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18. février 2022

Les baleines noires reprennent leur souffle

Ce mois-ci, le Canada célèbre une jolie victoire. Il s'agit de la deuxième année consécutive sans aucune mortalité du grand mammifère marin dans ses eaux...

Un colosse aux pieds d’argile

Le WWF incite, les pays à proscrire certaines techniques de pêche dans des zones maritimes où des espèces emblématiques sont menacées.

En 1961, date de création du WWF, 66 000 baleines sont tuées. Face à ce massacre, nous nous mobilisons… et obtenons gain de cause ! En 1979, le premier sanctuaire baleinier qui couvre l’océan indien voit le jour et en 1986, un moratoire suspendant toute chasse commerciale est mis en œuvre. Malgré cette mesure, certains pays chassent toujours les baleines à des fins commerciales.

Nous continuons donc de faire pression pour que le moratoire soit appliqué plus fermement. Afin de prévenir les collisions ou les pêches accessoires, nous participons activement à la création de sanctuaires et d’Aires Marines Protégées (AMP), comme en Méditerranée (Sanctuaire Pelagos) ou au Chili, par exemple, où 120 000 hectares de réserve ont été créés. Le WWF incite, de surcroît, les pays à proscrire certaines techniques de pêche dans des zones maritimes où des espèces emblématiques sont menacées. En parallèle, parce qu’on ne protège bien que ce que l’on connaît bien, le WWF mène des actions d’observation et de suivi scientifique sur le terrain. Lancé en 2016, le projet WHERE, notamment, explore la distribution spatiale et l’habitat des baleines à bosse sur l’ensemble de l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. 

Eubalaena glacialis

Aucun décès à déplorer depuis deux ans

Survol du golfe par avion, détections acoustiques via des planeurs sous-marins et des hydrophones fixés sur des bouées… Dans le golfe du Saint-Laurent, pendant la période sans glace, les baleines noires sont surveillées 24 heures sur 24. Grâce à ce dispositif complet, 120 spécimens de l'Atlantique Nord ont pu être repérés dans les eaux canadiennes en 2021, ce qui représente environ le tiers de la population mondiale estimée. Ces observations sont similaires à celles de l’an dernier. En d’autres termes, cela signifie qu’aucune baleine noire de l'Atlantique Nord n'est morte dans les eaux canadiennes ces deux dernières années. Une situation dont se réjouit le ministère canadien des Pêches et des Océans qui voit ses efforts porter leurs fruits.

Un enchevêtrement dans un équipement de pêche a bien été signalé cette année mais si les tentatives pour venir en aide à l’animal ont échoué, la baleine, qui a été recroisée plus tard, semble avoir réussi à se débarrasser elle-même du matériel qui l’entravait. Pour limiter le risque de tels incidents, un fonds de 20 millions de dollars, géré par le ministère des pêches, a d’ailleurs été débloqué. Il vise à faire évoluer les pratiques des pêcheurs en leur faisant opter pour des engins plus sécuritaires pour les baleines.

Les saisons de pêche ont également été ajustées, fermant temporairement lorsque la présence de baleines était signalée. En 2021, la pêche a notamment été proscrite dans une zone d'environ 38 325 kilomètres carrés. De son côté, le ministère des transports canadien a restreint la vitesse des navires et les zones d'accès sur environ 72 000 km2 afin de limiter les risques de collision entre les baleines et les bateaux dans le golfe du Saint-Laurent.

Toutefois, ce répit ne doit pas nous faire perdre de vue qu’à l'échelle mondiale l’espèce est toujours en déclin. Selon les plus récentes estimations du consortium North Atlantic Right Whale Consortium (NARWC), il ne resterait que 336 baleines noires de l'Atlantique Nord à l’état sauvage, une diminution de presque 10 % depuis 2019.
 

Baleine bleue (Balaenoptera musculus) en plongée au large de la Nouvelle-Zélande

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