Montagne d’Or : le gouvernement annonce l’abandon du projet

Ensemble, nous nous sommes mobilisés pendant plus de deux ans contre Montagne d'Or. En juin 2019, le gouvernement l'a annoncé : « le projet ne se fera pas ». Une victoire collective pour la Guyane française et l'Amazonie !

Une menace pour l’exceptionnel écosystème guyanais

 Plus de 2000 espèces ont été inventoriées sur le site du projet dont 127 protégées.

Le projet porté par la compagnie prévoyait un déboisement total de 1513 hectares dont une déforestation de forêts primaires, à forte valeur écologique, de 575 hectares, sur un site où plus de 2000 espèces végétales et animales dont 127 protégées avaient été inventoriées.

Le WWF France a dénoncé pendant plusieurs années l’impact désastreux de ce projet sur un écosystème exceptionnel. Selon l’opérateur, l’extraction de l'or aurait nécessité des milliers de tonnes d’explosifs et de cyanure et 195 millions de litres de fuel durant les 12 années années de vie du projet.

Au total, 54 millions de tonnes de minerai auraient été arrachés à la montagne, pour seulement 1,6 gramme de métal précieux par tonne de minerai. Le tout, entre deux réserves biologiques intégrales.

Figuier étrangleur. La biomasse des végétaux est constituée en grande partie de carbone. Tout le carbone forestier ainsi stocké n'est pas présent dans l'atmosphère sous forme de CO2, et ne participe donc pas au changement climatique.

La forêt guyanaise, puits de carbone et de biodiversité pour la planète.

Un mirage économique

Le secteur extractif est le secteur marchand guyanais qui dispose des plus faibles effets d’entraînement sur le reste de l’économie locale. 

La Guyane a besoin d’investissements pour se développer et créer des emplois mais l'argent capté par les multinationales russe et canadienne n’aurait pas profité aux acteurs économiques guyanais alors que ce sont les seuls en mesure de développer le territoire. 

Le WWF France a publié plusieurs études économiques entre 2017 et 2019 qui ont démontré d’une part, que les retombées économiques du projet Montagne d’Or seraient plus faibles qu’annoncées par la compagnie, et d’autre part que le potentiel de développement de la Guyane se situait dans le développement des filières locales et durables et non dans le secteur extractif.
Effectivement, en 2018, le WWF France a publié les résultats de l’étude réalisée par le cabinet Deloitte Développement Durable qui ont mis en évidence que le secteur extractif est le secteur marchand qui dispose des plus faibles effets d’entraînement sur le reste de l’économie locale guyanaise, notamment parce que ce secteur importe à hauteur d’environ 75% les biens et services dont il a besoin pour produire, au lieu de les acheter à l’économie locale.

Au contraire, l’étude faisait ressortir 10 secteurs à forts effets d'entraînement dont le développement pourrait permettre de répondre aux besoins du territoire (agriculture, pêche, tourisme, énergies renouvelables, gestion des déchets…).

En 2019, une nouvelle étude, réalisée par le cabinet DME et publiée par le WWF France, révélait que les retombées économiques du projet avaient été largement surestimées par la compagnie Montagne d’Or. Elle démontrait notamment que l’impact du projet sur l’emploi serait deux fois plus faible que celui estimé par la Compagnie Montagne d’Or (qui s’était appuyée sur un simple benchmark) car ce projet nécessiterait beaucoup de capital mais peu de main d’œuvre.

Une forte opposition de la population locale

7 Guyanais sur 10 sont opposés au projet Montagne d’Or en Guyane d’après un sondage réalisé par l’IFOP.

La population guyanaise a été fortement impliquée pour s’opposer au projet Montagne d’Or. Dès décembre 2017, les chefs coutumiers amérindiens ont affirmé leur positionnement contre le projet Montagne d’Or, opposition réaffirmée en janvier 2019 par le Grand Conseil Coutumier (rassemblant les peuples amérindiens et bushinengué). 

Le projet a également fait l’objet d’un débat public, organisé en Guyane entre mars et juillet 2018. Grâce à son bureau local, le WWF France a pu assister à l’ensemble des réunions du débat public, rappelé les risques du projet et dénoncé les fausses annonces du promoteur. 

Le bilan du débat public, publié par la CNDP en septembre 2018, a conclu à un projet « mal posé et mal porté » et a souligné la très grande méfiance de la population à l’égard du maître d’ouvrage. Ces affirmations ont ensuite été confirmées par les résultats d’un sondage IFOP qui montraient que 72% des guyanais déclaraient ne pas avoir été convaincus par la compagnie Montagne d’Or durant le débat public (un taux grimpant à 81 % à Saint-Laurent-du-Maroni, ville concernée par le projet). Au total, 7 guyanais sur 10 se déclarent opposés au projet minier.

Au coeur de la forêt amazonienne
Mission ONF - impacts de l'activité aurifère en Guyane (2016)
Singe dans la forêt d'Amazonie

Le gouvernement enterre le projet !

Plus de 130 000 personnes ont écrit à Emmanuel Macron pour lui demander d’abandonner le projet.

Après de nombreux mois de mobilisation, le gouvernement avait exigé que ce projet soit exemplaire sur le plan environnemental, acceptable démocratiquement et bénéfique pour le territoire. La démonstration factuelle de l’incompatibilité de ce projet avec les exigences fixées, associée à une mobilisation sans relâche de plusieurs années, a poussé le gouvernement a formellement annoncé l’abandon du projet Montagne d’Or en mai 2019. C’est une très grande victoire pour la Guyane, la nature et le climat, dont le WWF s’est réjouit.

Alors qu’à l’issue du Conseil de défense écologique, François de Rugy avait simplement constaté « l’incompatibilité du projet », l’exécutif a clarifié sa position quelques jours plus tard en confirmant que le projet ne se ferait pas. Brune Poirson devant le Sénat a d’abord indiqué : « Le projet de Montagne d’Or ne se fera pas, le projet est incompatible avec les exigences de protection de l’environnement, de préservation de la biodiversité, de lutte contre le changement climatique, qui sont défendues par ce gouvernement et exigées par les Français » et François de Rugy l’a ensuite confirmé devant l’Assemblée nationale le 29 mai.

Victoire !

Cette victoire est le fruit de votre mobilisation et nous vous remercions pour votre soutien sans faille. Le WWF France reste totalement impliqué pour s’assurer de la concrétisation de cet abandon. La réforme du code minier, à venir en 2020, doit permettre de garantir que des projets comme Montagne d’Or ne voient plus le jour. La mobilisation continue !

Vue aérienne de la piste d'atterrissage Paul Isnard près du camp "Montagne d'Or", premier projet d'exploitation aurifère industriel de la société internationale Nordgold (Guyane française)
Des bénévoles du WWF France participe au Die In organisé pour la sortie des résultats du rapport IPBES 3019, Paris, France.

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