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22. février 2019

Le monarque reprend ses droits

Les experts sont formels. En chute libre depuis plusieurs décennies, cet hiver, les effectifs du papillon ont grimpé de 144% par rapport à l’année passée !

La fin d'un règne ?

Chaque année, les monarques migrent du Canada et des États-Unis jusqu’aux forêts centrales du Mexique et, en passant, pollinisent des milliers d’espèces de plantes dont les cactus du désert de Chihuahua.

Nuée jaune orangée, ils jaillissent par milliers, flot ininterrompu de monarques, en route vers le Mexique. Tout commence au Canada pour ce superbe papillon reconnaissable à sa couleur orange, veinée et bordée de noir. Lui, dont l’envergure dépasse à peine les 10 cm, s’apprête à réaliser une prodigieuse migration de plus de 4 000 km... Il entame son périple vers le Sud, à la fin de l’été, lorsque les températures baissent et que les jours raccourcissent. Il a alors trois mois pour rejoindre le Mexique, qui compte près de 10 grands sites d’hivernation du monarque. Un événement magique pour les chanceux qui y assistent. Malheureusement, cette grande traversée devient de plus en plus périlleuse pour l’espèce. En cause, le changement climatique et la perte d’habitat qui déciment les monarques. Mais aussi et surtout les pesticides qui mettent à mal l’asclépiade, une plante indispensable à leur survie. D’abord parce que le papillon s’en nourrit exclusivement, ensuite parce que la femelle en a besoin pour y déposer ses œufs immédiatement après avoir été fécondée.

Très concrètement à la fin des années 1990, environ 1 milliards d’individus migraient vers le Mexique. En 2014, seuls 35 millions auraient entrepris le voyage. Devant ces chiffres alarmants, le papillon a été ajouté à la liste des espèces en voie de disparition.

Réduire drastiquement l’usage des pesticides

C'est le nombre de kilogrammes de pesticides utilisés en France en moyenne par hectare et par an.

Triste record, la France est, à l’heure actuelle, le plus gros utilisateur de pesticides en Europe avec 5,4 kg en moyenne par hectare et par an. Cet usage intensif induit des perturbations, à des degrés divers, sur tous les êtres vivants exposés à ces substances et déstabilise des écosystèmes entiers. Plaidant en faveur d’une agriculture biologique, en permaculture ou à bas niveau d’intrants, le WWF souhaite refonder un nouveau pacte agricole et alimentaire. Après une première étude parue en 2011 sur l’incidence des perturbateurs endocriniens sur la biodiversité, le WWF publie en 2012 un rapport accablant intitulé « la biodiversité, victime silencieuse des pesticides », mettant en avant l’absence de volonté politique face au danger encouru par les écosystèmes et l’homme. La même année, le WWF soutenait la création et les actions de l’association « Phyto-victimes », dédiée à la défense des agriculteurs victimes des pesticides.

Plus récemment, aux côtés de l’ONG Birdlife et du Bureau européen de l’environnement, nous avons lancé la campagne Living Land pour appeler les citoyens à répondre à la grande consultation publique européenne sur la PAC, politique agricole commune, qui prenait fin le 2 mai 2017. Au total, 250 000 personnes ont participé, exhortant la Commission européenne à mettre en œuvre une politique agricole européenne juste, écologiquement durable, saine et responsable.

Papillons monarques (Danaus plexippus)) qui ont rejoint leur site d'hivernation dans la réserve El Rosario au Mexique.

Les papillons monarques (danaus plexippus) ont rejoint leur site d'hivernation dans la réserve El Rosario au Mexique.

Des essaims plus denses

C'est l'augmentation en pourcentage des effectifs de papillons monarques hibernant dans les forêts mexicaine en 2018.

Lorsqu’ils migrent, chaque année, vers les forêts mexicaines de conifères, les monarques sont si nombreux que les experts estiment leur population à partir de la superficie qu’ils occupent. Entre décembre 2017 et décembre 2018, une étude comparative a été menée par les équipes de la Commission Nationale des Aires Naturelles Protégées et de la Fondation WWF-TELMEX-TELCEL. Selon eux, les effectifs des papillons hibernant dans les forêts mexicaines auraient grimpé de 144% par rapport à l’année précédente. Alors qu’ils n’occupaient que 2,48 hectares de forêt, ils accaparent désormais plus de 6 hectares. Une colonie a même été aperçue pour la première fois à Ejido Ojo de Agua, au sein du parc national Nevado de Toluca. Les scientifiques prétendent qu’il s’agit de la plus vaste surface depuis 2006-2007. Une embellie aux multiples facteurs.

Au printemps 2018, une grande population de monarques a pondu ses œufs au Texas, lors de sa migration vers le Nord. Les larves y auraient profité de conditions environnementales favorables pour grandir. Elles auraient migré à nouveau au Mexique pour les mois d’hiver. À son tour, cette génération a connu des conditions climatiques favorables qui lui ont permis de repeupler tous les sites de reproduction de l’espèce en Amérique du Nord. En parallèle, les efforts consentis par les gouvernements américain et mexicain pour mieux protéger les espaces naturels où les papillons se reproduisent et encourager les semences d’asclépiades ont commencé à porter leurs fruits. Mais la vigilance est de mise. Pour l’heure, le monarque est toujours classé dans la catégorie des espèces en danger. De plus, il demeure particulièrement sensible aux aléas climatiques, surtout pendant la saison migratoire. Or, les événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, sont de plus en plus fréquents…

 

Tous les Effet Panda

Vue aérienne de la canopée de la Réserve de Wonga Wongué (Gabon)

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