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05. décembre 2025

Des corridors bleus pour sauver les tortues marines

Le WWF coordonne un nouveau projet combinant suivi et ADN pour mieux protéger les routes migratoires des tortues. Un réseau mondial de zones marines prioritaires est en train de voir le jour.

Tortues marines, sentinelles en péril

de tortues marines meurent chaque année victimes de la pêche accidentelle, du braconnage et des déchets plastiques. 

Doyennes de nos océans, les tortues marines parcourent les mers depuis plus de 150 millions d’années. Pourtant, elles sont aujourd’hui au bord du gouffre. Sur les sept espèces existantes, six sont menacées d’extinction. Les causes sont multiples et combinées : captures accidentelles dans les filets de pêche, braconnage, pollution plastique, destruction ou urbanisation des plages de ponte et impacts du réchauffement climatique. Ces pressions s’ajoutent à la fragmentation croissante de leurs habitats, alors que ces migratrices parcourent parfois des milliers de kilomètres pour relier leurs zones d’alimentation et leurs sites de reproduction. Certaines espèces subissent un déclin particulièrement dramatique. Les tortues luth, par exemple, ont perdu 60 % de leurs populations en Atlantique nord et jusqu’à 95 % dans l’Ouest de la Guyane en vingt ans. La pêche illégale qui piège les femelles adultes, la destruction des sites de ponte et le braconnage des œufs accentuent cette situation critique. Espèce clé des écosystèmes marins, la tortue contribue pourtant à maintenir l’équilibre des herbiers, réguler les populations de méduses et favoriser la productivité des récifs coralliens. Son déclin affecte donc directement la santé des océans, mais aussi le mode de vie des communautés côtières dépendantes de la pêche et de la biodiversité marine. 

Le WWF mobilisé pour protéger les tortues

"Nous devons protéger non seulement les plages de ponte, mais aussi les routes migratoires qui relient les océans."

Depuis plus de 50 ans, le WWF œuvre à la protection des tortues marines sur tous les continents. Ses actions vont du suivi par satellite des migrations à la lutte contre le braconnage des œufs et la pollution plastique, en passant par la réduction des captures accidentelles. Le WWF soutient des programmes communautaires de conservation dans plus de 40 pays, sensibilise les pêcheurs à l’utilisation d’hameçons circulaires ou de dispositifs d’exclusion des tortues et plaide pour la création d’aires marines protégées. Ces efforts portent leurs fruits : dans certaines régions, comme au Costa Rica ou à Madagascar, les populations commencent à se stabiliser. Mais les menaces ne connaissent pas de frontières. C’est pourquoi le WWF agit désormais à l’échelle planétaire pour relier les données de terrain, renforcer la coopération internationale et intégrer la conservation des tortues dans les grands accords mondiaux sur la biodiversité et les océans. 

Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Roatán, Îles de la Baie, Honduras, Amérique centrale.
Tortue de mer observée lors de la plongée sous-marine à la réserve marine de Hol Chan. Ambergris Caye, Belize, Amérique centrale.
Tortue caouanne (Caretta caretta) nageant au fond de la mer ouverte. Baie de Lagana, Zante, Grèce
Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) / Tortue caouanne (Caretta caretta) / Tortue de mer caouanne (Caretta caretta) observée lors d'une plongée sous-marine

Une avancée mondiale pour protéger les tortues

"La connectivité des tortues marines est la pièce manquante du puzzle. En cartographiant ces corridors bleus, nous donnons aux gouvernements et aux communautés les moyens d’agir ensemble, au-delà des frontières, avant qu’il ne soit trop tard."

Sous la surface des océans, une nouvelle page s’écrit pour les tortues marines. Lancée en juin 2025, à l’occasion de la Journée mondiale qui leur est dédiée, l’initiative “Blue Corridors for Turtles” réunit pour la première fois des scientifiques, des ONG et des institutions du monde entier autour d’un même objectif : protéger les routes migratoires de ces grandes voyageuses. Coordonné par le WWF, en partenariat avec la Convention sur les espèces migratrices (CMS), l’Université du Queensland, ShellBank, SWOT et le groupe CLS, ce projet relie les données de suivi satellite aux informations génétiques des tortues à l’échelle mondiale.

Green turtle (Chelonia mydas), hatchling coming out of egg,  Juani Island,  part of the Mafia Marine Park which was created with the support of  WWF. Tanzania

Tortue verte (Chelonia mydas) qui sort de l'oeuf, Tanzanie

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Jusqu’ici, malgré des décennies d’efforts, un obstacle majeur persistait : l’absence de données intégrées reliant les déplacements des tortues à leur patrimoine génétique. Sans ces informations, il est difficile de comprendre comment les populations interagissent entre elles et quelles zones sont réellement vitales à leur survie.

Grâce à plus de 1 000 suivis satellites, 4 000 sites de nidification et 166 populations génétiquement distinctes analysés dans une cinquantaine de pays, les chercheurs peuvent enfin dresser la carte des “corridors bleus” où les efforts de protection devront être concentrés : ces zones cruciales où les tortues se nourrissent, se reproduisent ou migrent. Identifier et protéger ces passages-clés, c’est offrir une chance réelle de survie à des espèces menacées sur tous les océans.

Au-delà des tortues, cette initiative incarne un tournant pour la santé des océans. Car protéger ces espèces clés, c’est aussi préserver les herbiers, les récifs et les communautés côtières qui en dépendent. Une lueur d’espoir bleue pour des océans à nouveau connectés.

Une tortue verte nouvellement éclôt court vers la mer dans le paysage marin de Lamu, au Kenya
Tortue caouanne Caretta caretta nageant au fond de la mer
Une tortue verte (Chelonia Mydas) nouvellement éclôt court vers la mer / Tortue caouanne (Caretta caretta) nageant au fond de la mer

Premiers résultats

  • 166 populations génétiquement distinctes recensées à l’échelle mondiale.
  • 4 000 sites de nidification identifiés dans 147 pays.
  • Plus de 1 000 suivis satellites déjà collectés, couvrant les 7 espèces de tortues marines.

Ces données, compilées à partir de sources mondiales et des contributions de la communauté scientifique, vont permettre d’orienter des actions de conservation transfrontalières fondées sur la science — une première dans l’histoire de la protection marine.

 

Tous les "Effet Panda"

 

Jeunes tortues luth (Dermochelys coriacea) se précipitant vers la mer (Guyane)

Ensemble, agissons

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