L’espoir renaît dans les champs ukrainiens
En Ukraine, la guerre a détruit une partie des haies brise-vent, indispensables pour protéger les sols et les cultures. Avec The HALO Trust, le WWF lance un projet inédit de restauration des haies brise-vent dans la région de Mykolaïv.
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaLe coût environnemental de la guerre
En février 2025, soit trois ans après le début de l’invasion russe, les émissions de gaz à effet de serre de l’Ukraine étaient estimées à près de 230 millions de tonnes de CO₂.
En Ukraine, au-delà des destructions humaines et matérielles, la guerre laisse aussi des cicatrices profondes dans la nature. Parmi les écosystèmes les plus touchés figurent les haies brise-vent, ces bandes boisées étroites plantées en bordure des champs. Dans une région comme Mykolaïv, où plus de 80 % des terres sont cultivées et où les forêts sont rares, ces haies jouent un rôle vital. Elles retiennent l’humidité des sols, limitent l’érosion par le vent, abritent oiseaux et pollinisateurs, et protègent les cultures face aux tempêtes de poussière qui se multiplient avec le changement climatique. Or, ces haies ont payé un lourd tribut au conflit. Bombardements, incendies liés aux combats ou encore passage répété d’engins militaires ont fortement endommagé ce patrimoine naturel discret mais essentiel. Selon les évaluations récentes, près de 57 % de la fonction protectrice de ces haies a disparu dans les zones proches du front. Cela signifie des champs plus vulnérables, des sols qui s’appauvrissent et une agriculture moins résiliente. Pour les communautés rurales, déjà fragilisées par la guerre, cette perte est un danger supplémentaire pour leur sécurité alimentaire et leurs moyens de subsistance. La disparition des haies brise-vent rappelle à quel point les conflits armés dégradent les écosystèmes et mettent en péril les services naturels dont dépendent les habitants.
Restaurer nos alliés naturels
Bien au-delà de l’objectif initial de 100 000 € pour planter 20 km de haies… nous avons récolté 181 500 € et planté 40 km de haies !
Depuis plusieurs années, le WWF agit en Ukraine et ailleurs pour préserver et restaurer les haies, véritables alliées de l’agriculture et de la biodiversité. Ces alignements d’arbres, considérés comme une infrastructure naturelle, rendent de multiples services : ils freinent le vent, limitent l’érosion, retiennent l’humidité des sols et réduisent le ruissellement. Ils offrent aussi abri et nourriture à de nombreuses espèces, favorisant ainsi une biodiversité plus riche et des écosystèmes plus résilients. Le WWF agit à deux niveaux. Sur le terrain, avec des projets pilotes de plantation et d’entretien menés avec les communautés rurales. Cela implique le choix d’essences locales adaptées au climat, l’organisation de campagnes de plantation avec des bénévoles, et la mise en place de suivis scientifiques. Sur le plan politique, nous plaidons pour que les haies soient reconnues comme de véritables infrastructures agricoles et intégrées aux politiques de développement rural et climatique. En France, grâce aux dons de ses sympathisants, le WWF et ses partenaires ont pu planter 40 km de haies et plus de 80 000 arbres depuis 2020.
 
   
   
  Redonner vie aux paysages
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C’est dans ce contexte qu’un projet pilote inédit a vu le jour en 2024, dans la région de Mykolaïv, au sud de l’Ukraine. Porté par le WWF Ukraine et The HALO Trust Ukraine, en partenariat avec la communauté de Snihurivka, ce projet associe démineurs, scientifiques et habitants autour d’un même objectif : restaurer les haies brise-vent détruites par la guerre. Baptisé “Shelterbelts: Restoration and Resilience”, ce programme illustre une approche novatrice : une fois les terres sécurisées par le déminage, elles ne sont pas seulement rendues cultivables, mais aussi revitalisées grâce à des plantations respectueuses du climat et de la biodiversité. À l’automne 2024, des experts ont analysé les sols déminés près du village de Tamaryne et conçu un plan adapté aux conditions semi-arides de la steppe. Au printemps suivant, avec l’aide de volontaires, plus de 1 000 glands de chêne et 100 jeunes arbres fruitiers ont été mis en terre. Les fruitiers protègent les jeunes chênes, tout en attirant oiseaux et pollinisateurs. Les glands, récoltés par des bénévoles, serviront aussi à produire de futurs plants pour élargir la restauration.
 
   
  Restaurer les haies, c’est restaurer la santé des sols, la productivité des terres et la résilience des communautés
Au-delà de la plantation, ce projet constitue un laboratoire à ciel ouvert. Suivi scientifique, implication des habitants, coopération avec les autorités locales : tous les ingrédients sont réunis pour tester et améliorer les pratiques de restauration dans un contexte de changement climatique. Les bénéfices attendus sont multiples : sols plus fertiles, champs mieux protégés, retour de la biodiversité et amélioration du cadre de vie des communautés rurales. La première plantation, réalisée en seulement cinq heures par dix bénévoles, envoie un message fort : la reconstruction de l’Ukraine peut être aussi une reconstruction de la nature. Protéger les terres agricoles et la biodiversité devient un atout majeur pour bâtir un avenir plus résilient, au service de l’environnement et des populations locales.
 
   
  