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22. février 2023 — Communiqué de presse

Le WWF France appelle à une coopération transfrontalière renforcée pour mettre fin à l’orpaillage illégal en Guyane

Déforestation, pollution des eaux… Malgré les multiples interventions pour lutter contre l’orpaillage illégal en Guyane, la situation reste très inquiétante, notamment dans le bassin du Maroni. Le WWF France appelle le président Emmanuel Macron à une action diplomatique urgente pour renforcer la coopération entre le Brésil, le Suriname et la France.

Orpaillage illégal en Amazonie

Brigade nature / Parc Amazonien de Guyane

État des lieux de l’orpaillage illégal en Guyane

“Le fleuve Maroni se meurt”. En décembre dernier, le conseil scientifique du Parc Amazonien de Guyane, plus grand parc national de France et d’Europe, alertait sur l’état du fleuve Maroni, situé entre le Suriname et la Guyane française et dévasté par l’orpaillage illégal. Malgré des engagements pris, les moyens déployés en Guyane et de multiples alertes des associations et scientifiques, l’orpaillage illégal perdure à haute intensité. En une quinzaine d’années, le nombre d’hectares impactés dans le bassin transfrontalier du Maroni a presque été multiplié par 10 : 4 800 ha affectés en 2001 contre 45 000 en 2018.

Orpaillage illégal en Guyane

L’activité aurifère illégale n’a pas seulement une incidence sur les forêts, elle pollue également l’eau du fleuve et de ses affluents. Le mercure, métal pourtant interdit en Guyane, est en effet encore couramment employé par une majorité d’orpailleurs illégaux pour extraire l’or. Lors d’une mission réalisée fin janvier 2023, les équipes du WWF France en Guyane ont mesuré d’importants taux de turbidité (sédiments dans l’eau) sur différents affluents du Maroni - en moyenne 900 NTU (unité de mesure de la turbidité), contre moins de 10 NTU pour une eau de bonne qualité - signe d’une intense activité d’orpaillage illégal en amont. Libéré dans les écosystèmes, le mercure pénètre les chaînes alimentaires des régions orpaillées, contaminant les populations du Maroni et du Lawa qui vivent et dépendent de ces écosystèmes.

Mettre fin à l’orpaillage illégal : nous avons besoin d’une ambition transfrontalière !

Le Brésil, le Suriname et la France doivent se mobiliser ensemble contre ce fléau sanitaire, social et environnemental.

Laurent Kelle

Dans le bassin du Maroni, la clé de ce trafic est la coopération transfrontalière : 95% du personnel impliqué dans l’orpaillage illégal est originaire du Brésil et 80% de la logistique est acheminée à partir des rives surinamaises du fleuve Maroni. Mettre fin à l’orpaillage illégal passe donc nécessairement par une réponse étatique au niveau du Suriname, du Brésil et de la France.

Lors de sa visite en octobre 2017, le président de la République avait fait le même constat : “Nous devons donc conditionner nos aides et nos relations diplomatiques avec nos 2 voisins en particulier, par aussi une coopération policière et judiciaire contre l'orpaillage illégal”.

L’orpaillage illégal demeure une triste réalité autour du fleuve transfrontalier Maroni. Mission après mission, nous sommes confrontés à des rives et des forêts détruites, des eaux polluées, des populations directement affectées. Et force est de constater que les engagements pris n’ont pas encore permis d’inverser la tendance. Pourtant, la question de l’orpaillage illégal n’est pas insoluble : à court terme, il faut absolument que la France continue ses efforts de lutte et de surveillance, mais cela ne fera pas tout. A moyen et long terme, la solution réside dans la coopération transfrontalière, ce que le WWF appelle de ses vœux depuis des années. Le Brésil, le Suriname et la France doivent se mobiliser ensemble contre ce fléau sanitaire, social et environnemental.
Laurent Kelle, responsable du bureau WWF-France en Guyane