La Belgique réapprend à vivre avec le loup
Après un siècle d’absence, le loup a fait son grand retour en Belgique en 2016. Depuis, l’espèce recolonise discrètement les forêts du pays, renouant un lien fragile mais essentiel entre l’homme et la vie sauvage.
Le mythe tenace du “grand méchant loup"
En Europe, ce sont environ 17 000 loups recensés, mais moins d'une dizaine en Belgique
Dans les contes pour enfants, il est le « grand méchant loup », qui dévore les hommes, juste par plaisir. Dans la réalité, l’animal est une espèce aussi craintive que discrète, qui évite, autant que possible, le contact avec les humains. En Belgique, la dernière attaque confirmée sur une personne remonte à plusieurs siècles. Longtemps pourchassé, le loup avait disparu d’Europe de l’Ouest au milieu du XXe siècle.
Mais il n’a pas été réintroduit en Belgique : c’est naturellement qu’il a fait son retour, franchissant les frontières depuis la France et les Pays-Bas au début des années 2010. Toutefois, ce retour spontané reste source d’inquiétudes. Le loup est un grand carnivore : lorsqu’il ne trouve pas assez de proies sauvages comme les cerfs ou les chevreuils, il peut s’attaquer à des animaux domestiques, ce qui provoque des tensions, notamment chez les éleveurs. Par ailleurs, l’urbanisation, l’exploitation des forêts et la densité du réseau routier compliquent ses déplacements. Pour chasser ou s’établir dans un territoire, il est parfois contraint de se rapprocher des zones urbanisées, au risque de se faire percuter par une voiture ou abattre illégalement.
Aujourd’hui, seuls quelques individus sont recensés en Belgique. L’espèce est protégée par la loi et figure sur la liste des espèces menacées. Depuis 1992, elle bénéficie aussi d’une protection stricte au niveau européen, grâce à la directive Habitats. Mais sa survie dépend avant tout de notre capacité à apprendre à cohabiter avec elle, en trouvant un équilibre juste entre nos activités et la préservation du vivant.
Redonner sa place au loup
Depuis sa création en 2019, la Wolf Fencing Team Belgium a effectué plus de 100 interventions pour protéger les troupeaux contre les attaques de loups.
En Belgique comme ailleurs en Europe, le WWF soutient des actions concrètes pour permettre une cohabitation apaisée entre le loup et les activités humaines. Dans les zones où le canidé a recommencé à s’établir, comme en Wallonie, des bénévoles de la Wolf Fencing Team Belgium, un projet soutenu par le WWF aux côtés de Natagora et Natuurpunt, aident les éleveurs à sécuriser leurs troupeaux à l’aide de clôtures adaptées. Ces mesures de prévention permettent de limiter les attaques, tout en réduisant les tensions. Le WWF a également accompagné les autorités régionales dans la mise en place des Plans Loups, destinés à informer la population, à accompagner les éleveurs et à encadrer la présence de l’animal.
Plus à l’est, dans le « Cœur vert de l’Europe », le WWF agit pour préserver les forêts anciennes des Carpates, l’un des derniers bastions du loup en Europe. Face à la déforestation illégale, l’organisation travaille avec les gouvernements pour renforcer l’application du règlement Bois de l’Union européenne et protéger durablement ces habitats essentiels. Autre levier d’action : le développement de « corridors écologiques », qui permettent au loup, mais aussi à l’ours, au lynx ou au cerf, de circuler librement entre les zones naturelles. Ces continuités vertes sont indispensables à la survie des populations sauvages, fragmentées par les routes, les clôtures ou l’urbanisation.



La saga du loup en Belgique
Après 124 ans d’absence, le loup revient en Belgique !
Cela fait presque dix ans que le loup a fait son retour en Belgique. En 2016, après 124 ans d’absence, l’arrivée d’un premier loup a surpris tout le monde : était-ce un simple visiteur, de passage dans le pays, ou le début d’une reconquête de territoire ? Dès 2017, de nouvelles traces en Flandre ont confirmé que la présence du canidé n'était pas fortuite. Puis, en 2018, la Belgique est officiellement devenue terre d’accueil avec l’installation de Naya, la première louve à s’implanter durablement dans le Limbourg. Rapidement, elle a trouvé August pour compagnon, tandis qu’un autre loup, Akéla, s’établissait dans les Hautes-Fagnes. La saga n’a pas été sans drames : en 2019, la mort tragique de Naya, tuée par un acte malveillant, a profondément touché le pays. Mais l’espoir a vite refait surface. En 2020, August rencontre Noëlla, et ensemble, ils fondent la première famille de loups en Flandre depuis un siècle et demi. Au sud, Akéla s’unit à Maxima et leurs nombreuses portées ravivent la population lupine.

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Les années suivantes sont marquées par un véritable baby-boom, avec des portées record en 2021 et 2022. La communauté de loups grandit mais pas sans obstacles. En 2023, la mort d’August dans un accident laisse Noëlla seule avec sept jeunes à nourrir. Heureusement, Emma, fille de Noëlla, part à la conquête d’un nouveau territoire et la population continue de prospérer, malgré la menace constante des routes qui causent de nombreuses pertes. En 2024 et 2025, Noëlla s’accouple avec un autre partenaire, Maurice, et leur union donne lieu à une nouvelle portée.
Les efforts pour protéger les troupeaux portent leurs fruits, avec une baisse significative des attaques. Cette décennie de retour du loup en Belgique est un symbole fort : malgré les obstacles, la cohabitation est possible et la nature reprend doucement sa place.


Sur la trace du loup : suivez une meute en direct sur Strava
En France aussi, la cohabitation avec le loup se construit pas à pas. Mais sa présence reste fragile, mise à l’épreuve par la fragmentation des territoires, les routes et les nombreuses pressions humaines. À mesure que nos activités grignotent les espaces naturels, les loups sont contraints de fuir, de migrer, de s’adapter... souvent au péril de leur vie.
Pour sensibiliser le public à cette réalité invisible, le WWF lance une campagne inédite : pour la première fois, il est possible de suivre le parcours réel d’une meute de loups en France sur Strava, via le profil de @Gros_Pépère.
Grâce aux données GPS récoltées par des scientifiques, chaque étape de leur course est documentée à travers des photos, des vidéos et des récits du terrain. Une épopée bien réelle, lancée symboliquement pendant le Tour de France, pour rappeler que la course pour la survie des espèces sauvages est déjà en cours.