Retour
22. novembre 2025 — Communiqué de presse

WWF : De petites victoires laissent de grandes zones d’ombre à la COP30 ; les objectifs climatiques centraux restent hors d’atteinte

À la COP30, les pays n’ont pas réussi à s’accorder sur des feuilles de route pour sortir des énergies fossiles et mettre fin à la déforestation dans les textes officiels. La Présidence brésilienne de la COP a toutefois annoncé le lancement d’initiatives internationales pour poursuivre ces chantiers essentiels. Malgré quelques avancées, les décisions adoptées restent très en-deçà de ce que requiert l’urgence climatique.

Les pays réunis à la COP30 ont approuvé une série de petites victoires, dont la décision de mettre en œuvre un mécanisme de transition juste.
En parallèle des négociations formelles, le Brésil mènera des discussions internationales fondées sur la science afin d’élaborer des feuilles de route pour la sortie progressive des énergies fossiles et la fin de la déforestation.

Mais alors qu’il s’agit du premier sommet climat depuis que la planète a enregistré une année entière au-dessus de 1,5 °C – un rappel brutal de l’urgence à agir – ces avancées demeurent très insuffisantes pour enclencher l’action rapide et transformative nécessaire afin d’éviter des impacts climatiques dévastateurs et protéger les populations et la nature.

Malgré les efforts de la présidence brésilienne et le soutien d’au moins 86 pays, les négociateurs n’ont pas réussi à inscrire la sortie des énergies fossiles dans les textes officiels. De même, bien que plus de 90 pays aient soutenu un plan visant à stopper et inverser la déforestation d’ici 2030, la volonté politique a manqué pour sécuriser cet engagement – et ce malgré la forêt amazonienne en toile de fond du sommet. La Présidence a donc annoncé que le Brésil mènerait ces travaux sous forme d’initiatives présidentielles, avec un rapport attendu pour la COP31.

Un résultat notable de cette COP est la décision d’instaurer un mécanisme de transition juste destiné à renforcer la coopération internationale. Le préambule reconnaît également le rôle des peuples autochtones, des communautés locales, des Afro-descendants, ainsi que l’importance des océans, des forêts et de la science.

Manuel Pulgar-Vidal, responsable mondial Climat et Énergie du WWF et président de la COP20

« À l’issue de la COP30, le constat est clair : de grands titres et de grandes promesses n’ont pas été traduits en actions significatives. La soi-disant “COP de la Vérité” n’a produit ni feuille de route ni solutions réelles face aux défis urgents que nous affrontons.
Au lieu de cela, nous avons été embarqués dans un manège d’illusions – distraits par des promesses colorées, mais laissés avec un document faible et sans substance, fragilisé par les forces opposées à l’ambition climatique.
L’espoir a été offert mais jamais concrétisé. L’absence de plan crédible pour répondre à la crise climatique, et l’incapacité à reconnaître les principaux moteurs de cette crise comme les énergies fossiles, en disent long.
Ces pays manquent de volonté politique pour agir avec audace. Ils laissent tomber les populations qu’ils servent, la science qu’ils connaissent et les Accords de Paris qu’ils ont pris.
Pourtant, la mobilisation de la société civile, des scientifiques et des communautés de première ligne montre que le changement reste possible. Le monde a besoin d’actions concrètes – plus que jamais. Si nous agissons avec détermination et unité, nous pouvons encore inverser la tendance et maintenir l’espoir d’un avenir sûr et résilient pour toutes et tous. »

Fernanda de Carvalho, responsable mondiale des politiques Climat et Énergie du WWF

« La COP30 apporte quelques bonnes nouvelles, notamment via la relance de l’Agenda de l'Action et la mise en place d’innovations visant une participation plus large, comme le Global Ethical Stocktake.
La Présidence était venue à Belém avec trois objectifs : renforcer le multilatéralisme, relier l’adaptation au quotidien des populations et accélérer la mise en œuvre. Nous obtenons un mécanisme de transition juste, ce qui répond au deuxième objectif. C’est important.
Mais aucune avancée significative n’a été obtenue sur l’adaptation, pourtant essentielle pour les pays les plus vulnérables. Le financement, indispensable, n’apparaît pas non plus dans les textes.
Pour affirmer que le multilatéralisme a été renforcé, il aurait fallu adopter les feuilles de route sur la sortie des énergies fossiles et sur l’arrêt et l’inversion de la déforestation. Leur reprise en initiatives présidentielles crée une dynamique, mais nous ne pouvons pas dire que la trajectoire fixée par le Bilan mondial de 2023 est réellement suivie. Une bien sombre manière de marquer les 10 ans de l’Accord de Paris. »

Mauricio Voivodic, directeur exécutif du WWF-Brésil

« La COP30 a produit des avancées importantes en dehors des textes officiels, et cela doit être reconnu. L’action climatique ne se limite pas – et ne devrait pas se limiter – aux négociations formelles.
La Présidence a restructuré l’Agenda de l'Action et mobilisé 117 plans sectoriels pour accélérer des solutions, avec une forte inclusion de groupes sociaux tels que les peuples autochtones et les communautés locales.
Le lancement du mécanisme Tropical Forest Forever – dédié au financement de la lutte contre la déforestation dans les pays tropicaux – constitue l’un des temps forts du sommet.
C’était sans doute la première COP où les énergies fossiles et les forêts étaient véritablement au centre du débat, ce qui est une avancée majeure.
Cependant, le Global Mutirão manque encore d’ambition et de mécanismes efficaces pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles et stopper puis inverser la déforestation. Les feuilles de route annoncées seront cruciales et doivent rester au cœur des discussions dans les mois à venir. »

Salarié WWF avec un local d'une communauté de la rivière Tigre, affluent de l'Amazone, Loreto, Pérou

Soyez informés des dernières actualités

Toute l'actualité des acteurs du WWF dans votre boîte mail.