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13. juin 2025

Sur la piste des baleines

C’est un tournant majeur pour la conservation des géants des mers : en coopération avec une coalition internationale de chercheurs, le WWF vient de dévoiler les routes migratoires des baleines sur une plateforme interactive.

Des géants menacés par un océan de danger

Sur 14 grandes espèces de baleines, 7 sont classés en danger par l'UICN.

Jadis chassées jusqu’au bord de l’extinction, les baleines subissent aujourd’hui une multitude de menaces qui se cumulent, en grande partie liées à l’activité humaine. Bien que la chasse commerciale ait été largement restreinte depuis 1986, elle demeure pratiquée par quelques pays, comme la Norvège ou le Japon, et près de mille baleines sont encore tuées chaque année. Mais au-delà de cette pression directe, c’est la multiplication des impacts diffus qui freine la restauration des populations. Le dérèglement climatique bouleverse les écosystèmes marins. Les baleines, dont la survie dépend d’abondantes concentrations de krill dans les eaux polaires, voient leurs habitats se détériorer. La banquise fond, les proies se raréfient ou se déplacent, rendant les migrations longues et hasardeuses. À cela s’ajoute un trafic maritime croissant, à l’origine de nombreuses collisions mortelles. La pollution chimique, plastique et sonore perturbe également ces animaux sensibles, dont l’ouïe est essentielle à la navigation et à la communication. Dans ce contexte, les baleines peinent à reconstituer leurs populations. Sur 14 grandes espèces, sept sont encore classées en danger par l’UICN.

Science et plaidoyer au secours des cétacés

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En 1961, année de sa création, le WWF tire la sonnette d’alarme : 66 000 baleines sont tuées en une seule année. Pour répondre à cette crise, nous réclamons la création de sanctuaires marins et un moratoire sur la chasse commerciale. Des avancées majeures suivent : en 1979, un premier sanctuaire est établi dans l’océan Indien, puis en 1986, la chasse commerciale est officiellement suspendue à l’échelle mondiale. 

Mais la Norvège, le Japon et l’Islande continuent de tuer des baleines à des fins commerciales, malgré le moratoire. Le WWF poursuit donc ses efforts de plaidoyer pour une application plus stricte de cette interdiction. Parce que la connaissance est la clé d’une protection efficace, nous menons en parallèle des programmes scientifiques de terrain. Le projet WHERE, lancé en 2016 en Nouvelle-Calédonie, en est un exemple : il étudie la répartition et les habitats des baleines à bosse dans l’ensemble de la zone maritime calédonienne, afin de mieux orienter les mesures de conservation.

Deux baleines à bosse nageant vers la surface
Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) sautant au large de l'île Kodiak, en Alaska
Une mère baleine bleue et son baleineau (Balaenoptera musculus)

Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) / Baleine Bleue (Balaenoptera musculus)

Cartographie d’une odyssée

«Les corridors bleus sont des artères vitales pour les géants des océans et les écosystèmes qu'ils soutiennent. Cette plate-forme transforme des décennies de science en un outil d'action concrète. »

Pour la première fois, les routes migratoires des grandes baleines sont visibles et accessibles à tous. Le WWF, en partenariat avec une large coalition de chercheurs, d’États et d’acteurs de la société civile, a lancé BlueCorridors.org : une plateforme interactive qui rassemble plus de 30 ans de données de suivi par balises satellitaires. C’est une véritable révolution dans la compréhension du mode de vie des cétacés. Cette cartographie mondiale ouvre la voie à des mesures de conservation plus efficaces pour ces géants des mers. Sur cette carte dynamique, on peut observer les corridors migratoires empruntés chaque année par différentes espèces — de la Méditerranée au Pacifique, en passant par l’Atlantique Sud et l’océan Austral. Ces autoroutes invisibles (désormais percées au grand jour) relient les zones de reproduction, d’alimentation et de socialisation, sur des milliers de kilomètres. Et ce n’est pas qu’un outil de visualisation : BlueCorridors superpose aussi les menaces (trafic maritime, pollution sonore, zones de pêche) et les priorités de conservation, pour éclairer les décisions.

Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) mâle avec sa mère au repos.

Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae)

« C'est l'avenir de la conservation : ouvert, collaboratif et fondé sur la science. En reliant les menaces aux solutions, cette plateforme permet une planification marine plus intelligente et mieux coordonnée, qui transcende les secteurs et les frontières »

Grâce à cette base de données, les chercheurs peuvent identifier les zones dites de “grande vulnérabilité”, où les baleines sont à la fois nombreuses et fortement exposées aux risques. Cette connaissance fine du territoire permet de définir avec précision où établir les aires marines protégées, de recommander des limitations de vitesse pour les navires dans les zones les plus “à risque” ou encore de proposer de nouveaux sanctuaires transfrontaliers. Elle favorise une gouvernance internationale coordonnée, essentielle pour des espèces qui ignorent nos frontières. Lancée à l’approche de la Journée mondiale de l’océan et de la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, BlueCorridors.org allie données scientifiques et innovation technologique. Grâce à une mise en récit accessible, cette plateforme offre aux baleines un puissant outil de protection.

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Baleine bleue (Balaenoptera musculus) en plongée au large de la Nouvelle-Zélande

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