Vue aérienne de la côte de l'île Nyororo, archipel des îles Mafia, Seychelles

Nord du Canal du Mozambique : vers une gestion marine concertée

La mer du Nord du Canal du Mozambique abrite une diversité d’écosystèmes exceptionnels. Mais elle est sujette à de nombreuses pressions économiques et à l’impact des changements climatiques. Notre objectif est de mettre en œuvre une gestion concertée entre les Etats pour assurer sa préservation.

Une biodiversité exceptionnelle

Le Nord du Canal du Mozambique est une région couvrant entièrement les zones économiques exclusives (ZEE) de plusieurs pays au sud-est de l’Afrique : l’Afrique du Sud, Comores, France (Mayotte), Kenya, Madagascar, Maurice, Mozambique, Seychelles, Somalie, Tanzanie. Les 700 000 km2 de cette zone sont donc sous la juridiction de ces 10 pays , qui exploitent ses ressources et son potentiel économique et sont signataires de la Convention de Nairobi qui cadre leur coopération internationale. Cet espace marin est également ce que l’on appelle un « hotspot » de la biodiversité mondiale. Il regroupe les écosystèmes côtiers et aquatiques les plus riches et diversifiés du monde, après le Triangle de Corail du sud-est de l'Asie. Le Nord du Canal du Mozambique concentre 35% des récifs coralliens de tout l’océan Indien, soit 4% des récifs coralliens de la planète, et 5% des forêts de mangrove du globe. C’est aussi dans cette région que des espèces emblématiques ont élu domicile : par exemple cinq des sept espèces mondiales de tortues marines, environ 150 espèces d’oiseaux marins ou encore 36 espèces de mammifères marins. 

Ces écosystèmes, et les services qu’ils rendent, sont essentiels aux populations locales. Les récifs coralliens et les mangroves constituent par exemple des barrières naturelles face à certains effets des changements climatiques comme l’érosion côtière et les risques d'inondation.

Une tortue géante des Seychelles (Geochelone gigantea) marche sur une plage de l'île Cousine, Seychelles.
Une sterne néréis (Sterna nereis) en vol

La région du Nord Canal du Mozambique est le berceau d'une biodiversité exceptionnelle et d'espèces endémiques comme la Tortue géante des Seychelles.

Les écosystèmes dans un état critique

Des populations côtières très pauvres

À Madagascar, 92% de la population vit avec moins de 2 US$/jour, les régions côtières éloignées faisant partie des plus pauvres de l’île

À cause de l’effet combiné de la surpêche, des industries extractives et des changements climatiques, les écosystèmes de la région (récifs coralliens, mangroves et herbiers) sont dans un état critique. Et ce, malgré la mise en place de cadres réglementaires par certains pays.

L’augmentation de la couverture en algues et un déclin de la couverture globale en coraux provoquent, par exemple, une diminution des populations de poissons. Une réduction de la taille des prises oblige les pêcheurs à aller plus au large, aggravant la pression déjà forte de la pêche sur l’écosystème marin. S’ajoutent à cela les problèmes de pêche illégale, de pollution marine et de piraterie.

Avec 3,7 milliards de m3 de gaz naturel récemment découverts (un des plus grands champs de gaz de la planète), la région s’expose à un nouveau risque : des migrations massives de populations vers les zones côtières afin de profiter des opportunités économiques liées à l’exploitation des hydrocarbures. Cet afflux, en plus de représenter une menace pour la santé des écosystèmes, pourrait aussi affecter les moyens de subsistance et le bien-être des communautés côtières qui seraient touchés. 

Pour toutes ces raisons, il est urgent que tous les États de cette zone maritime travaillent ensemble à la mise en place d’une gestion concertée de l’espace. 

Deux enfants sont dans une barque près des côtes du Mozambique

Pour une gestion concertée de cet espace maritime

Avec nos partenaires du Consortium pour la conservation marine et côtière dans l’Océan Indien Occidental et le Secrétariat de la Convention de Nairobi, notre objectif est de participer activement au processus de planification spatiale maritime, déjà en cours dans la région. D’abord faciliter la concertation entre les États (Tanzanie, Mozambique, Comores, Madagascar) pour élaborer une vision commune de gestion de l’espace, en participant à l’organisation d’ateliers d’échanges, à la réalisation d’études et de scénarios de développement de la zone, et à la mise en place de processus consultatifs des Etats pour l’élaboration et la validation d’un plan d’action et d’une feuille de route communs.

Face à l’opportunité économique de l’exploitation des hydrocarbures dans la région, cette gestion concertée doit aussi prendre en compte les risques qui pèsent sur la biodiversité et les services écosystémiques. Le WWF et ses partenaires identifient donc les lacunes des politiques des Etats de la zone en la matière, élaborent des lignes directrices pour réduire les impacts de l’exploitation d’hydrocarbures sur le milieu marin, et assurent le renforcement des capacités des associations et des communautés locales oeuvrant à la protection des écosystèmes.

Enfin, nous appuyons la mise en place d’un « réseau d’apprentissage » pour impliquer les communautés dans la gestion de leurs ressources marines : développement de plateformes de formation en ligne, organisation d’ateliers ou encore de visites d’échange.

Coucher de soleil sur la réserve de Selous en Tanzanie

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