Papier et pâte à papier

Le papier est un produit omniprésent autour de nous, simple et de tous les jours. Issu de sources renouvelables, il peut être un matériau écologique par excellence… si et seulement si les impacts de sa fabrication sont bien gérés, de la forêt à la feuille. Un défi de taille pour un marché mondialisé.

Comprendre une filière pour mesurer ses impacts

En 2016, en France, plus de 8,8 millions de tonnes par an de papiers et cartons (Copacel 2016) ont été consommées, sous forme de papiers de bureau, de livres et documents publicitaires, ou encore de papiers hygiéniques et d’emballages.

Pour bien comprendre les impacts du papier sur les forêts, il faut remonter la filière de fabrication des produits. Un produit papier c’est un fabricant, une source de papier (donc un papetier), une source de pâte à papier (donc un autre ou le même papetier) et du bois exploité donc une forêt. Du fait de la mondialisation du marché papier, chacune de ces étapes peut mélanger plusieurs sources.

Dans le cas des produits papiers, le papier qui les composent est généralement issu de la région où le produit est fabriqué, étant donné que le papier brut est lourd et fragile à transporter. Les papiers graphiques (ramettes) utilisés en France par exemple sont le plus souvent fabriqués en Europe. Tandis que les livres produits en Asie seront plus souvent faits à partir de papier fabriqué en Asie.

La pâte à papier qui entre dans la fabrication de ces papiers est une ressource mondialisée, au même titre que le blé, le maïs ou le soja. Elle se transporte partout dans le monde et les producteurs de papier en importent de partout. Un produit “Fabriqué en France” ne garantit donc pas forcément que la pâte à papier soit française.

Copeaux de bois

L’exploitation du bois qui a servi à produire la pâte à papier se fait proche de l’usine, le bois étant lourd.

Les enjeux de la filière

Le retard du recyclage en France

Seulement 55% des papiers sont recyclés en 2015 en France d’après Ecofolio, moins que nos voisins européens.

Dans les pays comme l’Indonésie et le Brésil, il y a des risques que les bois proviennent de la déforestation, ou encore de monocultures qui se substituent aux forêts naturelles ou d’autres milieux à haute valeur de conservation, comme les tourbières. Alors que la déforestation touche surtout les pays tropicaux, la dégradation des forêts, liée à l’exploitation du bois non responsable, affecte les forêts tropicales et boréales, de même que des zones de forêts anciennes ou intacts. Les forêts tempérées, y compris européennes (par exemple en Russie, Roumanie ou Ukraine) ou américaines (le Sud-Est des États-Unis) ne sont pas épargnées.

La diversité des produits, des producteurs et des pays d’origine introduisent différents risques dans la filière. Les produits et les pâtes à papier issus de certains pays représentent un risque pour la forêt lorsqu’ils ne sont pas certifiés. Certains produits, comme les livres, présentent aussi un risque de contenir des fibres issu de bois exploité illégalement, du fait qu’ils ne sont pas encore soumis au Règlement Bois de l’Union européenne. D’autre part, les normes environnementales de qualité pour les usines de pâte à papier et les imprimeries, très développées en Europe, ne le sont pas toujours autant ailleurs dans le monde.

Alors que la filière papetière contribue encore dans certaines régions à la déforestation et la dégradation des forêts, la situation européenne est aussi un bel exemple d’une économie circulaire possible. De grandes perspectives apparaissent pour cette partie de la filière papier, même si elle ne peut pas remplacer la production de papier fibres vierges. La faible part des achats de papier recyclé en France pénalise le développement de l’économie circulaire locale, avec tous ses atouts de réduction d’impacts environnementaux (eau, énergie, ressources) et de création d’emplois. Alors que les emballages et le papier journal contiennent un fort pourcentage de fibres recyclées, les papiers d’impression-écriture eux n’en contiennent en moyenne que 10% (Ecofolio, 2015). Il reste donc du progrès à faire, que ce soit dans le choix du recyclé ou dans le recyclage.

Que puis-je faire en pratique ?

Devrons-nous toujours accepter ce paradoxe : éduquer nos enfants avec du papier dont les rejets polluent les rivières, dont ils ont aussi profondément besoin que de livres ?

Pour choisir un papier responsable, il faut privilégier à la fois les écolabels qui valident les démarches de protection de l’eau et de l’air (Ange bleu, Ecolabel européen, Cygne nordique) ainsi que les labels garantissant l’utilisation de fibres recyclées ou de fibres issus de bois de forêts gérées durablement, comme la certification FSC. L’offre en France étant large, il n’y a pas de raison de ne pas privilégier des papiers responsables.

La durabilité se traduit aussi par des choix d'éco conception, comme un nombre de tirages et de pages bien pensés, ou encore la création de produits plus facilement recyclable. Le recyclage est une part importante de la durabilité de la filière. Un papier peut être recyclé jusqu’à cinq fois et la collection optimale des papiers usagers permet aussi la création de papiers recyclés de meilleure qualité.

Le numérique ayant lui aussi une empreinte environnementale importante, le papier demeure selon les cas un choix à plus faible empreinte.

Bois certifié FSC de l'entreprise Kolombangara Forest Products Limited, Iles Salomon

Bois certifié FSC de l'entreprise Kolombangara Forest Products Limited, Iles Salomon

Les actions du WWF

Que sert d’écrire sur du papier si l’arbre n’est pas dans le poème.

Le WWF France a mis au point une classification des papiers pour guider les consommateurs dans leur choix de papier graphique au bureau. Cet outil a aussi été utilisé lors de la mise à jour de la Politique Papier Responsable du WWF France, afin de garantir notre propre responsabilité papier mais aussi promouvoir un exemple de politique.

Au travers de son réseau international, WWF a aussi développé plusieurs outils d’évaluation de la qualité environnementale des papiers. L’outil Check Your Paper (en anglais) permet à tous de vérifier la performance environnementale d’une variété de papiers, selon les trois critères, l’impact sur la forêt, le climat et la pollution des eaux. L’Environmental Paper Company Index mesure la qualité environnementale des process d’une trentaine de producteurs mondiaux de pâte et papiers, certains actifs dans le marché français.

Le WWF France travaille avec des producteurs de papiers recyclés et de papiers labellisés FSC, ainsi que des organismes tels Ecofolio, afin de valoriser les papiers responsables. nous incitons aussi les entreprises et les collectivités à développer des chaînes d’approvisionnements durable. Depuis 2010, nous publions le Baromètre PAP50, en partenariat avec Riposte Verte, outil qui a pour but d’évaluer la performance de leurs politiques, leurs consommations de papier et de les inciter à progresser. Le WWF France s’intéresse aussi aux risques et les impacts liés au secteur de l’édition en France.

Nos projets actifs

Le WWF oeuvre depuis des années à ce que l’intégrité des forêts les plus importantes au monde soit enrichie et maintenue. A travers différents projets de terrain, le WWF mène des actions de conservation des forêts primaires et restauration forestière, tout en essayant de normer le marché des produits forestiers.

Entrepôt de papier FSC recyclé à Sundsval en Suède
Vue aérienne de la canopée de la Réserve de Wonga Wongué (Gabon)

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Pour mieux répondre à l'urgence écologique, le WWF France oeuvre à la protection et la résilience des paysages forestiers.
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