Une ère nouvelle pour les girafes
Bonne nouvelle pour la savane africaine : les girafes ne forment pas une seule espèce, mais quatre. Une découverte scientifique majeure, qui permettra d’adapter nos efforts de protection à chaque population.
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaLa biodiversité, un trésor en péril
de la population de girafes nubiennes a disparu en Afrique de l'Est.
La planète traverse une crise silencieuse mais massive: l’érosion de la biodiversité. Selon le WWF et le rapport Planète Vivante 2024, les populations de vertébrés sauvages ont chuté en moyenne de 73 % depuis 1970. Ce déclin frappe tous les écosystèmes, des forêts tropicales aux océans, en passant par les savanes africaines. Sur ce continent, qui abrite 25 % des mammifères de la planète, les pressions s’intensifient : agriculture intensive, urbanisation galopante, changement climatique et braconnage fragmentent les habitats et menacent directement la survie des espèces. La girafe, symbole de la savane, illustre cette crise. En 2016, l’UICN l’a classée parmi les espèces vulnérables, un revirement brutal après l’avoir considérée comme « préoccupation mineure » en 2010. Cette décision a surpris : dans les parcs et réserves, l’animal demeure relativement répandu, donnant l’illusion d’une espèce encore abondante. Mais en dehors de ces zones protégées, la réalité est bien différente. Sous la pression démographique, son habitat se réduit de plus en plus. Les girafes sont aussi victimes de braconnage : tuées pour leurs os, leur cervelle ou leurs queues, auxquels on prête des vertus médicinales. Dans certains pays, comme la République démocratique du Congo, les conflits armés aggravent encore la situation. Résultat : la population globale des girafes a chuté de près de 30 % en trente ans et de 40 % entre 1985 et 2015. Dans certaines régions, l’effondrement est dramatique : la girafe nubienne, par exemple, a vu ses effectifs diminuer de 97 %.
Freiner le déclin, restaurer le vivant
Le taux actuel d’extinction des espèces est 100 à 1000 fois supérieur au rythme naturel.
L’érosion de la biodiversité s’accélère à un rythme sans précédent : le taux actuel d’extinction des espèces est 100 à 1000 fois supérieur au rythme naturel. En cause, une économie mondiale qui exploite le capital naturel plus vite qu’il ne peut se régénérer. Résultat : les écosystèmes s’affaiblissent, menaçant à la fois la nature et les sociétés humaines qui en dépendent. Pourtant, il est encore possible d’inverser cette tendance. Depuis plus de soixante ans, le WWF agit pour construire un monde où l’Homme puisse vivre en harmonie avec la nature. Tous les deux ans, nous publions le Rapport Planète Vivante, qui dresse un état des lieux de la biodiversité et alerte sur les pressions exercées par nos modes de vie. L’objectif n’est pas de décourager, mais de mobiliser : face à ce constat alarmant, des solutions existent et peuvent faire la différence. Concrètement, nous agissons sur tous les continents : en Afrique, nous protégeons les forêts du bassin du Congo et luttons contre le braconnage ; en Asie, nous travaillons à préserver tigres et éléphants tout en réduisant les conflits avec les communautés ; en Europe, nous restaurons les zones humides et protégeons les espèces migratrices.



Girafe masaï (Giraffa tippelskirchi) / Girafe du nord (Giraffa camelopardalis) / Girafe réticulée (Giraffa reticulata)
Une lueur d’espoir pour les girafes
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Jusqu’à récemment, on pensait que toutes les girafes appartenaient à une seule espèce, subdivisée en neuf sous-espèces. Mais une vaste étude génétique et morphologique a révélé une réalité tout autre : il existe en fait quatre espèces distinctes. Ces classifications permettent de mieux comprendre les différences physiques, écologiques et comportementales entre les populations.
La girafe du nord (Giraffa camelopardalis), la girafe masaï (Giraffa tippelskirchi), la girafe réticulée (Giraffa reticulata) et la girafe du sud (Giraffa giraffa) se distinguent non seulement par leur pelage mais aussi par leur aire géographique et les menaces spécifiques auxquelles elles font face. Cette distinction scientifique est cruciale car elle permet d’évaluer séparément le statut de conservation de chaque espèce et d’adapter les mesures de protection à leurs besoins.


Girafe du Sud (Giraffa giraffa) / Girafe du Cap (Sous-espèce de la Girafe du sud)
« Une étape majeure pour la taxonomie des girafes, qui redéfinit la compréhension et la conservation de leur diversité. »
Par exemple, la girafe du nord, la plus menacée, ne compte plus que 7 000 individus, contre près de 70 000 pour la girafe du sud. Cette comparaison souligne les disparités extrêmes entre les populations et l’urgence de développer des stratégies adaptées à chaque contexte local. Grâce à cette meilleure compréhension, il devient possible de suivre l’évolution de chaque population avec précision, de cibler les actions de protection sur les habitats les plus menacés et de répondre plus efficacement aux pressions locales, telles que la perte d’habitat ou le braconnage. En fin de compte, cette découverte ouvre la voie à des mesures de conservation plus ciblées et efficaces, offrant un réel espoir pour l’avenir des girafes à travers toute l’Afrique.