Consultation publique sur la SNBC 3 : un cadre stratégique attendu, qui doit maintenant se traduire en actes
Alors que la France célèbre aujourd’hui les dix ans de l’Accord de Paris, le ministère de la Transition écologique ouvre la consultation publique sur la troisième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3). Ce document fixe la trajectoire que la France se donne pour atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption.
Le WWF France salue l’ampleur du travail réalisé, ainsi que la prise en compte d’un périmètre plus large, incluant notamment les enjeux de biodiversité, les bénéfices socioéconomiques et les émissions liées aux biens importés.
Moins consommer d’énergie : la condition clé pour réussir la transition
Cette orientation doit désormais s’accompagner de la publication rapide de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3), qui précisera les choix concrets de production et de consommation d’énergie pour les prochaines années. Elle devra notamment organiser une électrification ciblée des usages – remplacer les énergies fossiles par de l’électricité bas-carbone notamment issue des renouvelables là où c’est pertinent – tout en garantissant des coûts maîtrisés pour les ménages et les entreprises, ainsi que la sécurité et la souveraineté de l’approvisionnement.
En parallèle, la SNBC 3 doit rester ambitieuse sur un levier central de la transition climatique : la baisse de la consommation d’énergie finale, autrement dit l’énergie réellement utilisée par les ménages, les entreprises et les transports. Rénover les bâtiments, réduire les gaspillages, planifier la sobriété et améliorer l’efficacité énergétique sont des conditions indispensables pour rendre crédible la trajectoire climatique française.
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Une feuille de route indispensable, qui doit encore gagner en cohérence et en réalisme
« La SNBC 3 démontre la capacité de la France à se doter d’une vision structurante pour sa transition écologique. Cette ambition doit désormais se traduire en décisions concrètes. Or, les choix politiques récents ne vont pas toujours dans ce sens. A cet égard, il est préoccupant de constater l’absence du Premier ministre pour porter une stratégie présentée comme intergouvernementale et qui figure dans l’intitulé même de son titre. »
La SNBC 3 marque des avancées importantes sur plusieurs sujets sur lesquels le WWF France alerte de longue date. Le document reconnaît désormais clairement l’affaiblissement du puits de carbone forestier, c’est-à-dire la capacité des forêts françaises à absorber le CO₂, ainsi que les fortes limites de la biomasse, une ressource renouvelable mais limitée, qui ne pourra pas répondre à l’ensemble des besoins énergétiques (voir notre rapport Biomasse : un réel potentiel pour la transition énergétique ?).
Le WWF France appelle toutefois à la vigilance sur la place accordée aux technologies de capture et de stockage du carbone (CCS), qui consistent à récupérer le CO₂ émis par certaines industries pour le stocker sous terre. Présentées comme une solution d’ampleur, ces technologies reposent aujourd’hui sur des hypothèses très incertaines et ne doivent pas détourner les efforts des priorités absolues : réduire les émissions à la source et protéger les écosystèmes, qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat.
La crédibilité de la stratégie repose également sur une priorisation claire des usages des ressources, en particulier dans l’agriculture, la forêt et l’énergie, en tenant compte de la durabilité des modèles et des limites des ressources locales.
