Un site d'orpaillage illégal en Guyane

Éradiquer le mercure du Plateau des Guyanes

Le mercure, encore utilisé dans le processus légal d’extraction de l’or au Guyana et au Suriname, et dans l’orpaillage illégal en Guyane, menace les écosystèmes et les populations qui en dépendent pour subvenir à leurs besoins. Avec les acteurs publics et locaux, nous nous mobilisons pour bannir le mercure de toute forme d’orpaillage sur le Plateau des Guyanes.

Des écosystèmes irremplaçables

La Guyane est couverte de forêt primaire sur plus de 90% de sa surface.

Le Plateau des Guyanes englobe le Suriname, la Guyane Française, le Guyana. Ce territoire sud-américain est, pour l’instant, relativement épargné par la déforestation puisque 80% de son couvert est encore intact. Sa forêt tropicale humide concentre une grande diversité d’animaux et de végétaux, dont 30% sont endémiques, mais aussi de nombreux écosystèmes aquatiques.

Le territoire abrite également de nombreuses populations qui dépendent du bon état de ses écosystèmes pour leur survie. Ils les approvisionne en eau, en poissons, en énergie et remplissent de nombreuses fonctions écologiques, celle de séquestrer le carbone notamment.

La région est aussi dotée d’un potentiel aurifère avéré. L’activité d’exploitation de l’or à petite échelle (qu'elle soit légale ou illégale) fait partie du paysage économique local des Guyanes. Or, cette activité menace l’intégrité des écosystèmes et donc les modes de vie des populations qui dépendent étroitement de ces derniers.

Forêt malgache, Parc amazonien de Guyane
Toucan ariel (Ramphastos vitellinus), le plus grand toucan de Guyane
Durant la Mission Jaguar Guyane, l'animal fait face à la caméra trap dans son environnement naturel.

La Guyane abrite une biodiversité incroyablement riche.

Des dommages irréversibles

L’orpaillage cause la déforestation de l’Amazonie des Guyanes

Entre 2001 et 2015, au moins 177 000 hectares de forêts ont disparu du fait de l’orpaillage sur l’ensemble des Guyanes.

Les Guyanes sont un des territoires les plus touchés par la déforestation minière, celle des mines d’or plus exactement. L’ensemble des ressources naturelles locales subissent les conséquences des méthodes d’extraction, comme la déforestation pour l’installation des camps d’exploitation, la destruction des sols, l’intensification de l’érosion, la destruction du lit des rivières, ou encore la pollution aux matières en suspension, et également au mercure.

L’orpaillage se développe aux abords des zones montagneuses, dans les terres, là où la plupart des cours d’eau prennent leur source. Or, les techniques d’extraction utilisées, à base de mercure au Guyana et au Suriname, sont à l’origine d’un rejet important de cet élément chimique dans les cours d’eau. Une pollution qui peut aussi être d’origine « naturelle », puisque la déforestation minière libère aussi le mercure naturellement contenu dans les sols.

Cette pollution environnementale se répercute sur les populations locales, tributaires des ressources forestières et aquatiques. En effet, de très fortes concentrations de mercure sont retrouvées chez les grands poissons prédateurs. Base du régime alimentaire des populations amérindiennes, la consommation de ces poissons peut amener à de graves problèmes de santé publique.

Les garimpeiros (adeptes des pratiques d'orpaillage illégal) contribuent fortement à la déforestation de l'Amazonie (Guyane française et Suriname)

L’orpaillage contribue fortement à la déforestation de l'Amazonie.

Éradiquer le mercure des méthodes d’orpaillage

Le WWF se mobilise pour bannir le mercure de l’orpaillage artisanal. Nous nous efforçons d’améliorer la coordination des politiques nationale et régionale d’élimination du mercure au Guyana et au Suriname via la création de plateformes d’échanges, l’organisation d’ateliers et de réunions régulières entre les acteurs, et la définition d’une vision commune s’appuyant sur des études sur le mercure et ses alternatives.

Afin de formaliser l‘utilisation de techniques sans mercure, nous travaillons avec des partenaires locaux pour identifier des sites pilotes au sein des communautés minières du Suriname et du Guyana. Ces partenaires élaborent des plans d’accompagnement de ces sites avant de répliquer leur modèle à d’autres communautés minières artisanales. Nous récoltons également de nouvelles données sur le mercure et les diffusons afin de sensibiliser le public, notamment les populations locales.

En parallèle, dans la zone transfrontalière entre le Suriname et la Guyane française, au cœur du bassin du fleuve Maroni, une victoire significative a été remportée contre certaines pratiques d’orpaillage très néfastes pour les communautés installées sur les rives du fleuve. En effet, le gouvernement du Suriname s’est engagé en septembre 2020 à ne plus renouveler les licences d’exploitation des barges d’orpaillage sur le fleuve transfrontalier. Ces dernières, sources de nuisances et de pollutions importantes pour les communautés riveraines et cause de nombreuses tensions diplomatiques ces dernières années, étaient déjà interdites en Guyane française. L’engagement du Suriname, formalisé au sein d’un accord de coopération Franco-Surinamais, est entré en vigueur fin 2020.

C’est une première étape importante pour les populations autochtones qui dépendent directement des ressources de la nature pour leur survie. Outre la contamination par le mercure à des niveaux très élevés liée à la consommation de poissons, l’orpaillage illégal est également à l’origine d’une raréfaction du gibier traditionnellement chassé, d’une pollution des eaux utilisées à des fins courantes (consommation, toilette, etc.), d’un sentiment d’insécurité et de vols réguliers de matériel, par exemple des moteurs de bateau, et de nourriture dans les zones cultivées à l’écart des villages.

Le WWF France a directement contribué à cette victoire par les missions que notre antenne en Guyane mène régulièrement auprès des communautés amérindiennes et du Haut Maroni depuis une dizaine d’années. Nous allons notamment à la rencontre des habitants, victimes directes des impacts de l’orpaillage illégal, afin d’entendre et de contribuer à porter leurs voix et leurs revendications. Nous menons aussi des actions d’observation directe sur le terrain afin de mettre à disposition du public des informations de qualité sur l’ampleur du phénomène et d’offrir ainsi un témoignage direct des impacts de l’orpaillage illégal sur les écosystèmes. A terme, en alertant sur ses ravages, nous souhaitons rallier l’opinion publique à notre cause et faire ainsi pression sur les décideurs pour les inciter à agir. Nous souhaitons également être force de proposition en matière de solution pour lutter contre le phénomène. C’est pourquoi nous avons publié en 2018 un rapport qui, au-delà de fournir une analyse indépendante de la problématique, met en avant des orientations pour une efficacité renforcée en matière de lutte contre l’orpaillage illégal.

Etang dans la forêt des malgaches (Guyane Française)

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