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25. septembre 2020

Le requin des Philippines s’offre un sursis

19 nouveaux spécimens viennent d’être recensés dans les eaux de l’aire marine protégée de Ticao-Burias. Un chiffre rassurant tandis que la menace pesant sur la faune aquatique locale s'accroît.

Une mauvaise réputation usurpée

C’est en moyenne le nombre de décès annuels dus à des attaques de requin. 

À titre de comparaison, le moustique est responsable de la mort d’environ 725 000 personnes par an.

Si le squale pâtit d’une aussi mauvaise réputation, c’est sans doute parce que ses attaques sont spectaculaires et de fait, très médiatisées. Pourtant, aujourd’hui c’est plutôt lui qui est menacé par les pratiques humaines et notamment par une pêche excessive. Le commerce de ses ailerons – ingrédient principal d’une soupe asiatique vendue à prix d’or - ne cesse de se développer. Quand ils sont capturés, on coupe les ailerons des requins, et ce qui reste d’eux est rejeté à la mer. Cette pratique est appelée shark finning.

Selon la liste rouge mondiale des espèces menacées dressées par l’Union internationale pour la conservation de la nature, environ 60 % des requins pélagiques sont actuellement en danger d’extinction. Un bien mauvais présage pour les océans car les requins mangent les poissons malades, blessés ou faibles ce qui permet d’avoir un écosystème sain en évitant la propagation de maladies et en permettant la reproduction des espèces les plus fortes. La disparition de ces prédateurs-clés qui trônent tout en haut de la chaîne alimentaire aurait de lourdes conséquences pour les écosystèmes marins.

Requin gris (Carcharhinus amblyrhynchos), Nouvelle Bretagne, Papouasie Nouvelle Guinée.

Les nombreux films d'horreur ayant pour sujet les requins contribuent à leur donner mauvaise réputation.

Réhabiliter le squale

Pour protéger le seigneur des profondeurs, nous nous efforçons de mieux préserver son habitat naturel et de promouvoir une pêche plus responsable afin de limiter les prises accidentelles.

L’une des façons d’y parvenir est de développer des projets d’écotourisme communautaire autour de l’observation des requins. Aux Philippines, nous avons relevé le défi. Donsol, petite ville de pêcheurs à l'agonie, est ainsi devenue le premier sanctuaire de requins baleines. Chaque jour, des bateaux emmènent des touristes à la découverte du squale. Toutefois, ces activités sont strictement réglementées : le nombre de navires est limité, chaque visite n’excède pas 3 heures, etc. Depuis, l’espèce se porte mieux et les communautés riveraines aussi car la présence de l’emblématique animal profite à l’hôtellerie et au commerce.

De nombreux tests sont aussi effectués dans la zone, notamment des prélèvements de micro-algues afin de mesurer le niveau de pollution. Les résultats ont permis de mieux comprendre les causes de l’altération du milieu. Sur le banc des accusés : pêche par empoisonnement, érosion des berges accroissant le niveau de sédiments, déversements d’origine agricole ou autre, y compris des rejets de phosphates issus de la fertilisation des rizières et du lavage de linge.

Requin baleine en compagnie d'un plongeur dans l'océan Pacifique
Requin baleine, Donsol, Philippines

Le requin baleine (Rhincodon typus), pouvant atteindre 20m de long, est considéré comme le plus grand poisson vivant actuellement sur Terre.

Lentement mais sûrement...

Pour le squale, l’année 2020 aura sans doute été moins difficile que pour son prédateur homo sapiens. Aux Philippines, la population du requin baleine semble se maintenir et ce, malgré les nombreuses menaces qui pèsent sur son habitat. Au-delà de la surpêche et du braconnage, une partie de l’île est directement menacée par le dérèglement climatique et la montée du niveau de la mer. Pourtant, grâce aux efforts de conservation déployés par le WWF Philippine dans la zone, le nombre de requins augmente peu à peu. 

nouveaux requins baleine ont été repérés autour de Donsol depuis Janvier

Le mois dernier, au large de la péninsule de Bicol, une vingtaine d’individus qui n’avaient jamais été observés jusqu’alors ont été clairement identifiés. La marge d’erreur est faible car les requins baleines ont une spécificité qui facilite grandement leur recensement. En effet, chacun d’entre eux dispose d’un motif de taches unique derrière ses branchies grâce auquel on peut l’identifier, à l’instar de nos empreintes digitales. Une sorte de marquage naturel sur lequel les biologistes s’appuient pour mesurer l’évolution de l’espèce.

Avec les 50 identifiés depuis le mois de janvier, cela porte à 69 le nombre de nouveaux spécimens repérés, soit un total de 730 requins baleines dans la région. C’est une augmentation prometteuse. À titre de comparaison, l’année dernière 104 nouveaux spécimens avaient été repérés autour de Donsol, contre 22 nouveaux spécimens seulement entre 2017 et 2018. Lentement mais sûrement, aux Philippines le squale se réinstalle.

Tous les Effet Panda

Couple de requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), Galapagos

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