Équateur : un nouveau corridor vital
En Amazonie équatorienne, un nouveau corridor vient d’être créé pour préserver la biodiversité et les territoires indigènes. Il facilite la libre circulation des espèces tout en renforçant les liens entre la nature et les communautés.
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaEldorado de la vie sauvage
Entre 2001 et 2020, plus de 54 millions d’hectares de la forêt amazonienne ont été détruits, une superficie équivalente à celle de la France !
L’Amazonie, deuxième plus grande forêt tropicale au monde après la Taïga, est un véritable trésor de biodiversité. On y trouve une incroyable richesse : un seul kilomètre carré abriterait plus de 150 000 variétés de plantes. Son climat chaud et humide, avec une température moyenne de 26°C et des pluies fréquentes, favorise le développement d’innombrables espèces animales et végétales. Le fleuve Amazone, qui traverse cette forêt, fournit en eau douce un cinquième de la planète et contribue à stabiliser le climat mondial. Mais cet écosystème unique est gravement menacé. En quelques décennies, 20 % de sa surface a déjà disparu. La déforestation massive est provoquée par l’expansion de l’agriculture industrielle, notamment la culture du soja destinée à nourrir le bétail, ainsi que par l’urbanisation croissante et l’exploitation illégale des ressources naturelles. L’Union européenne, par ses importations, est responsable de 16 % de la déforestation liée au commerce mondial. Ces pressions entraînent une dégradation rapide de la forêt, avec des incendies de plus en plus fréquents, des sécheresses sévères et une pollution accrue. Elles mettent en péril autant la faune et la flore que les communautés indigènes, dont la survie dépend directement de cet environnement.
Protéger le poumon vert de la planète
+ d’1 million de citoyens mobilisés en Europe pour une loi forte contre la déforestation
Depuis 40 ans, face à la fragmentation du couvert forestier, nous faisons front en Amazonie. Avec les communautés locales, les ONG partenaires, les entreprises volontaires et les pouvoirs publics, nous faisons barrage aux activités humaines qui menacent l’écosystème et tous ses habitants. Au sein de la plateforme soja responsable « RTRS » (The Round Table on Responsible Soy), nous œuvrons notamment à la promotion d’une production de soja plus responsable qui permette de répondre à la demande mondiale sans grignoter les forêts tropicales.
Depuis 2012, nous luttons contre la réforme du code forestier brésilien qui aurait favorisé l’avancée agricole au détriment de l’Amazonie. Grâce au programme ARPA, nous soutenons la création de nouvelles aires protégées pour préserver ces écosystèmes. En Europe, nous avons appuyé la mobilisation #Together4Forests, qui a réuni plus d’un million de citoyens pour une loi ambitieuse contre la déforestation. Suite à cette campagne, un accord historique a interdit la vente de produits liés à la destruction des forêts, même si cette victoire demeure incomplète car la loi ne protège pas tous les écosystèmes boisés essentiels, comme les savanes et les zones humides…
Ville de La Chorrera dans la forêt amazonienne / Harpie féroce (Harpia harpyja) / Tapir du Brésil (Tapirus terrestris)
Un lien indispensable pour la faune et les hommes
Le nouveau corridor Palora-Pastaza couvre plus de 300 000 hectares (800 000 acres), connectant le Parc national de Sangay aux territoires des peuples Shuar, Achuar et Kichwa. Il assure la continuité écologique vitale à la faune et aux communautés locales.
Le gouvernement équatorien a pris une décision historique en créant le premier corridor de connectivité amazonien : le corridor Palora-Pastaza. Soutenu activement par le WWF et ses partenaires, ce projet protège la biodiversité tout en reconnaissant le rôle clé des territoires indigènes dans la préservation de la nature. Ces corridors permettent aux animaux de circuler librement entre zones protégées, indispensable pour leur alimentation, leur reproduction et l’expansion de leurs territoires. Ils profitent aussi aux populations humaines en préservant la qualité de l’air, des sols et des eaux, tout en soutenant les moyens de vie des communautés locales. S’étendant sur plus de 300 000 hectares de forêt tropicale, le corridor Palora-Pastaza relie le parc national de Sangay aux territoires des peuples Shuar, Achuar et Kichwa, dans les provinces de Palora et Morona Santiago. Il protège des espèces emblématiques comme le jaguar, le tapir, le harpie féroce et l’ours andin, tout en conservant l’intégrité écologique d’une région parmi les plus riches en biodiversité au monde.
Jaguar (Panthera onca) / Ours à lunettes (Tremarctos ornatus)
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Fruit d’un travail collaboratif lancé en 2023 avec le ministère de l’Environnement, les communautés indigènes et des ONG comme le WWF, il a été validé après une consultation libre et éclairée des peuples concernés. Un comité de gouvernance local et indigène assurera sa gestion participative. Ce corridor représente une victoire majeure face au changement climatique et à la déforestation, tout en ouvrant de nouvelles opportunités économiques durables pour les habitants. Grâce au développement d’activités durables, comme la bioéconomie*, les communautés pourront améliorer leurs revenus. Le renforcement des droits culturels et territoriaux, ainsi que l’arrivée de nouveaux investissements et partenariats, viendront soutenir cette dynamique positive pour toute la région.
*bioéconomie : c'est une économie respectueuse de l'environnement qui vise l'utilisation efficace des ressources naturelles.
