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07. février 2020

Les anges-gardiens des steppes de Mongolie

En Mongolie, les chiens Bankhar volent à la rescousse d’un écosystème menacé par l’activité des bergers et le réchauffement climatique.

Steppes en péril

En représailles aux attaques sur leur bétail, les éleveurs n’hésitent pas à tirer sur les prédateurs, appelés les « grands carnivores ».

Loin de la ville, la Mongolie est sauvage, authentique. Il existe peu de pays aussi vierges de constructions, de routes, de clôtures et de champs cultivés. Pourtant, ici comme ailleurs, le changement climatique fait son oeuvre. La température du sol y a augmenté de 2,1 degrés depuis 40 ans, tandis que la moyenne mondiale tourne autour de 1,6 degrés. Les steppes sont particulièrement touchées. En 2017, 65% des parcelles étudiées n’étaient plus en condition parfaite, dont 10% dans un état de dommage irréversible. Hivers imprévisibles, sécheresses intenses, en 2010, les bergers ont perdu 22% de leurs troupeaux. Une vraie menace pour ces fermiers économiquement vulnérables, à laquelle vient s’ajouter celle de la prédation. En effet, face à la dégradation de leur habitat commun, ceux que l’on nomme « grands carnivores » vivent de plus en plus près des hommes et cela donne lieu à de nombreux conflits. En représailles aux attaques sur leur bétail, les éleveurs n’hésitent pas à tirer sur les loups gris ou les léopards des neiges. Ils élargissent également leurs troupeaux, pour palier les pertes éventuelles liées aux grands prédateurs, ce qui accentue la désertification des steppes. C’est un véritable cercle vicieux qui s’est mis en place…

Deux chiens Bunkhar tenus par leur maître (Mongolie)

Grâce aux chiens Bankhar, la prédation a très largement diminué en Mongolie.

Apaiser les tensions

Le WWF développe des programmes et mène des campagnes de sensibilisation pour parvenir à une cohabitation apaisée entre les humains et les animaux sauvages. 

La démographie humaine mondiale augmente. Pour satisfaire des besoins croissants en nourriture et en espace, l’humanité empiète chaque jour un peu plus sur les milieux naturels. Des hommes et des animaux vivant autrefois séparés sont désormais contraints de partager territoire et ressources dans un contexte de rivalité souvent intense. Partout dans le monde où l’Homme et les grands carnivores sont en conflit, le WWF développe des programmes et mène des campagnes de sensibilisation pour parvenir à une cohabitation apaisée. Le WWF intervient également dans les instances nationales institutionnelles, pour porter le message de la cohabitation et relancer la recherche de solutions pour atténuer le conflit Homme-animal. Nous y défendons une approche transnationale, via le réseau européen du WWF, dans la mesure où les animaux ignorent les frontières et doivent être pris en compte de façon cohérente et globale à l’échelle du continent.

Deux chiens Bunkhar portés par leur maître (Mongolie)
Panthère des neiges et sa longue queue
Vue générale de deux montagnes enneigées au Kyrgyzstan

En Mongolie, les bergers peuvent désormais cohabiter avec les léopards des neiges et autres prédateurs.

Un héros, ressurgi du passé

Entre 85% et 100% : c'est le taux de réduction des pertes du bétail, constaté par les familles mongoles ayant adopté le chien Bankhar. 

Le chien Bankhar est natif de la Mongolie. Résistant aux températures extrêmes, l’animal est étroitement lié à la vie des nomades qui l’utilisent depuis des milliers d’années pour encadrer leurs troupeaux de yacks, chevaux, chèvres et moutons et les protéger des prédateurs. Puis, vient l’occupation soviétique, durant laquelle l’on force de nombreux bergers à se sédentariser. Leurs chiens, qui ne supportent pas le manque d’espace, deviennent agressifs et sont donc massivement abattus par les soldats russes. Le traditionnel chien de berger sort peu à peu des usages, y compris lorsque les mongols redeviennent nomades…

Mais aujourd’hui, après plus de 30 ans, le Bankhar revient en force ! Et c’est à Bruce Elfström, un biologiste venu en Mongolie pour un tournage, qu’on le doit. Cet amoureux de la vie sauvage, très affecté par l’attaque d’un loup dont il a été le témoin sur le troupeau de ses hôtes, fonde le Mongolian Bankhar Dog Project. Son but est de restaurer la présence du chien de berger aux côtés des éleveurs mongols dans le respect de la tradition nomade puis de réhabiliter, en somme, les réflexes ancestraux qui permettent de cohabiter sereinement avec les grands carnivores. Dans les steppes de Mongolie, les bénéfices se font déjà sentir. Les familles ayant accueilli ces auxiliaires à quatre pattes évoquent une réduction des pertes de 85 à 100 % au sein de leurs cheptels. Mais elles parlent aussi, depuis le retour du Bankhar, de leur souhait de renouer avec des pratiques spirituelles et sociales parfois oubliées.

Tous les Effet Panda

Panthère des neiges captive (Pakistan)

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