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10. octobre 2019

La taïga triomphe en Russie

Une nouvelle réserve naturelle voit le jour dans la région d’Arkhangelsk. Pour le WWF Russie, qui fête son 25ème anniversaire cette année, il n’y a pas de plus beau cadeau !

Un biome unique

Dans la région d’Arkhangelsk, l'une des dernières forêts primaires subsiste.

De la Norvège à la Sibérie orientale s’étend la taïga, immense forêt de conifères ensevelie sous un épais manteau de neige la majeure partie de l’année. Monde de silence l’hiver, elle s’éveille à la belle saison, sous le chant des grues cendrées et des cygnes sauvages. En période de frai, les rivières regorgent de vie. Dans cet éden, cohabitent l’ours brun, le loup, le lynx, le carcajou, le wapiti, le sanglier ou encore le renne. Depuis des siècles, les communautés locales y vivent en harmonie avec la nature, jouissant de la chasse, de la pêche, de la cueillette de champignons, de baies sauvages ou encore de plantes médicinales. Là, entre les rivières Dvina Nord et Pinega, au cœur de la région d’Arkhangelsk, l’une des dernières forêts primaires subsiste. Jusqu’ici, l’homme l’a épargnée. Mais pour combien de temps encore ? La plupart des forêts qui la jouxtent ont été pillées. Les exploitants ont coupé les arbres jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus, épuisant les ressources forestières des sites, les uns après les autres. A ce rythme-là, la taïga pourrait bien disparaître d’ici moins de 20 ans.

Une exploitation forestière aux abords de la forêt Taïga en Russie.
Empreintes de pattes d'ours dans la terre, Réserve Dvinsky, Russie.

Menacée par les exploitations forestières, la forêt taïga abrite de nombreuses espèces, comme l'ours brun (Ursus arctos).

Genèse du projet

En 2013, le projet d'établissement de la réserve Dvinsky est adopté par la Russie, mais il n'aboutira qu'en 2019.

Au début des années 2000, les scientifiques démontrent pour la première fois la valeur écologique du territoire. La taïga sauvage est essentielle au maintien de l’équilibre écologique de la région. Elle régule le climat, absorbe les gaz à effet de serre, dégage de l’oxygène, protège les cours d’eau et sert de refuge à de nombreuses espèces, elles-mêmes indispensables à leur milieu. De 2003 à 2009, le WWF-Russie organise plusieurs expéditions scientifiques sur le bassin versant de la Dvina-Pinega. Experts des écosystèmes forestiers et écologistes procèdent à une étude approfondie de la région qui débouche sur une série de recommandations pour la conservation de la zone. En 2008, un projet de réserve naturelle est officiellement inclus dans le plan forestier de la région d'Arkhangelsk puis, en 2011, dans le schéma régional de planification territoriale. En 2013, le projet d'établissement de la réserve est adopté par l’Etat car il converge avec son expertise écologique. En revanche, difficile de trouver un compromis sur le périmètre de la réserve, les points de vue des organisations environnementales et des entreprises forestières divergent. Il faudra attendre encore 6 ans pour que les négociations aboutissent.

Vue d'une rivière et de la forêt taïga, Réserve Dvinsky, Russie
La Réserve Dvinsky de la région d'Arkhangelsk, Russie.
Une rivière dans la Réserve Dvinsky, Russie.

300 000 hectares à l’abri

Il faudra 17 ans de plaidoyer du WWF Russie et d'autres ONG environnementales.

Le 1er octobre 2019, la résolution relative à la création de la réserve est enfin adoptée par le gouvernement de la région d'Arkhangelsk. Ce sont 300 000 hectares de forêts intactes qui sont mis à l’abri. Une décision qui intervient après un plaidoyer de plus de 17 ans, mené par le WWF-Russie et d'autres ONG environnementales. C’est au final la démarche de certification forestière FSC qui a permis de parvenir à un consensus sur les frontières de la réserve. En effet, l’industrie a pris conscience que la pérennité de son activité était tributaire d’une gestion responsable des ressources forestières. Les clients internationaux, notamment en Europe, exigent de plus en plus que le bois qu'ils achètent soit certifié FSC (Forest Stewardship Council) - et la protection des paysages forestiers intacts, tels que Dvinsky, est l'une des conditions de la certification. Si l'exploitation forestière commerciale est interdite dans la réserve de Dvinsky, les activités pratiquées à petite échelle par les populations locales, telles que la cueillette, la chasse, ou la pêche, elles, seront toujours autorisées, tant qu’elles ne nuisent pas à l’écosystème. Au-delà de la protection de cette zone très spécifique, il est important de repenser l’exploitation forestière dans sa globalité. Le secteur doit notamment garantir une restauration efficace des forêts dans les zones déjà exploitées, ce qui permettrait de protéger à long terme les forêts encore intactes de l’exploitation.

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trolles d'Asie (Trollius asiaticus) en bleu, et Columbine d'Asie en jaune (Kazakhstan)

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