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03. juin 2022

Justice pour la rivière Drava

La cour suspend l’extraction de sable dans le fleuve Drava, principal affluent du Danube ! Le WWF Adria et les associations locales qui avaient déposé un recours pour obtenir l’arrêt des travaux de terrassement, saluent la décision du tribunal.

Un désastre écologique encore méconnu

Le sable est la 2ème ressource la plus exploitée au monde, après l’eau.

Le sable est omniprésent dans notre vie. Il est l’un des constituants du béton, du ciment, des mortiers qui servent dans le bâtiment, mais aussi dans la production du verre, jusqu’aux puces électroniques présentes dans nos téléphones, nos ordinateurs et autres objets connectés. On en trouve même dans le vin et le dentifrice ! Au total, l’humanité extrait 400 milliards de tonnes de sable par an dans le monde.

Problème, cette ressource est non-renouvelable et nécessite, comme le pétrole, des millions d’années pour être produite par l’environnement. 

Aujourd’hui, l’appétit avec lequel il est consommé par l’industrie du bâtiment met  les écosystèmes en danger aux quatre coins du monde. Pour récupérer du sable, les compagnies d’extraction grignotent notamment sur les plages. On estime que 75 à 90% de ces dernières sont menacées de disparition dans les décennies à venir. Mais surtout, les compagnies le draguent dans les rivières ou au large des côtes, dévastant les biotopes des fleuves et les fonds marins. Une fois retiré, le sable ne peut plus remplir sa fonction de rempart naturel entre les flots et le littoral.

L’érosion des côtes menace alors directement la population riveraine, tandis que l’eau de mer s’infiltre dans les nappes phréatiques et rend les terres arables impropres à l'agriculture. Enfin, l’extraction du sable détruit l’habitat naturel de nombreuses espèces aquatiques, compromettant ainsi l’équilibre de la chaîne alimentaire. 
 

Sable de la rivière Drava
Berge de la rivière Drava
Traces de pattes dans le sable de la rivière Drava

L’eau douce, priorité absolue

ont déjà signé notre pétition #ProtectWater. Et vous ?

Le WWF combat les projets d’aménagement qui nuisent aux écosystèmes d’eau douce. Nos équipes se mobilisent pour la revitalisation et la sauvegarde des derniers cours d’eau naturels. En 2018, nous lançons #ProtectWater pour demander à la Commission Européenne de maintenir une législation forte sur l’eau. 375 386 personnes répondent à l’appel en participant massivement à la consultation publique de l’Union européenne !

Quelques mois plus tard, lorsque le gouvernement slovène annonce la construction de huit barrages hydroélectriques sur la rivière Mur, le WWF et ses partenaires contre-attaquent via la campagne « Save the Mura ». Après que 77 310 personnes aient signé notre pétition appelant les pouvoirs publics à renoncer à ces projets dévastateurs, la Slovénie interdit la construction de barrage sur la rivière Mur. 

En 2021, l’UNESCO classe officiellement la zone transfrontalière Mur-Drave-Danube en réserve de biosphère. Grâce à ce projet transfrontalier, 800 000 hectares de zones humides sont protégés aux abords du Danube et de ses affluents. 

Le WWF et ses partenaires, qui s’efforcent de mettre cette zone à l’abri depuis plus de 20 ans, se réjouissent de cette décision, tant l’identité de la région et la qualité de vie de ses 900 000 habitants dépendent des lignes de vie que constituent les fleuves Mur, Drave et Danube.

La rivière Drava

La cour suspend les travaux de terrassement

De nombreux habitants de la région dépendent de la nature et de sa biodiversité.

L’année dernière, le WWF-Adria et d'autres organisations ont intenté une action en justice contre une décision du gouvernement croate d'autoriser l'extraction de 460 000 m3 de sédiments de la rivière Drava. Plus de 12 mois plus tard, et après une première décision de justice contre nous, le Tribunal administratif supérieur a finalement décidé d'arrêter les travaux de terrassement. Les sédiments ont été extraits de la Drava pendant un an et demi, il reste donc à évaluer la nature des dégâts qui ont été causés. Cependant, la décision crée un précédent important et met en évidence les menaces posées par l'extraction non durable de sable et de gravier.

La Drava prend ses sources en Italie, elle entre ensuite en Autriche dont elle arrose le sud, passe la frontière en Slovénie, puis, traverse le nord-est de la Croatie, en longeant la Hongrie. Elle verse alors ses eaux dans le Danube, dont on dit qu’elle est le quatrième affluent par sa longueur : elle s’étend sur 749 km.

Aux abords du fleuve, les bancs de sable et de gravier tant convoités, abritent une forte densité d’aigles de mer (pygargues à queue blanche), mais aussi des loutres, des castors et des esturgeons qui sont en danger critique d’extinction. Il s’agit également d’une halte importante pour beaucoup d’oiseaux migrateurs chaque année.

Enfin, la région est peuplée de nombreux habitants qui dépendent fortement de la nature et de sa biodiversité pour subvenir à leurs besoins et dont la qualité de vie est étroitement liée à l’état de santé des écosystèmes environnants.

Les plaines inondables protègent en effet les agglomérations des inondations et approvisionnent les populations riveraines en eau potable, tandis que la beauté des paysages, elle, renforce le potentiel de développement d’un tourisme durable. 

Mettre la rivière Drava à l’abri de l’extraction de sable, c'est donc préserver un écosystème capital pour la nature mais aussi pour les Hommes.

Tous les “Effet Panda”

Marais d'eau douce sur une île dans le parc national des Sundarbans (Bangladesh)

Ensemble, agissons

Pour mieux répondre à l'urgence écologique, le WWF France oeuvre à la protection des zones d'eau douce.
Votre don est notre force.