Les incendies de forêts de 2020 pourraient être pires que ceux de 2019, met en garde le WWF
Une nouvelle étude du WWF et du Boston Consulting Group (BCG) montre que le nombre d’incendies de forêts dans le monde a augmenté de 13% au cours du premier trimestre 2020 par rapport à 2019, qui était déjà une année record. En cause, la conversion des espaces naturels en zones agricoles et le changement climatique qui provoque la hausse des températures et la sécheresse. 75% des incendies de forêts sont d’origine humaine.
Pour approfondir le sujet :
Déforestation, Dérèglement climatique, Feux en Amazonie, Feux en AustralieL'homme à l'origine des feux
Les activités humaines sont responsables de 75 % des feux de forêts dans le monde.
Le dernier rapport du WWF et du BCG intitulé « Fires, Forests and the Future : a crisis raging out of control ? » met en évidence les ravages des incendies de forêts à travers le monde. Il montre par exemple qu’au Brésil, 307 000 hectares de forêts sont partis en fumée durant les six premiers mois de l’année (+26 % par rapport à 2019). Le WWF alerte depuis plusieurs semaines sur l’augmentation de la déforestation et des feux en Amazonie, au Cerrado et dans le Pantanal.
Dans ce dernier écosystème, pourtant l’une des plus grandes zones humides au monde à la biodiversité unique, les feux ont connu une augmentation de plus de 200 % au cours du premier semestre 2020 par rapport à la même période l’année dernière et 50 % des feux de l’année 2020 ont eu lieu au cours du seul mois d’août !
Aux côtés de 60 organisations brésiliennes de défense de l’environnement et des peuples autochtones, le WWF a d’ailleurs demandé au gouvernement brésilien de prendre des mesures d’urgence parmi lesquelles un moratoire interdisant la déforestation en Amazonie durant les cinq prochaines années.
D’autres pays ont également été ravagés par les flammes durant l’année écoulée. L’Australie a notamment connu les pires incendies de forêt de son histoire. Un arbre sur cinq est parti en fumée et trois milliards d’animaux ont été victimes des flammes. En avril, des feux dévastateurs ont touché le nord de la Thaïlande et dévasté 20 % de la forêt, entraînant un niveau de pollution critique à Chiang Mai.
Le rapport souligne également que les humains sont responsables de 75 % des feux de forêts dans le monde. Si, dans l’hémisphère nord, la plupart des incendies sont causés par négligence (combustion de déchets, accidents industriels ou agricoles), dans les régions tropicales ou subtropicales, les feux de forêts sont majoritairement intentionnels et utilisés pour étendre les surfaces agricoles. Si les tendances actuelles se poursuivent, les conséquences à long terme seront dévastatrices en raison du rejet de millions de tonnes supplémentaires de dioxyde de carbone. Cette quantité de CO2 libérée dans l’atmosphère participe au réchauffement climatique et nuit à la biodiversité, à l’économie et à la santé des populations.
Feux de forêts et réchauffement climatique : un cercle vicieux à briser
Le changement climatique et les feux de forêts se renforcent mutuellement. Les feux que nous connaissons désormais sont plus imposants, plus intenses et ils durent plus longtemps.
« L’an dernier, le monde entier a été le témoin indigné des conséquences dévastatrices des incendies en Amazonie et en Australie, avec des milliards d'animaux sauvages tués, des destructions d’écosystèmes entiers et de moyens de subsistance, et des conséquences dévastatrices sur le climat. Un an plus tard, les incendies sont toujours d’actualité et imposent que nous restions mobilisés. Les paroles ne signifient rien si elles ne sont pas suivies d'actions réelles et efficaces sur le terrain - ces actions doivent se concentrer de toute urgence sur la lutte contre la déforestation et le changement climatique. La France ne sera pas épargnée non plus à l’avenir, les sécheresses à répétition augmentant le risque de “méga-feux” et le nombre d’arbres morts. »
Arnaud Gauffier, directeur des Programmes du WWF France
Quel rôle de la France et de l’Union Européenne ?
Les pays européens, dont la France, ont une responsabilité dans ces incendies, d’une part parce qu’ils ont une empreinte climatique élevée et d’autre part parce qu’ils importent des produits liés à la destruction d’espaces naturels. A elle seule, l’Union Européenne est responsable de 36% de la déforestation liée au commerce international et elle n’empêche toujours pas les produits liés à la déforestation de pénétrer sur le marché européen. Constat similaire pour la France qui continue d’importer du soja brésilien sans garantie zéro déforestation pour l’alimentation de ses animaux d’élevage.
« Sans le savoir, les Français consomment des produits liés à la destruction d’espaces naturels en Amérique du Sud, en Afrique ou en Asie du Sud-Est. Le gouvernement français ne peut pas déplorer les incendies d’une part et nous imposer d’en être les complices d’autre part. Nous ne pouvons pas laisser des écosystèmes aussi précieux que la forêt amazonienne ou la savane du Cerrado partir en fumée. La France et l’Union Européenne doivent urgemment agir pour empêcher la mise sur le marché européen de produits liés à la déforestation ou à la conversion d’écosystèmes naturels ! »
Pierre Cannet, directeur du Plaidoyer du WWF-France