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22. janvier 2021

Le castor de retour en Camargue

Il n'y avait plus été vu depuis 40 ans. Pourtant, un castor a bien été repéré cet automne à plusieurs endroits sur le site des Grandes Cabanes au cœur du Parc Naturel régional de Camargue. 

Un joyau sur le fil

La Camargue s'étend sur 100 000 hectares.

Haut lieu de la culture provençale, la Camargue constitue un patrimoine naturel unique. 

C’est enserrée entre les deux bras du Rhône et de la mer Méditerranée que l’on trouve cette terre à la faune et à la flore exceptionnelles, où cohabitent dans un équilibre fragile les hommes, les chevaux, les taureaux et les oiseaux.
Première zone humide de France par sa taille, la Camargue est aussi le second plus grand delta de Méditerranée après celui du Nil. Elle s’étend sur plus de 100 000 hectares.

En dehors des flamants roses, particulièrement emblématiques, on y trouve des canards, des cistudes, des aigrettes, des mouettes, des hérons ou encore des avocettes. La flore n’est pas en reste avec le lys des sables ou le genévrier de Phénicie.

Hélas… de nombreuses espèces ont déserté sous la pression des activités humaines qui  menacent le maintien du bon état écologique de la région. Les nombreux barrages sur le Rhône, responsables de la disparition des apports sédimentaires, ont détérioré la morphologie et l’hydrologie des cours d’eau, participant au retrait du trait de côte (limite géographique entre le domaine marin et le domaine continental). Les eaux du Rhône charrient un inquiétant cocktail où se mêlent PCB, métaux lourds, solvants, composés retardateurs de flammes, pesticides ou encore nitrates.

Plusieurs conséquences du dérèglement climatique menacent la région étant donné sa topographie, parmi lesquelles la hausse du niveau des mers, qui pourrait causer la submersion de la moitié basse du delta. Enfin, le recul de certains groupes (amphibiens, poissons, reptiles, mammifères, etc.) s’explique en partie par le développement de diverses espèces invasives, telles que les silures, les ragondins, les séneçons en arbre ou les jussies,  qui concurrencent l’accès à la nourriture et aux habitats. 
 

Marais du Parc naturel régional de Camargue

La Camargue est une région riche en termes de biodiversité.

Une région prioritaire pour le WWF

2,3 milliards de litres d'eau douce sont reversés chaque année depuis 2014 grâce à l'action du WWF France et des organismes locaux.

Peu de personnes auront autant compté que Luc Hoffmann, cofondateur de notre organisation, dans le combat pour la préservation de la Camargue. Instigateur de la Convention internationale de Ramsar pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides, il est à l’origine de grandes avancées pour la protection des espaces et des espèces des zones humides d’importance nationales et internationales.

Initié par son père fondateur, l’engagement du WWF pour préserver ce site d’exception est donc ancien. Depuis les années 1970, nous soutenons les organismes locaux impliqués dans la préservation de la biodiversité.

Les premières actions menées ont porté sur la restauration d’un canal pour faciliter l’accès de l’eau douce à l’Étang du Fangassier. Cette opération visait à conserver un niveau d’eau suffisant autour de l’îlot où les flamants roses font leur nid, pour leur assurer une meilleure protection contre les prédateurs.
Par ailleurs, en permettant de mieux contenir certaines crues, ces travaux ont également contribué à améliorer la résilience de l’écosystème camarguais.

D’autres projets en cours visent à rétablir un fonctionnement hydraulique naturel pour conforter la présence de l’espèce en restaurant son habitat naturel. Depuis 2014, le WWF France, le Conservatoire du littoral, le Parc naturel régional de Camargue, la Tour du Valat et la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN) travaillent ensemble à la restauration hydraulique des étangs et marais des salins de Camargue. Et déjà, nous récoltons les fruits de notre engagement. Plus de 2,3 milliards de litres d’eau douce sont reversés à la nature chaque année tandis que  300 hectares ont été recolonisés par les cortèges végétaux constituant les paysages des sansouires.

Castor (Castor fiber) en Allemagne

Le Castor Eurasien (Castor fiber) en Allemagne.

À la reconquête de son milieu

Les castors (Castor fiber), espèces-ingénieurs, sont des ambassadeurs de la biodiversité.  

Les ennemis naturels des castors se sont éteints il y a longtemps. Les croyances moyenâgeuses selon lesquelles certaines parties de leur corps auraient des vertus médicinales n’ont plus cours aujourd’hui.
Leur nombre a donc tendance à augmenter, mais leur survie n’est pas assurée, tant leurs habitats sont fragmentés par les routes. Lorsqu'un jeune castor atteint l'âge adulte, il quitte le gîte familial en quête d'un partenaire et d'un territoire où s'installer. Malheureusement, ces castors en vadrouille sont souvent écrasés par des voitures. 

Largement répandu sur les deux bras du Rhône, le castor d’Eurasie avait donc disparu à l’intérieur du delta de Camargue depuis plusieurs décennies. Mais cet automne, des traces du rongeur ont été observées à plusieurs endroits sur le site des Grandes Cabanes, localisé dans la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer. Les experts ont émis l’hypothèse que le castor était de retour dans la région et quelques jours après, les clichés capturés par une caméra-piège sont venus confirmer leur pressentiment.

Espèce semi-aquatique, le rongeur est arrivé par dispersion naturelle du Petit Rhône via le canal d’irrigation du site. Il a trouvé ici des conditions favorables à son installation : un canal d’eau douce à faible courant et faible pente, des berges boisées en bon état avec des salicacées, ces arbustes à feuillage caducs dont il raffole, et une grande quiétude. 

Les castors sont des ambassadeurs de la biodiversité. Leur arrivée favorise la diversité des espèces et leurs activités aménagent de nouveaux habitats pour d’autres animaux. En effet, plus grand rongeur autochtone d’Europe, le castor est une espèce-ingénieur, le seul mammifère, à l’exception de l'Homme, qui aménage à ce point son lieu de vie. Son influence sur le milieu qu’il occupe est considérable car il abat des arbres, construit des digues, creuse et remodèle inlassablement son habitat.

Cette installation, à suivre de près, est donc une nouvelle prometteuse... 

Tous les Effet Panda

Vue aérienne de la canopée de la Réserve de Wonga Wongué (Gabon)

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