Trêve salutaire pour la grande barrière de corail
L’Australie vient de s’engager à supprimer la pêche commerciale au filet maillant dans la zone du patrimoine mondial de la Grande Barrière de Corail. Le WWF salue cette décision cruciale en faveur de la biodiversité.
Pour approfondir le sujet :
Effet Panda
Exit les filets maillants
La ministre de l’Environnement Australienne, Tanya Plibersek, a annoncé de nouvelles mesures urgentes pour protéger la Grande Barrière de corail.
Depuis des années, l’UNESCO tirait la sonnette d’alarme. En 2021, au regard des données très préoccupantes sur l’état de conservation de la Grande Barrière de Corail, les experts de l’Organisation avaient même recommandé son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Peu de temps après, des membres de l’UNESCO et de l'UICN s'étaient rendus sur place pour approfondir encore davantage l’examen scientifique, confirmant dans leur rapport la situation alarmante du site, menacé à la fois par la pollution, la surpêche et le réchauffement de l’eau.
Bonne nouvelle, le gouvernement australien semble avoir pris l’alerte au sérieux puisque le 5 juin dernier, la ministre de l’Environnement, Tanya Plibersek, a annoncé de nouvelles mesures urgentes pour protéger la Grande Barrière de corail, parmi lesquelles la création de zones sans pêche sur un tiers du site du patrimoine mondial d’ici fin 2024 et … l’interdiction totale de la pêche au filet maillant d’ici 2027 ! Concrètement, cela signifie que le récif sera bientôt débarrassé des filets errants et donc, que les dugongs, les tortues, les dauphins et autres espèces menacées y ayant élu domicile, pourront nager librement, sans risquer de se faire pêcher accidentellement !

Une tragédie invisible
Près de 640 000 tonnes de matériel fantôme se retrouvent chaque année dans les mers et les océans. Ces filets fantômes représenteraient à eux seuls 10% de la pollution plastique mondiale.
Dédale d’habitats complexes, la Grande barrière de corail abrite une incroyable variété de plantes et d'animaux aquatiques, de la tortue de mer aux poissons de récif, en passant par diverses espèces de requins et de raies et une multitude d’algues marines.
Mais de nombreuses menaces pèsent sur ce précieux écosystème, parmi lesquelles une mauvaise gestion de la pêche qui accroît considérablement la pression sur les espèces déjà menacées du Queensland. Les engins de pêche perdus ou abandonnés volontairement errent dans les océans et finissent par s’emmêler sur les récifs rocheux, prenant au piège des poissons, mais aussi des mammifères marins ou encore des oiseaux. Chaque année, ils blessent, mutilent et tuent plus de 136 000 baleines, dauphins, phoques, requins, tortues et oiseaux de mer. C’est la pêche fantôme. L’impact sur l’environnement, et l’ensemble de la chaîne alimentaire, hommes inclus, est bien réel.
Près de 640 000 tonnes de matériel fantôme se retrouvent chaque année dans les mers et les océans. Ces filets fantômes représenteraient à eux seuls 10% de la pollution plastique mondiale.



Un “récif sans filet”
Plus de 100 000 km2 ont été mis à l'abri des filets maillants dans une zone abritant notamment l’une des plus grandes populations de dugong.
Enrayer le déclin des espèces et protéger la santé des écosystèmes dans la Grande barrière de corail : telle est l’ambition du WWF.
Pour cela, nous encourageons la création de nouvelles Aires Marines Protégées, l'une des méthodes les plus efficaces pour conserver le monde sous-marin. En 2012, nous remportons une victoire significative : le gouvernement australien crée le plus grand réseau d'aires marines protégées du monde. Ce dernier couvre trois océans (Indien, Pacifique et austral) et leurs mers adjacentes, Arafura, Timor et Tusman. Deux ans plus tard, le gouvernement calédonien crée le Parc naturel de la mer de Corail, une Aire Marine Protégée géante de 1,3 million de km2.
En 2018, nous lançons notre plan “Net free North” visant à racheter les licences de pêche commerciale dans la partie nord de la grande barrière de corail afin que personne ne puisse en faire l’usage dans la zone concernée. Quelque 35 000 sympathisants soutiennent notre campagne et des milliers de donateurs nous aident à financer le rachat des licences de pêche. Grâce à eux, plus de 100 000 km2 sont ainsi mis à l'abri des filets maillants dans une zone qui abrite notamment l’une des plus grandes populations de dugong, aujourd’hui considérée comme vulnérable.