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24. mai 2024

En Australie, le woylie se réinstalle

Grâce à un programme de réintroduction unique impliquant plusieurs peuples Aborigènes, ce mini-kangourou au bord de l’extinction est en train de reconquérir son territoire.

Le fléau des espèces invasives

Le Woylie a disparu sur plus de 60 % de la principale île australienne…

Le relief rouge de son arrière-pays, son littoral spectaculaire, ses vignobles de renommée mondiale et ses cités historiques : l’Australie méridionale éblouit. Au nord-ouest d’Adélaïde, sa capitale, se trouve la péninsule de Yorke qui, il y a quelques décennies à peine, abritait 29 espèces de mammifères. Aujourd’hui, il n’en subsiste plus que deux.

Cette hécatombe a été principalement causée par le développement d’une agriculture intensive, l’exploitation minière industrielle et l’introduction massive de prédateurs, notamment les chats et les renards. Les espèces locales, qui n’avaient jusqu’alors pas d’ennemis naturels, se sont soudainement retrouvées en compétition pour se nourrir, lorsqu’elles ne servaient pas elles-même de nourriture aux intrus !

Le Woylie, notamment, fut en première ligne. Cette espèce, sorte de kangourou miniature, également appelée « Bettongie à queue touffue », a été décimée au cours des 150 dernières années, disparaissant de la quasi-totalité de ce qui était, historiquement, son territoire, soit, plus de 60 % de la principale île australienne…

Bettong-Australie

Freiner le taux d’extinction australien

L'Australie détient un triste record : celui du taux d'extinction de mammifères le plus élevé au monde.

L'Australie détient un triste record : celui du taux d'extinction de mammifères le plus élevé au monde. Face à ce fléau, nous menons des campagnes de sensibilisation auprès des communautés riveraines pour leur faire prendre conscience des services écologiques rendus par les espèces locales, notamment les espèces endémiques qu’on ne trouve nul part ailleurs, comme les marsupiaux.

Nous effectuons des recensements pour évaluer l’état des populations et nous mettons sur pied des projets de « translocation » - nous réintroduisons des animaux dans leur milieu naturel pour permettre aux colonies existantes de s’étoffer.

Face à la prolifération des chats et des renards, l’Australie a lancé un immense chantier auquel le WWF s’est associé. Une clôture infranchissable par les deux prédateurs ceinture désormais une zone de plus de 130 000 hectares où les espèces sauvages indigènes sont à l’abri. Peu à peu, des espèces disparues sont réintroduites dans la zone.

Bettong-en-Australie
Australie-Paysage-rouge
Bettong-Australie

Tout un symbole

190 bettongies sont mis à l’abri des prédateurs derrière une clôture infranchissable

En août 2021, quelque 120 bettongies sont relâchées dans le parc national Dhilba Guuranda-Innes à l’initiative des autorités locales et fédérales. Le WWF prend part à ce vaste programme de translocation visant à réintroduire des animaux dans leur milieu naturel pour permettre aux colonies existantes de s’étoffer.

En juin 2022, 36 autres specimens sont remis dans la nature. Ceux-ci sont nés dans les forêts de la nation Noongar, à plus de 2 000 kilomètres de là, dans le sud-ouest de l'Australie occidentale. Après avoir été capturés, soumis à des contrôles de santé et équipés de dispositifs de surveillance, ils ont été soigneusement transportés par avion à travers le Nullarbor, pour être réinstallés dans le pays de Narungga. Puis, en juin 2023, une autre trentaine de woylies est “transplantée” dans la zone, ramenant la population totale à 190 individus, mis à l’abri des prédateurs derrière la clôture infranchissable. 

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Ainsi, pour sauver les petits mammifères, le peuple Noongar a accepté de les confier au peuple Narungga avec l’appui technique et financier du Département de la biodiversité d'Australie occidentale et d’associations environnementales, dont le WWF Australie. Une coopération hautement symbolique dans un pays quelque peu divisé depuis le référendum d’octobre dernier durant lequel les Australiens ont clairement rejeté une réforme des droits des Aborigènes ! 

Le retour de l’espèce sur la péninsule de Yorke est une excellente nouvelle. Et pas seulement parce qu’il s’agit d’un adorable mammifère. En effet, ce marsupial très rare joue un rôle fondamental pour l’écosystème. En fouillant parmi les racines des arbres à la recherche de champignons souterrains, le mammifère renverse nos sols anciens, ce qui contribue à répandre des graines et des spores fongiques et favorise la croissance des plantes à fruits et à coques, ainsi que l’infiltration de l’eau. Chaque année, il ramasse jusqu’à quatre tonnes de terre, rendant ainsi de nombreux services écologiques à son milieu par inadvertance…

Le projet Marna Banggara est financé conjointement par le Northern and Yorke Landscape Board, le gouvernement australien, le ministère sud-australien de l'Environnement et de l'Eau, le WWF-Australie et la Foundation for National Parks & Wildlife.

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