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16. août 2019 — Communiqué de presse

18ème Conférence des Parties de la CITES : le trafic d'espèces sauvages et l’Asie sous le feu des projecteurs

Victimes de l’intensification de la chasse et du commerce illégal, les populations d'espèces sauvages continuent à décliner dans une grande partie de l’Asie. La CdP18 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) qui se tiendra à Genève du 17 au 28 août et où seront discutées de nombreuses propositions est une opportunité pour la communauté internationale de s’unir contre le commerce illégal et le braconnage et protéger ces espèces. Au cours de ces deux semaines, des espèces emblématiques telles que le tigre, l’éléphant et le rhinocéros ainsi que des espèces moins connues comme la vipère à queue d'araignée verront leur sort grandement affecté par l’issue des discussions des 183 Parties réunies.

Tigres, éléphants, rhinocéros : le rôle des pays asiatiques dans le commerce illégal d’espèces sauvages examiné à la CITES

Tigres, éléphants, tortues, concombres de mer... Les populations de nombreuses espèces sont compromises à cause du braconnage et du commerce illégal.

Selon des analyses indépendantes présentées par l’organisation TRAFFIC, le Réseau mondial de surveillance du commerce des espèces sauvages, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Agence d'investigation environnementale (EIA), le Vietnam est désormais le pays qui accueille le plus de cargaisons illégales d'ivoire d’éléphants et de cornes de rhinocéros.

« Le Vietnam est un pays très préoccupant de par son rôle dans le commerce illégal d'espèces sauvages depuis de nombreuses années. Bien qu'il y ait eu des progrès significatifs dans l'amélioration de la politique de lutte contre le commerce illégal, il est clair qu'il reste encore beaucoup à faire. La CITES examinera de près le respect de sa politique par le Vietnam. » Margaret Kinnaird, responsable du programme Espèces sauvages au WWF

Au-delà du Vietnam, la situation de ses voisins le Laos, la Thaïlande et la Chine est tout aussi préoccupante en ce qui concerne les élevages de tigres. Actuellement, la Chine a interdit tout commerce de tigres ou de produits issus de tigres, mais l'existence d'élevages gérés par l'État abritant quelques milliers de tigres captifs crée une pression politique et une incitation économique pour autoriser le commerce des tigres en captivité à l’avenir. Le WWF estime qu'un tel commerce serait impossible à contrôler et mettrait en danger les 3 900 derniers tigres sauvages. Parallèlement, il est établi que des parties de tigres provenant de fermes se retrouvent sur le marché noir et entraînent une hausse de la demande.

« En 2007, les Parties à la CITES ont convenu que les tigres ne devraient pas être élevés pour le commerce de leurs parties. Pourtant, 12 ans après, il y a davantage de tigres en captivité que de tigres sauvages en Chine et une quantité croissante de parties et produits dérivés du tigre sont commercialisés illégalement. Il est grand temps que les gouvernements du monde entier respectent leurs engagements et que les pays en tort soient tenus pour responsables. » Heather Sohl, spécialiste du commerce du tigre

Bracelets en ivoire vendu sur les étals des magasins à Hanoi (Vietnam)
Plusieurs produits en ivoire sculptés à partir de défenses d'éléphants et de cornes de rhinocéros confisqués par des patrouilles anti-braconnage, Gabon (Afrique)
Du personnel anti-braconnage expose une peau de tigre - l'un des objets braconnés exposés au musée Tikauli, au Népal.

Tortues marines, concombres de mer, éléphants et sites naturels au cœur des discussions

Alors que les tortues marines existent depuis 120 millions d'années, six des sept espèces sont désormais menacées d'extinction d’après la liste rouge de l'UICN. Selon le Secrétariat de la CITES, entre janvier 2015 et août 2018, des saisies records de tortues imbriquées et de tortues vertes ont été enregistrées en Indonésie, en Malaisie et au Vietnam. 84 116 œufs, 1 836 tortues vivantes, 300 mortes, 174 farcies, 687 kg de viande, 936 produits artisanaux et environ 1 tonne de carapaces ont été retrouvés. Le WWF demande que des mesures plus strictes soient prises à l’égard des pays concernés et demande à ce que ces pays aient à rendre des comptes dans les années à venir. S’il n’est pas aussi charismatique que certains de ses congénères, le concombre de mer est néanmoins essentiel de par son rôle dans l’écosystème marin. Le commerce de concombres de mer connus sous le nom d’holothuries à mamelles sera l’un des sujets controversés de cette année. Le WWF soutient une proposition visant à ajouter ces espèces - très prisées dans la cuisine asiatique et extrêmement vulnérables à la surpêche - à la liste des espèces dont le commerce est réglementé par la CITES.

Comme toujours, les éléphants figurent en bonne place à l'ordre du jour de la conférence. A l’agenda de cette 18ème Conférence des Parties : des propositions relatives au commerce des éléphants vivants, aux marchés locaux de l'ivoire et aux changements du statut de l'éléphant d'Afrique dans les annexes de la Convention. Le WWF demande à la CITES de cibler en priorité les pays qui, soit par manque de capacité, soit par manque de volonté politique, sont impliqués dans le commerce illicite de l'ivoire. Il s'agit notamment du Burundi, du Gabon, du Togo, du Nigeria, du Mozambique, du Zimbabwe, des Émirats arabes unis, de la République démocratique populaire lao, de la Malaisie et, surtout, du Vietnam.

Enfin, les sites naturels du patrimoine mondial jouent un rôle majeur pour de nombreuses espèces, y compris le marsouin du Golfe de Californie qui a aujourd’hui presque disparu. Ces lieux uniques abritent une forte proportion des populations de ces espèces en voie de disparition, et nombreuses d’entre elles sont menacées par la chasse, la pêche et l'exploitation forestière illégales. Le WWF soutient des mesures visant à renforcer la coopération entre la CITES et la Convention du patrimoine mondial de l'UNESCO.