département forestier du Sabah. 

Les efforts sont concentrés sur un site pilote de 2 400 hectares. Près de 350 000 arbres indigènes sont plantés au cours des 12 dernières années, parmi lesquels des espèces pionnières - des arbres robustes qui ne craignent pas le plein soleil, peuvent pousser sur des sols pauvres et fournissent l'ombre dont les autres espèces ont besoin. Mais aussi des arbres fruitiers, rigoureusement sélectionnés pour approvisionner les orangs-outans en nourriture. 

Au total, les équipes du WWF plantent 55 espèces d'arbres indigènes différentes, soit à peu près la moitié de toutes les espèces de ligneux de France métropolitaine. Si l’objectif principal était de restaurer l'habitat des orangs-outans, ce projet profitera également à de nombreuses autres espèces

Un soulagement

C'est bel et bien la production d'huile de palme qui entraîne la destruction massive des forêts tropicales en Malaisie et met en péril l’avenir du grand singe.

En mai dernier, coup de tonnerre, la Malaisie annonce qu’elle enverra certains de ces grands singes menacés d'extinction aux pays achetant son huile de palme, notamment dans l'Union européenne et en Inde. L'initiative malaisienne fait écho à la « diplomatie du panda », menée de longue date par la Chine, consistant à prêter ses pandas à des zoos étrangers dans le cadre d'une stratégie d'influence internationale. 

L’annonce déclenche un tollé parmi les défenseurs de l'environnement, qui dénoncent l’ironie de la mesure car c’est bel et bien la production d'huile de palme qui entraîne la destruction massive des forêts tropicales en Malaisie et met en péril l’avenir du grand singe. En réponse, le gouvernement adoucit sa posture, faisant évoluer sa « diplomatie de l'orang-outan »… 

Comme de nombreux herbivores indigènes, les orangs-outans dispersent et éparpillent les graines de nombreux fruits dont ils se nourrissent, contribuant ainsi au reboisement, et par la suite au renouvellement et à la bonne santé de la jungle.

Désormais, les pays qui se verront gratifiés d’un orang-outan sont invités à laisser les animaux dans leur habitat naturel. 

Le ministre des Matières premières, Johari Abdul Ghani, a annoncé que des parcelles de forêt « à haute valeur de conservation » seront conservées dans les plantations de palmiers à huile. Ces zones permettent aux orangs-outans de se déplacer librement, de trouver de la nourriture et de se reproduire sans interférence de la part des humains ou d’autres activités. 

De plus, Johari Abdul Ghani a exhorté les entreprises productrices d’huile de palme à collaborer avec les ONG afin de contribuer à la préservation de la faune et de la flore en Malaisie et à fournir une expertise technique en la matière.

Un changement de cap salutaire pour ceux que l’on surnomme les jardiniers de la forêt en raison du rôle essentiel qu’ils jouent dans les écosystèmes tropicaux de Bornéo et de Sumatra. En effet, comme de nombreux herbivores indigènes, les orangs-outans dispersent et éparpillent les graines de nombreux fruits dont ils se nourrissent, contribuant ainsi au reboisement, et par la suite au renouvellement et à la bonne santé de la jungle.

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Orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus wurmbii) , Parc national de Tanjung Puting, Kalimantan, Borneo (Indonesie)

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