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18. novembre 2022

L’horizon s’éclaircit pour le thon du Pacifique

La réserve de Papahānaumokuākea, dans les eaux d'Hawaï, compte parmi les plus vastes aires marines protégées du monde, et la pêche y est strictement interdite. Peu à peu, les stocks de plusieurs espèces de thons se reconstituent autour de la zone…

Espèce surexploitée

C'est le nombre de kilos de thon pêchés chaque seconde dans le monde.

Le thon est un poisson gras qui peut atteindre 4 mètres de long et peser jusqu'à 800 kg. On le trouve dans la Méditerranée, la mer Noire, le Pacifique, l'Atlantique, l'océan Indien et la mer Baltique. Apprécié depuis l'Antiquité où Grecs et Romains aimaient déjà le déguster frais, salé ou fumé, il est aujourd'hui l'objet d'une pêche intensive. Ce sont près de 143 kilos de thon qui sont pêchés chaque seconde dans le monde, soit 4,5 millions de tonnes par an pour les 5 espèces de thon. Le thon en boîte est d’ailleurs le produit de la mer le plus consommé au monde. Fragile en mer Méditerranée et dans l’océan Atlantique, le thon rouge est en voie de disparition dans le Pacifique, où il souffre de l’énorme appétit japonais pour les sushis et les sashimis. En cause, des quotas de pêches non respectés, des poissons capturés trop jeunes et des prises sans autorisation préalable. Selon l'Agence du forum de pêches (FFA), 276 000 à 338 000 tonnes de thon y seraient prélevés illégalement chaque année. Une véritable menace pour la survie de l’espèce, que vient accentuer le changement climatique. Sous l’effet du réchauffement, les schémas de migration des thons ont d’ores et déjà été modifiés, risquant d'altérer sa reproduction.

Thon rouge de Méditerranée  (Thunnus thynnus). Murcia, Espagne

Promouvoir les aires marines protégées

Depuis de longues années, le WWF soutient la création de ces parcelles de mer et de littoral, protégées en raison de leur importance écologique. En effet, ces aires naturelles préservent l’étonnante vie marine, garantissent la subsistance de la pêche, stimulent l’économie locale, en favorisant le tourisme notamment. Des études scientifiques ont démontré que les réserves marines permettent de quadrupler la faune et la flore sous-marines. Les réserves servent aussi de zone de reproduction pour des espèces menacées comme les baleines ou les tortues de mer et contribuent au renouvellement plus rapide des stocks de poissons. Enfin, les sanctuaires marins servent à nous protéger des effets du changement climatique car ils augmentent la résilience des écosystèmes marins face à l'acidification des océans.
Outre la création de nouvelles Aires Marines Protégées (AMP), le WWF s’implique dans l’efficacité de leur gestion.

Thons dans le Pacifique
Pêche d'un thon dans le Pacifique
Thon dans le Pacifique

Des bénéfices pour tous

C'est l'augmentation du taux de capture du thon albacore sur la période 2016-2019.

Lorsque le président Barack Obama a quadruplé la superficie du Monument national marin de Papahānaumokuākea en 2016, les pêcheurs n’ont pas acclamé la nouvelle, la pêche devenant interdite dans cette zone protégée.

Pourtant, une nouvelle étude, publiée ces derniers jours, suggère que le nombre de poissons capturés tout près de la zone protégée est plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était il y a quelques années. Sur la base de données recueillies entre début 2010 et fin 2019, cette analyse inédite révèle que, contrairement aux craintes des acteurs de la pêche commerciale à la palangre dans la région Pacifique, les revenus générés par l'industrie du thon ont en fait augmenté après l'extension de la grande aire marine américaine.

Les taux de capture du thon albacore ont ainsi grimpé de 54% sur la période 2016-2019 (comparé à la période 2010-2013, avant l'élargissement de la réserve), et ceux du thon obèse de 12%. Pour l'ensemble des espèces de poissons étudiées, les taux de capture ont bondi de 8% et les hausses les plus spectaculaires ont été observées à des distances comprises entre 185 et 370 km de la limite du sanctuaire.

Selon les scientifiques, la reconstitution des stocks de poissons migrateurs est liée à l’extension de l’aire marine protégée à l’intérieur de laquelle les populations augmentent de façon continue, débordant dans les zones environnantes et augmentant ainsi la quantité de thon disponible pour la pêche.

Rappelons que cette réserve n’a pas été créée dans le but de protéger le thon. Initialement, l’intention était de préserver la biodiversité, notamment plusieurs espèces de baleines et de tortues marines, et une zone d'importance culturelle.

Le fait que les stocks de thon se reconstituent peu à peu dans la région constitue donc un bénéfice accidentel, bien que providentiel pour les pêcheurs. Un argument de plus en faveur des AMP et de l’objectif "30x30" - consistant à protéger 30 % des océans sur la planète d'ici 2030 - qui fera l'objet de négociations lors de la COP15 Biodiversité au Canada en décembre 2022…

 

Tous les "Effet Panda"

Thon rouge de l'Atlantique (Thunnus thynnus) au large de Malte

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