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06. août 2020

Le Vietnam bannit le commerce des espèces sauvages

Le Premier ministre vietnamien a publié une directive avec effet immédiat visant à interdire le commerce d’espèces sauvages dans son pays. Son but ? Réduire le risque de nouvelles pandémies.

Un fléau pour la vie sauvage

C'est le nombre minimum d'éléphants d'Afrique tués chaque année pour leur ivoire. Il peut atteindre les 30 000 !

Le commerce illégal de plantes et d'animaux rapporterait plusieurs milliards d'euros par an aux réseaux qui l’orchestrent. C’est la 4ème activité criminelle transnationale la plus lucrative, après le trafic de drogues, de contrefaçons et d'êtres humains.

Encouragés par l'appât du gain et la faiblesse des risques judiciaires encourus, les braconniers, appuyés par de puissantes organisations criminelles, sont aussi bien organisés, équipés et financés qu’une armée. Pour les espèces protégées, l’engrenage est infernal. Plus elles sont rares, plus leurs produits dérivés sont convoités, accentuant ainsi la probable disparition de l’espèce. Les éléphants d’Afrique sont l’une des grandes victimes du braconnage : entre 20 000 et 30 000 individus sont tués annuellement pour leur ivoire, menaçant notamment de disparition certaines populations d’Afrique de l’Ouest et centrale. Mais une multitude d’autres espèces subissent le même sort. Parmi les plus connues on retrouve les rhinocéros, les tigres, ou encore les tortues marines. Mais certaines, bien que moins médiatiques sont tout aussi impactées. C’est le cas du pangolin, notamment, qui demeure le mammifère le plus braconné de la planète ! Historiquement chassé pour la consommation de sa viande, depuis peu, au Vietnam, en Chine mais aussi aux États-Unis, ses écailles, auxquelles l’on prête des vertus médicinales, sont aussi très prisées.  En dix ans, plus d’un million de spécimens auraient été tués.

Pangolin (Manis tricuspis) sur une branche d'arbre, République Démocratique du Congo

Pangolin (Manis tricuspis) sur une branche d'arbre, République Démocratique du Congo

Mettre un terme au braconnage

En 2014, le WWF et TRAFFIC lancent conjointement la Wildlife Crime Initiative (WCI), pour mettre un frein au pillage du vivant !

Dès sa création, le WWF s’est investi dans la lutte contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages menacées. En 1976, il crée le programme TRAFFIC pour renforcer la surveillance du commerce des espèces sauvages. En 2014, le WWF et TRAFFIC lancent conjointement la Wildlife Crime Initiative (WCI), pour mettre un frein au pillage du vivant ! D’abord, combattre le fléau en s’attaquant à l’ensemble des acteurs de la filière : braconniers évidemment mais aussi intermédiaires, exportateurs, transporteurs et consommateurs. Ensuite, stopper les trafics par la détection et la saisie des produits illégaux tout au long de la chaîne commerciale et par la condamnation des responsables. Nous mettons également tout en œuvre pour renforcer l’application de la loi et la prévention du braconnage. Enfin, troisième objectif de la WCI, faire baisser la demande en influençant les comportements des consommateurs, en particulier en Asie. Si l’on fait évoluer les mentalités, plus personne n’aura envie d’acheter des produits issus du braconnage. Or, sans client, le trafic périclitera.

Rhinocéros noirs (Diceros bicornis) et Éléphant d'Afrique (Loxodonta africana)
Petit tigre du Bengale accroupi sur un tronc d'arbre

Hanoi suspend le commerce des espèces sauvages

Le Vietnam s’engage à éliminer les marchés illégaux à travers le pays.

Au Vietnam, des produits illicites dérivés de la faune, à l’instar des écailles de pangolins, des cornes de rhinocéros ou des défenses en ivoire d’éléphant sont régulièrement saisis. Le pays héberge également de nombreux marchés où des espèces sauvages sont en vente, et son commerce en ligne d’animaux connaît un vrai boom, les lois existantes étant souvent mal appliquées. Or, selon les scientifiques, le virus à l’origine de la pandémie de la COVID 19 aurait été transmis aux humains par des animaux. Les premières infections ont en effet été mises en évidence chez des personnes ayant fréquenté un marché de faune sauvage dans la capitale provinciale du Hubei, Wuhan, où des chauves-souris, des serpents, des civettes et d’autres animaux étaient vendus. Peu de temps après, la Chine s’est d’ailleurs engagée à interdire le commerce et la consommation d’animaux sauvages, reconnaissant leur lien avec la crise sanitaire. En février, au Vietnam, pays voisin, 14 organisations de conservation de la nature envoient une lettre conjointe exhortant le gouvernement à « identifier et fermer les marchés et autres endroits où des espèces sauvages sont en vente ».
5 mois plus tard, leur appel est entendu. Hanoi suspend toutes les importations d’espèces d’animaux sauvages mortes ou vivantes et s’engage à éliminer les marchés illégaux à travers le pays. C’est une victoire majeure dans un pays qui a souvent fermé les yeux sur le commerce d’espèces menacées.

Le directeur général du WWF Vietnam se dit prêt à aider le gouvernement à mettre en œuvre la directive selon les besoins, techniquement et financièrement. Il est temps de travailler avec la nature et non contre elle. Nous le savons désormais, l’exploiter de manière irresponsable constitue un risque énorme pour nous tous. 

Tous les Effet Panda

Éléphant d'Afrique (Loxodanta Africana)

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