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19. septembre 2019

Tortues : restaurer la parité pour perpétuer l’espèce

Rafraîchir les nids des tortues vertes. C’est la dernière trouvaille de nos experts pour atténuer les effets du changement climatique sur l’espèce. Et ça marche !

Trop de femelles !

La températures détermine le sexe des embryons de tortues vertes. Le réchauffement climatique déséquilibre directement la parité et l'avenir de l'espèce.

Les tortues peuplent nos océans depuis plus de 150 millions d’années. Elles ont côtoyé les dinosaures et surmonté toutes les crises climatologiques. Pourtant, aujourd’hui, six des sept espèces vivantes sont considérées comme menacées ou gravement menacées. Pêche accidentelle, destruction des plages de ponte, vol de leurs œufs, de nombreuses menaces pèsent sur les doyennes de nos mers. Et depuis peu, le changement climatique vient aggraver la situation. En effet, au nord de la Grande Barrière de corail, la parité n’est plus. C’est une conséquence attendue et désormais démontrée du réchauffement. Parmi les 200 000 tortues vertes (Chelonia mydas) que compte la région, les femelles sont bien plus nombreuses, le sexe des embryons étant déterminé par la température : 100% de mâles à 25 degrés et 100% de femelles à 33 degrés… Difficile avec un tel déséquilibre de perpétuer l’espèce !

Une toute jeune tortue verte se rue vers la mer, Lamu, au Kenya

A peine sortie de leur œuf et du sable, les jeunes tortues vertes (Chelonia mydas) doivent se précipiter vers la mer pour échapper à leurs prédateurs (oiseaux marins et crabes).

Identifier le problème pour mieux y faire face

En Nouvelle-Calédonie, le bureau calédonien du WWF France étudie les migrations des tortues marines pour mieux les protéger.

En savoir plus

Certes, notre climat change à vive allure et les tortues marines, elles, se reproduisent très lentement. Mais si nous agissons assez vite, nous pouvons les aider à s’adapter à leur nouvel environnement. Qu’il s’agisse d’identifier de nouveaux lieux à protéger ou de projeter une ombre naturelle sur les plages de ponte actuelles pour abaisser la température du sable, nombreux sont les moyens à notre disposition pour améliorer les chances de survie des tortues.

Sur les plages du monde entier, les biologistes du WWF surveillent l’évolution de la température du sable et des nids. Les données recueillies sont précieuses. Elles permettent de mesurer l’ampleur du problème et de déterminer les meilleures solutions pour y faire face. Les chercheurs du WWF suivent notamment les tortues par satellite pour essayer de déterminer les retombées de l’élévation du niveau des mers sur leurs migrations séculaires. Mais aussi de mettre en évidence les zones appelant à une protection renforcée.

Des nids plus frais pour ces messieurs

La technique du parasol et la technique d'irrigation ont permis de rééquilibrer la naissance de tortues mâles.

Avec le soutien financier du groupe Koala et nos partenaires (L'Université du Queensland, le département de l'environnement et des sciences du Queensland et la Fondation des tortues marines), nous nous sommes lancés dans un projet de recherche pour le moins original : l’expérimentation de méthodes pratiques visant à refroidir le sable et donc la température des nids de tortues marines. Pendant trois mois, différentes techniques ont été testées dans le nord de la Grande Barrière de Corail, sur une plage de l'île Milman très prisée par les tortues qui s’y rendent pour pondre leurs œufs.

La première technique, dite du « parasol », consiste à créer une ombre artificielle en disposant des feuilles de palmier ou de pandanus, plante tropicale de la région, au-dessus des nids. La seconde, dite « d’irrigation », consiste à arroser les nids à l’aide d’eau de mer ou de pluie. L’une comme l’autre ont été payantes puisque la température des nids a sensiblement baissé. Un rafraîchissement salutaire pour les jeunes mâles qui ont repris l’avantage du nombre sur les femelles. Prochaine étape : peaufiner la méthode pour rétablir un rapport de genre plus naturel et la répliquer dans d’autres zones où la même problématique sévit. Sur l’île Raine, par exemple, au large de l’Océan Pacifique, car depuis 20 ans, 99,8% des tortues qui y naissent sont des femelles…

Tous les Effet Panda

Jeunes tortues luth (Dermochelys coriacea) se précipitant vers la mer (Guyane)

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