Le miel, nouvel or du Mato Grosso
Au Brésil, des communautés du Mato Grosso ont trouvé une réponse simple et durable à la déforestation : les abeilles. Avec l’appui du WWF, elles se tournent vers la production de miel, une activité qui leur assure un revenu, tout en protégeant leur forêt.
Un écosystème sous pression
En 2024, la région du Mato Grosso a perdu environ 736 000 hectares de forêts naturelles, ce qui équivaut à 2,19 milliards de tonnes de CO₂ émises dans l'atmosphère.
Situé au sud-ouest de l’Amazonie brésilienne, le Mato Grosso est l’un des États les plus menacés par la déforestation. Ici, la forêt recule sous la pression croissante de l’agrobusiness, notamment la culture intensive du soja et l’élevage bovin. À cela s’ajoutent des pratiques illégales : accaparement de terres, exploitation minière clandestine, coupes de bois sauvages… Les communautés locales, souvent isolées et peu soutenues, voient leurs terres grignotées, leurs droits menacés et leur mode de vie bouleversé. Dans ce contexte tendu, certains habitants se trouvent contraints de participer à ces activités destructrices, faute d’alternatives économiques viables. Résultat : des écosystèmes uniques disparaissent, des conflits émergent et les liens millénaires entre les populations et leur territoire se fragilisent. Pourtant, ces communautés jouent un rôle crucial dans la préservation de l’Amazonie. Quand elles peuvent vivre de leur territoire de manière durable, elles deviennent les premières alliées de la nature. Encore faut-il qu’elles en aient les moyens...
Le programme ARPA : protéger, impliquer, pérenniser
À ce jour, ARPA a permis de créer et de renforcer plus de 120 zones de conservation, couvrant 60 millions d’hectares, en favorisant la gestion durable des ressources par les communautés elles-mêmes.
Depuis plusieurs années, le WWF se tient aux côtés des communautés du Mato Grosso pour protéger leur forêt, en leur proposant un appui concret et durable. Formations techniques, soutien logistique, accompagnement juridique, ouverture à de nouveaux marchés… tout est mis en œuvre pour les aider à développer des activités viables et respectueuses de la nature. Ce travail s’inscrit notamment dans le cadre du programme ARPA (Aires protégées de la région amazonienne), lancé en 2002 par le gouvernement brésilien avec le soutien du WWF. À ce jour, ARPA a permis de créer et de renforcer plus de 120 zones de conservation, couvrant 60 millions d’hectares, en favorisant la gestion durable des ressources par les communautés elles-mêmes. Grâce à cette approche, le WWF contribue à un modèle de développement local fondé sur la « socio-bioéconomie » : une économie qui valorise les savoirs traditionnels et les ressources naturelles, tout en protégeant les écosystèmes.



Ara rouge (Ara macao) et Capybara (Hydrochaeris hydrochaeris) observés dans des stations écologiques protégées et soutenues par l'Arpa.
Le miel, une promesse pour l’avenir
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Dans les États du Mato Grosso, de plus en plus de communautés riveraines font le choix d’une autre voie. Grâce à l’appui du WWF et de ses partenaires, elles développent des activités durables qui leur permettent à la fois de subvenir à leurs besoins, de valoriser leurs savoir-faire traditionnels et de préserver leur environnement. L’apiculture, en particulier, connaît un essor remarquable.
Cette pratique ancestrale, réappropriée et professionnalisée grâce à des formations et à la distribution de matériel adapté, permet aujourd’hui à des familles entières de générer un revenu régulier, tout en favorisant la pollinisation et donc la santé des forêts. Certaines espèces d’abeilles, comme les canudos sans dard, sont endémiques de la région et parfaitement adaptées aux conditions locales. Le miel produit est de grande qualité et trouve facilement preneur, que ce soit sur les marchés locaux ou auprès de réseaux coopératifs régionaux.


Ruche d'abeilles sans dard (également appelées abeilles méliponines)
"Mon travail ici, ce n’est pas seulement pour moi, c’est pour mes enfants, mes petits-enfants et pour toute la forêt."
Au-delà du miel, d’autres formes de « socio-bioéconomie » émergent : production de fruits, d’huiles végétales, d’artisanat à base de fibres naturelles ou encore tourisme communautaire. Ces alternatives permettent aux communautés de se réapproprier leurs territoires, de renforcer leur autonomie et de résister aux pressions croissantes liées à l’exploitation illégale ou industrielle des ressources naturelles. Le collectif Tucumarte, par exemple, regroupe des artisans qui transforment les feuilles du palmier tucumã en objets de vannerie colorés, selon des techniques transmises de génération en génération. D’autres groupes expérimentent l’agroforesterie, en associant cultures vivrières et entretien des espèces forestières locales. Ces initiatives ont toutes un point commun : elles placent les habitants au cœur de la conservation. En leur offrant de réelles perspectives, elles renforcent leur attachement à la forêt et leur rôle de gardiens de la biodiversité. Grâce à cette dynamique positive, portée par l’engagement local et le soutien d’organisations comme le WWF, un autre avenir devient possible pour l’Amazonie brésilienne – un avenir où prospérité humaine et préservation de la nature vont de pair.