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10. mars 2025 — Communiqué de presse

Dans une étude prospective, le WWF alerte sur l’avenir de la forêt française

Plus de surfaces forestières mais une biodiversité en chute libre et moins de captation carbone : un scénario catastrophe pas si improbable qu’il n’y paraît si nous n’opérons pas une inflexion radicale dans la politique de gestion des forêts françaises. A l’heure où le gouvernement présente son Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), le WWF tire la sonnette d’alarme et appelle à un changement dans la gestion forestière. 

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Une forêt plus vaste, mais fragilisée

La mortalité des arbres a bondi de plus de 80%

En 150 ans, la surface forestière de l’Hexagone a doublé, passant de moins de 9 millions à 17,5 millions d’hectares, soit 32 % du territoire. Mais quantité ne rime pas avec qualité : malgré cette expansion, la biodiversité forestière s’appauvrit, et le changement climatique aggrave la situation. La séquestration du carbone a chuté de 25% au cours de la dernière décennie, tandis que la mortalité des arbres a bondi de plus de 80% sous l’effet des sécheresses et de températures élevées, favorisant des attaques sanitaires sur de vastes surfaces

Trois scénarios pour 2100 : quel futur pour nos forêts ?

Dans une étude prospective intitulée Enchantées ou désenchantées : quelles forêts françaises en 2100 ? Le WWF Franceen collaboration avec Carbone 4 et le Laboratoire des Déviations Écologiques, a imaginé trois scénarios pour les forêts de l’hexagone à l’horizon 2100 : 

  • un scénario de continuité basé sur les politiques actuelles, 
  • un scénario économique privilégiant la rentabilité des forêts à court terme, 
  • un scénario de planification misant sur une gestion concertée et durable.

Sans surprise, seul le dernier scénario permettrait d’enrayer la dégradation des forêts et de préserver leurs services écosystémiques.

« Les forêts sont l’incarnation du temps long. Les choix d’aujourd’hui impacteront nos conditions de vie dans les dizaines d’années à venir sans espoir de marche arrière. Planter un milliard d’arbres sans prendre en compte l’impératif de diversité des forêts existantes, ni l'expertise croisée des acteurs dans les territoires pour faire face au changement climatique, fait peser des risques importants, comme l’a malheureusement illustré l’échec des plantations réalisées en 2021-2022 par le plan de relance. Ces choix nous mènent droit vers une possible mal-adaptation des forêts, au risque de troquer la beauté de paysages riches et divers pour de vastes étendues monotones et silencieuses, mais surtout de diminuer les puits de carbone et au final d’appauvrir la filière. Les bouleversements climatiques qui sont devant nous imposent de prendre des décisions sans regret, fondées sur la nature et en renforçant le dialogue dans les territoires, pour des décisions mieux comprises et partagées. »

Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France
Véronique Andrieux
Directrice générale du WWF France
Foret SIGFRA - Bois des Ronces - arbre dont lecorce laisse apparaitre des reliefs sur le tronc

Des choix politiques déterminants

D’ici 2100, selon les orientations prises, les paysages forestiers pourraient évoluer radicalement :

Quelle surface forestière ?

Alors qu’elles couvrent aujourd’hui 17,5 millions d’hectares (32% du territoire), les forêts pourraient-elles continuer à s’étendre pour couvrir 21 millions d’hectares (38%) en 2100, en réponse à une politique active de boisement, à la poursuite de la déprise agricole ou à une renaturation planifiée ? A l’inverse, des conditions de croissance des arbres trop contraintes, l’extension des villes ou le découragement des propriétaires forestiers face à la fréquence des incendies ou des dépérissements, pourraient-ils conduire à une réduction de la surface forestière en-dessous de 14 millions d’hectares (26% du territoire) ?

Biodiversité en danger ?

La part des monocultures dans la surface forestière pourrait-elle augmenter de 11% aujourd’hui à plus de 20% en 2100, diminuant d’autant la capacité de la biodiversité à s’y régénérer et à faire face aux chocs ? A l’inverse, alors qu’un quart des espèces d’oiseaux forestiers sont menacées, atteindre plus de 10% de la forêt sous statut de protection forte, contre 2% actuellement, serait-il suffisant pour protéger la biodiversité ?

Quel impact économique ?

Miser sur une stratégie créant plus d’emplois pour faire face aux besoins de suivi et de planification de la gestion permettra-t-il d’atteindre 200.000 emplois directs, contre 185.000 aujourd’hui ? Et qu’en serait-il d’une stratégie de décarbonation axée sur le développement de biocarburants pour l’aviation, au détriment du stockage de carbone dans les produits à longue durée de vie ?

L’avenir des forêts françaises se joue maintenant. Les choix politiques des prochaines décennies seront décisifs pour préserver ces écosystèmes essentiels à la lutte contre le changement climatique. Pour le WWF, il est urgent de rénover la politique forestière à l’aune des grands enjeux du vingt-et-unième siècle : climat, biodiversité, lien forêt-société.

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