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24. octobre 2025

Sur les traces des félins en territoire Wayana

Le projet des Gardiens du Maroni, soutenu par le WWF, porte ses fruits.  
Autour du village wayana de Taluen, en Guyane, les pièges photographiques ont d’ores et déjà immortalisé la présence de cinq des six félins présents en Amazonie ! 

Un patrimoine naturel sous pression

Dans le Haut-Maroni, les peuples amérindiens présentent une contamination chronique au mercure : des taux moyens de 12 µg/g, bien au-delà des limites sanitaires (4,4 µg/g chez l’adulte), certains dépassant 20 µg/g.

À la frontière du Suriname, le Haut-Maroni abrite l’un des territoires les plus riches et les plus préservés d’Amazonie française. Une forêt dense, parcourue de fleuves puissants, où la vie foisonne : jaguars, tapirs, aras, paresseux, tatous géants… Ici, chaque hectare renferme un fragment d’un patrimoine naturel unique au monde. Pourtant, ce joyau de biodiversité est aujourd’hui fragilisé. Depuis plus de trente ans, la Guyane connaît une véritable ruée vers l’or. Attirés par le mythe de l’eldorado, des milliers d’orpailleurs clandestins – les garimpeiros – s’enfoncent chaque année dans la forêt, creusant, brûlant et empoisonnant les cours d’eau au mercure. Face à ce fléau, les populations amérindiennes Wayana et Teko, installées le long du Maroni, sont en première ligne. Vivant encore en lien étroit avec leur environnement, via la chasse, la pêche et les cultures vivrières, leur mode de vie est aujourd’hui menacé par la contamination des rivières et la dégradation des forêts. En 2024, des analyses ont révélé des taux de mercure dix fois supérieurs aux normes sanitaires dans certaines communautés du Haut-Maroni. Face à ce désastre environnemental et sanitaire, la préservation des forêts devient plus que jamais un enjeu vital pour la biodiversité, mais aussi pour les habitants qui en dépendent. 

Des gardiens du territoire

Le projet « Gardiens du Haut-Maroni » permet in fine de mettre en place un réseau de personnes relais, chargées de veiller sur leur territoire. D’une durée de trois ans, il est coordonné par l’antenne du WWF en Guyane et soutenu financièrement par l’Office français de la biodiversité et la Fondation Anyama. Il est également lauréat du prix 2024 “Living With Rivers”, décerné par l'Initiative pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF).

Face à ces menaces, aux côtés de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et de la Fondation Anyama, le WWF France a lancé le projet des “Gardiens du Maroni”. L’objectif : redonner aux communautés locales les moyens de surveiller, comprendre et protéger leur territoire. Depuis plusieurs années, les équipes du WWF Guyane accompagnent les habitants de Taluen et des villages voisins pour renforcer leurs capacités d’observation et de décision. Concrètement, le projet met entre leurs mains des outils scientifiques simples et efficaces : mesures de la qualité de l’eau, cartographie des sites d’orpaillage, suivi de la faune à l’aide de pièges photographiques. Ces dispositifs permettent d’évaluer la santé des écosystèmes et d’alerter rapidement en cas d’activité illégale. Les données récoltées alimentent les connaissances locales et nationales, renforçant le rôle des Wayana comme véritables “gardiens” de la forêt. Mais les Gardiens du Maroni, c’est aussi une dynamique d’avenir : développement de filières de pisciculture durable pour réduire la dépendance à la pêche contaminée, éducation environnementale des jeunes, dialogue constant entre les communautés, les chercheurs et les autorités.  

Pose de piège photographie - Guyane
Équipe du WWF Guyane
Équipe du WWF Guyane

Les équipes du WWF Guyane

Une forêt pleine de vie : la preuve en images !

"Les habitants du Haut-Maroni sont les premiers à vouloir défendre leur territoire face à la menace de l’orpaillage illégal. En mettant à leur disposition des outils adaptés, tels que des pièges photos, nous leurs donnons les moyens de suivre l’état santé de la forêt qui les entoure pour mieux la préserver." 

En juin dernier, 30 pièges photos ont été installés autour du village de Taluen. Deux mois plus tard, les premières images recueillies ont mis au jour une biodiversité exceptionnelle : plus de 30 espèces observées, dont des animaux emblématiques comme le tapir, le tamanoir ou le tatou géant. Mais la plus belle surprise vient des félins : cinq des six espèces amazoniennes présentes en Guyane ont été immortalisées : le jaguar, le puma, l’ocelot, le jaguarondi et le chat margay. Une telle diversité, en si peu de temps et si près d’une zone habitée, témoigne du bon état de conservation des forêts alentour. Elle montre aussi que le mode de vie wayana, basé sur une exploitation raisonnée des ressources (chasse, cultures vivrières, pêche), reste compatible avec la préservation du vivant. 

LES GARDIENS EN ACTION

30 pièges photos installés autour du village en juin.

Plus de 30 espèces observées en 2 mois, dont les emblématiques jaguar, tapir, tamanoir et tatou géant.

Camera trap - Haut-maroni - Guyane 2025 - Chat Margay (Leopardus wiedii)

5 des 6 félins de Guyane identifiés : jaguar, puma, ocelot, jaguarondi et chat margay.

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Pour le WWF, ces résultats montrent une nouvelle fois que l’homme et la nature peuvent cohabiter en harmonie lorsque les communautés locales participent activement à la conservation. Cependant, au-delà des images positives qui témoignent de la richesse de la faune guyanaise, les missions des gardiens en forêt ont également révélé des traces d’orpaillage illégal à proximité du village. Ces incursions rappellent combien cet équilibre reste fragile et soulignent la nécessité de poursuivre les efforts de protection. Car si les forêts de Guyane demeurent parmi les mieux préservées d’Amazonie, elles continuent de subir de fortes pressions. Les Gardiens du Maroni confirment, quant à eux, leur rôle essentiel : tant que les communautés locales veilleront sur la forêt, elle continuera d’être un havre de biodiversité.

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Etang dans la forêt des malgaches (Guyane Française)

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