Dauphins de l'Irrawaddy (Orcaella brevirostris), Thaïlande
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27. avril 2018

Lueur d’espoir pour le dauphin d’Irrawaddy

Le dauphin du Mékong est menacé d’extinction. Pourtant, pour la première fois depuis plusieurs décennies, l’espèce voit ses effectifs remonter légèrement.

Un trésor national

Malgré l'interdiction de ces filets dérivants, les habitudes ont la vie dure et ne font qu’aggraver la situation déjà dramatique des dauphins de l’Irrawaddy, dont la capacité de reproduction est particulièrement faible.

Le dauphin d’Irrawaddy est vénéré par les Cambodgiens qui considèrent qu’il est la réincarnation d’êtres humains. Selon un mythe populaire, une jeune fille poursuivie par les forces du mal se serait réfugiée dans le Mékong. Le fleuve ayant entendu ses prières l’aurait alors métamorphosée en une créature de la rivière pour la protéger.

C’est ainsi, racontent les habitants de la région, que sont nés ces drôles de mammifères à l’air rieur. Pourtant, aujourd’hui, celui qu’on appelle « le sourire du Mékong » est confronté à de nombreuses menaces : destruction de son habitat, pollution, consanguinité, maladie, électro- pêche.

Mais son pire ennemi demeure le filet maillant qui pend, tel un rideau de mort, au beau milieu de ses zones de nourrissage, dans lequel il s’emmêle, puis se noie, en quelques minutes à peine… Une femelle ne conçoit qu’un petit tous les trois ans en moyenne, tandis que la mortalité des bébés est inexplicablement élevée.

A ce jour, toutes les populations riveraines sont inscrites sur la liste rouge de l'UICN, considérées en danger critique, c'est-à-dire dont la population est inférieure à 100 spécimens.

Promouvoir des activités responsables

Fiers de « leur » dauphin Irrawaddy, les plus jeunes deviennent ainsi de fervents défenseurs du mammifère, bouclier de pression sociale face aux pratiques de pêche illégale.

Le WWF cherche à éradiquer les méthodes de pêche illégales, notamment en proposant aux populations des sources alternatives de revenus. Nous travaillons avec le gouvernement et des ONG locales pour développer des activités responsables alternatives, telles que l'aquaculture, l'élevage ou l'écotourisme, avec des projets opérationnels dans 37 villages.

Grâce à l'élevage de volailles et de porcs, ou à la culture maraîchère, de nombreuses familles ont pu améliorer leurs conditions de vie ces dernières années. Dans la région, le tourisme lié aux dauphins attire environ 30 000 visiteurs par an, contre seulement 50 en 2000. Et balades en bateau et souvenirs génèrent des revenus non négligeables, constituant une forte incitation pour les communautés à protéger les dauphins.

En parallèle, le WWF conduit des projets de recherche sur la population de dauphins et les causes de leur mortalité ainsi que sur l'environnement qui les entoure. Il mène également des actions de sensibilisation, notamment auprès des enfants dans les écoles pour expliquer l’importance de protéger la biodiversité unique du Mékong.

Enfin, nous contribuons au financement et à la formation de patrouilles de surveillance pour repérer les filets maillants illicites et les retirer des eaux du Mékong.

Des effectifs en hausse

Une augmentation de 10%

La population du dauphin d'Irrawaddy est passée de 80 à 92 au cours des deux dernières années !

Après des décennies de déclin, le tout dernier recensement effectué par le gouvernement du Cambodge et le WWF montre une amélioration : la population du dauphin d'Irrawaddy est passée de 80 à 92 au cours des deux dernières années, soit une augmentation de 10% environ.

Pour obtenir ces relevés, les équipes ont prospecté sur 190 km, au cœur du chenal principal du Mékong, photographiant les dauphins et comparant les marques distinctives sur leur dos et leurs nageoires dorsales avec les clichés d’animaux déjà répertoriés au sein d’une base de données. Autre embellie constatée, le taux de survie des dauphins adultes semble croître, tandis que le nombre de juvéniles augmente.

De fait, on observe une baisse du nombre global de décès. Ainsi, 2 dauphins sont morts en 2017 contre 9 en 2015, tandis que 9 naissances ont porté à 32 le nombre de dauphins nés au cours des trois dernières années. Sur leurs bateaux d’excursions, les navigateurs sont sans doute l’un des ingrédients de ce succès car, travaillant en partenariat avec les forces de l’ordre, ils participent au signalement des braconniers et aident à retirer les filets maillants illégaux.

Au cours des deux dernières années, 358 km de filets dérivants ont été confisqués par les patrouilles fluviales. Les dauphins sont des indicateurs précieux de l’état de santé du fleuve Mékong. L’augmentation de leur population, même si elle demeure relative, constitue donc un signe encourageant pour la rivière et les millions de personnes qui en dépendent pour subvenir à leurs besoins.

Industrialisation du delta du Mékong (Vietnam)

Ensemble, agissons

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