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01. août 2018 — Communiqué de presse

Aujourd’hui l’humanité a épuisé les ressources naturelles de la planète

Ce mercredi 1er août 2018, l’humanité aura consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en un an.

Cette date, calculée par le Global Footprint Network, représente donc l’Earth Overshoot Day, ou Jour du dépassement de la Terre en français.

Si la Planète était une entreprise, elle serait aujourd'hui au bord de la faillite. Nous devons impérativement changer notre modèle de développement.

Portrait de Pascal Canfin

En seulement 7 mois, l’humanité a émis plus de carbone que ce que les océans et les forêts sont en mesure d’absorber chaque année, pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres, fait plus de récoltes que ce que la Terre peut nous procurer en un an. 

Alors que nos pressions sur les ressources ne cessent d’augmenter, la biocapacité de la Terre (la surface de zones terrestres et marines biologiquement productives), elle, se réduit  progressivement au niveau mondial. En raison de ce décalage entre la demande et l’offre en ressources naturelles, il nous faudrait aujourd’hui l’équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins.

Si le Jour du dépassement arrive moins vite dans le calendrier depuis sept ans, il continue toutefois d’avancer, passant du 30 septembre en 1998, au 1er août cette année, la date la plus précoce jamais enregistrée. Cela est en partie lié à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, et donc de notre empreinte carbone, ainsi qu’à l’augmentation des surfaces en terres cultivées.

La France et son déficit écologique

Les Français ont aujourd’hui besoin de l’équivalent de 2,8 Terre pour subvenir à leurs besoins.

Si toute l’humanité vivait comme les Français, cette date arriverait encore plus tôt, le 5 mai 2018, comme l’avait révélé le WWF France dans son rapport “L’autre déficit de la France”. Les Français ont aujourd’hui besoin de l’équivalent de 2,8 Terre pour subvenir à leurs besoins. 

Si la France a su être au rendez-vous à travers la présentation de son Plan national pour la biodiversité, elle doit maintenant continuer à jouer un rôle moteur en matière de protection de la nature. Cela doit se traduire par des politiques ambitieuses et cohérentes au niveau national (sur les mobilités, la planification pluriannuelle de l’énergie, la déforestation importée, le renoncement au projet Montagne d’Or) et un leadership au niveau international, en vue du Congrès de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et de la conférence de la Convention sur la Diversité Biologique qui auront lieu respectivement à Marseille et Pékin en 2020, pour parvenir à un accord ambitieux pour réduire notre pression sur la nature.

Forêt fidjienne
Parc naturel de la mer de Corail (Nouvelle-Calédonie)

L’humanité vit à crédit

C'est la part des émissions de gaz à effet de serre liée à la combustion d’énergies fossiles dans notre empreinte écologique

A partir d’aujourd’hui, l’humanité vit donc à crédit, en empruntant des ressources naturelles à la Terre et aux générations futures. Nous savons qu’il n’est pas soutenable pour un ménage ou pour une entreprise de vivre à crédit, mais c’est exactement ce que nous faisons avec la planète, et les conséquences sont déjà visibles : déforestation, chute des stocks de poissons, sécheresses, manque d’eau, érosion des sols, perte de la biodiversité et dérèglement climatique.

Ce constat n’est toutefois pas une fatalité, nous pouvons inverser la tendance. Mais il est urgent que tous les acteurs s’engagent à mettre un terme à l’érosion du capital naturel et à revoir leurs modèles de développement qui exercent encore trop de pression sur les ressources naturelles.

Cette transition écologique repose certes sur l’action et les décisions politiques, mais les citoyens, les entreprises et les collectivités ont aussi un rôle clé à jouer à leur échelle dans cette transition vers des modes de vie plus durables. Les principaux leviers d’action sont la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre liée à la combustion d’énergies fossiles (notamment via les transports et le logement), qui représentent à elles seules près de 60% de notre empreinte écologique, et la réduction de notre empreinte alimentaire.