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26. octobre 2017 — Communiqué de presse

POUR un vrai développement économique de la Guyane, CONTRE le projet minier Montagne d’Or

Le président de la République Emmanuel Macron est très attendu sur la question du développement économique du territoire. La Guyane connait un taux de chômage deux fois plus élevé qu’en métropole et voit sa population doubler tous les 25 ans environ. Et cette démographie pèse sur la croissance locale : le PIB par habitant est en baisse (-2,7 points entre 2014 et 2015).

Mission ONF - impacts de l'activité aurifère en Guyane (2016)

Bien conscient de l’urgence et de la nécessité à s’attaquer à ces enjeux de développement, le WWF France rappelle que la Guyane mérite un développement soutenable qui concilie création d’emplois et protection des ressources naturelles.

Clairement, le projet de mine d’or industrielle Montagne d’Or porté par le promoteur russe Nordgold et envisagé près de deux réserves biologiques intégrales en pleine Amazonie est très loin de représenter la meilleure option d’investissement de l’argent public, argent qui ne pourra être dépensé qu’une fois !

Le WWF France dénonce évidemment l’impact désastreux de ce projet sur un écosystème exceptionnel : il s’agirait de la première mine industrielle en Guyane et, de très loin, de la plus importante mine d’or dans l'histoire de France. Selon l’opérateur, pour extraire l’or, 57 000 tonnes d’explosifs, 46 500 tonnes de cyanure et 142 millions de litres de fuel seront nécessaires pour les 12 ans de durée de vie du projet.

Par ailleurs, et contrairement aux arguments avancés par les défenseurs de la mine, le projet n'est absolument pas une solution pour lutter contre l'orpaillage illégal : les métiers sont totalement différents d’un point de vue opérationnel, et surtout, les personnes travaillant dans l'orpaillage illégal sont très majoritairement en situation irrégulière (elles ne seront donc pas employées par le projet Montagne d'Or).

Infographie Montagne d'Or : Industrie minère vs Tourisme

 

Un coût monstrueux !

À lui seul le projet engloutirait au moins 420 millions d’euros publics soit 560 000 euros publics pour chacun des 750 emplois directs annoncés !

Le 18 septembre dernier, et à travers une étude économique, le WWF France démontrait aussi le non-sens économique du projet minier.

Le WWF France est convaincu que ces subventions publiques envisagées pour le projet Montagne d’Or pourraient au contraire être utilisées pour structurer et soutenir des filières locales et durables.

Pour le démontrer, le WWF France prend aujourd’hui l’exemple parlant du tourisme qui, à lui seul, permettrait de créer six fois plus d’emplois directs que le projet Montagne d’or avec quatre fois moins de subventions publiques. Chaque année, 20 000 touristes visitent la Guyane. Selon une étude du Schéma Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs de Guyane[1], si la filière du tourisme bénéficie des investissements nécessaires, ils pourraient être 60 000 par an à l’horizon 2024. L’objectif : créer à terme 4500 emplois directs pour un investissement public de 107 millions d’euros publics (soit 24 000 euros publics par emploi créé).  

« Le promoteur du projet minier Montagne d’Or et ses défenseurs vantent ses avantages économiques et focalisent l’attention publique sur les emplois qu’il permettrait de créer. C’est de la poudre aux yeux ! La Montagne d’Or c’est avant tout une montagne de subventions publiques, une fosse grande comme 32 Stade de France en plein cœur de l’Amazonie, un trou tellement profond qu’une Tour Eiffel entrerait toute entière ! Elle est très loin de constituer le meilleur deal pour le développement économique de la Guyane. A elle seule la filière du tourisme permettrait de créer six fois plus d’emplois directs que le projet Montagne d’or avec quatre fois moins de subventions publiques ! »
Pascal Canfin, directeur général du WWF France

Le WWF France a identifié six autres filières qui pourraient aboutir à la création de 18 000 à 20 000 emplois au total sur dix ans : il s’agit de la filière de la pêche, du bois et de la forêt, de l’agriculture, des énergies renouvelables, de la construction et de l’agroalimentaire. A l’instar du tourisme, l’ensemble de ces filières méritent de bénéficier d’un véritable schéma régional de développement et des offres de formation associées. Pour cela, il est indispensable de disposer des informations relatives au nombre d’emplois ou encore aux subventions publiques.

[1] Étude du Schéma Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs de Guyane (novembre 2013)