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07. novembre 2025

Cap sur la protection des baleines au Chili

Le pays vient d’inscrire les zones de présence des cétacés sur ses cartes de navigation. Un pas décisif, soutenu par le WWF, vers une cohabitation plus sûre entre navires et baleines.

Les baleines, sentinelles du vivant

“Les collisions avec les navires représentent la première cause de mortalité non naturelle pour les grands cétacés, à savoir le rorqual commun et le cachalot.”

Majestueuses et essentielles à la santé des océans, les baleines jouent un rôle vital dans l’équilibre des écosystèmes marins. En transportant des nutriments à travers les profondeurs, elles fertilisent le plancton, pierre angulaire de la chaîne alimentaire et puits naturel de carbone. Longtemps traquées, ces géantes pacifiques ont vu leurs populations s’effondrer, avant de lentement se reconstituer grâce à l’interdiction de la chasse commerciale.
Mais aujourd’hui, d’autres menaces pèsent sur elles. Les baleines doivent faire face à de multiples pressions : l’accroissement du trafic maritime entraîne davantage de collisions, auxquelles s’ajoutent la pollution, le bruit sous-marin et les effets du changement climatique. Le sud du Chili — entre les régions de Los Lagos, Aysén et Magallanes — est une zone clé pour leur survie. Ces fjords et canaux abritent notamment le rorqual bleu, la plus grande espèce animale au monde, ainsi que des baleines franches et à bosse. Pourtant, ce couloir maritime, essentiel à leur alimentation et à leur reproduction, est aussi très fréquenté par les cargos et bateaux de pêche. Les collisions y représentent une cause majeure de mortalité. D’où la nécessité urgente de concilier navigation et protection des cétacés dans ce fragile sanctuaire de la Patagonie.

Des mers plus sûres pour tous

“En été, dans le sanctuaire Pelagos, le risque de collision est 3,25 fois plus élevé qu'ailleurs en Méditerranée.”

Depuis plus de 20 ans, le WWF œuvre en Méditerranée pour protéger les grands cétacés et réduire les collisions avec les navires. Nous avons d’abord joué un rôle clé dans la reconnaissance et la diffusion du dispositif REPCET, développé par Souffleurs d’Écume et CHRYSAR. Grâce à un travail de plaidoyer soutenu, le WWF a contribué à l’adoption, en 2017, de la loi pour la reconquête de la biodiversité, qui impose aux navires battant pavillon français transitant régulièrement dans les sanctuaires Pelagos et Agoa d’être équipés d’un système de partage des positions de cétacés. Aujourd’hui, le WWF poursuit son engagement en soutenant l’évolution de ces technologies. Avec la société Quiet-Oceans, nous participons au développement d’un réseau de bouées acoustiques intelligentes capables de détecter et de localiser automatiquement les cétacés en temps réel. Ce système de nouvelle génération permettra d’alerter directement les navires, sans dépendre de l’observation humaine et d’optimiser les manœuvres d’évitement. Sur le plan juridique, le WWF a également soutenu la création, en 2022, d’une Zone Maritime Particulièrement Vulnérable reconnue par l’Organisation maritime internationale. Cette avancée ouvre la voie à des mesures de navigation contraignantes pour protéger durablement les cétacés dans les eaux méditerranéennes.

Baleine grise (Eschrichtius robustus)
Vue aérienne d'un rorqual commun (Balaenoptera physalus) qui s'alimente à l'aide de ses fanons
Baleine grise (Eschrichtius robustus) / Bateau de pêche artisanal / Baleine qui se nourrit à l'aide de ses fanons

Réduire la vitesse pour sauver les baleines

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C’est dans ce contexte qu’est née une alliance inédite entre ARMASUR, INTESAL et le WWF Chili. Notre objectif : réduire les risques de collision grâce à une innovation simple et efficace. Depuis 2021, un système d’alerte permet aux navires de signaler la présence de cétacés et d’adapter leur vitesse dans les zones sensibles. Les données collectées ont permis de fixer une vitesse recommandée de 10 nœuds dans les secteurs à forte densité de baleines une mesure déjà éprouvée ailleurs dans le monde pour diminuer considérablement les impacts mortels. Mais la véritable avancée est survenue cette année : le Service hydrographique et océanographique de la marine chilienne (SHOA) a officiellement intégré ces zones de réduction de vitesse sur les cartes de navigation nationales. Désormais, les navigateurs voient directement les périmètres de précaution sur leurs instruments, leur permettant d’ajuster leur route en temps réel.

« C’est une avancée majeure qui nous permet de consolider des actions concrètes pour protéger les baleines dans les zones à forte densité, comme la Patagonie du Nord. Nous appelons dès maintenant tous les navigateurs de la région à adopter cette mesure volontaire à leur tour !” 

 Pour le WWF, partenaire technique du projet depuis ses débuts, l’intégration officielle des zones de protection sur les cartes de navigation représente une étape clé dans la mise en œuvre de solutions concrètes pour limiter les collisions entre navires et cétacés. Cette reconnaissance consacre plusieurs années de travail collectif mené avec les autorités maritimes, les chercheurs et les entreprises du secteur, fondé sur la collecte et l’analyse de données scientifiques, ainsi que sur le dialogue avec les acteurs économiques. L’initiative démontre qu’une coopération efficace entre science, institutions publiques et secteur maritime peut produire des résultats tangibles pour la conservation du vivant, sans freiner l’activité économique. Elle s’inscrit dans une approche plus large menée par le WWF pour réduire les menaces qui pèsent sur les grands cétacés dans le “Couloir bleu du Pacifique”, une zone de migration essentielle reliant la Patagonie à l’Amérique centrale.
Nous plaidons désormais pour étendre ce modèle à d’autres régions du littoral chilien et du Pacifique Sud, en renforçant les dispositifs de suivi, la formation des équipages et l’adoption de pratiques de navigation plus respectueuses de la biodiversité marine.

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Baleine bleue (Balaenoptera musculus) en plongée au large de la Nouvelle-Zélande

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