Nos rapports d’activité

Chaque année, nous publions un rapport annuel qui présente le bilan des activités du WWF France et notre engagement au service d'un monde où hommes et femmes vivent en harmonie avec la nature.

L’édito de Monique Barbut et Véronique Andrieux

Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c’est d’un objectif positif net pour réparer la nature et non plus, simplement, de stopper sa disparition. Nous devons atteindre un bilan « nature » positif d’ici 2030. Et nous savons que dans ce combat contre l’érosion du vivant, nous pouvons compter sur vous.

2021 devait être l’année de la diplomatie verte.

Au mois de septembre, lors du Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le WWF a porté des objectifs ambitieux, tels que la fin des subventions dommageables pour le climat et la biodiversité, un moratoire à l’exploitation des grands fonds marins, ou encore l’obtention de 5 % de Zones de protection forte en Méditerranée.

Mais deux mois plus tard, lors de la COP26, les 120 dirigeants internationaux qui se sont réunis à Glasgow n’ont pas tenu leur promesse d’allouer 100 milliards de dollars par an pour le climat. Et malgré des contributions nationales (NDC) rehaussées, les émissions globales de CO2 continuent d’augmenter, conduisant la planète tout droit vers un réchauffement compris entre 2,4 et 2,8 °C.

Puis, au mois de février, telle une déflagration, la guerre en Ukraine a fait irruption dans nos vies. Un séisme géopolitique dont les répliques se font déjà sentir.

Au-delà des souffrances et de la crise humanitaire, le conflit a porté un coup dur à la sécurité alimentaire mondiale et aura eu pour effet collatéral de contraindre les pays développés à s’interroger sur leurs choix énergétiques. La France et l’Europe ont hélas manqué l’opportunité de réduire leur dépendance aux énergies fossiles en maintenant le charbon et l’approvisionnement au GNL américain issu du fracking...

Mais au WWF, pas question de baisser les bras.

Plus que jamais, nous demeurons convaincus de l’importance de notre mission sociale – cette dernière continue de progresser pour atteindre 73 % de notre budget en 2022. Dans un contexte international de tension extrême, nous redoublons d’efforts sur le terrain, en France métropolitaine et en outre-mer, ainsi que dans les principaux « hotspots » de biodiversité à travers le monde : en Méditerranée, dans les zones humides en Brenne, au cœur du Cerrado brésilien ou dans les forêts du Congo, nos experts protègent et restaurent les milieux naturels, tout en contribuant à transformer les chaînes de valeur pour les rendre durables.

Sur le front du climat et de la biodiversité, les deux faces d’une crise jumelle, nous prônons, encore et toujours, des solutions fondées sur la nature.

Alors que le vivant s’effondre, la restauration écologique suscite beaucoup d’espoirs. Le but est de restituer un écosystème donné, tel qu’il était à l’origine, avant d’être impacté par l’industrie, l’agriculture ou l’artificialisation des sols.

Selon le GIEC et l’IPBES, qui ont mutualisé leur expertise dans un rapport sur les liens entre biodiversité et dérèglement climatique, des terres et des océans en bon état écologique pourraient constituer jusqu’à un tiers des solutions d’atténuation. La nature demeure notre meilleur allié dans la lutte contre la crise climatique, à travers son rôle de puits carbone, qui stocke et séquestre les émissions de CO2 dans l’atmosphère.

Des efforts conséquents ont été déployés durant les dernières décennies. Nous disposons par exemple de scénarios plausibles dans lesquels la superficie mondiale des mangroves pourrait se stabiliser, voire augmenter, d’ici 2070. Essentielles au maintien de la biodiversité côtière, ces « forêts bleues » rendent des services écologiques, économiques et culturels irremplaçables…

Mais il faut clairement passer à la vitesse supérieure, car le rythme de destruction du vivant est effréné. Au niveau mondial, ce sont 10 millions d’hectares de forêt qui disparaissent chaque année, soit à peu près la superficie du Portugal. Tandis que le budget alloué à la restauration de la nature demeure dérisoire, à peine 1 % du financement dédié à la crise climatique mondiale !

L’enjeu des prochaines rencontres sur la biodiversité sera précisément de faire croître ce pourcentage et de mettre davantage l’accent sur la restauration des écosystèmes, au-delà de leur protection.

Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c’est d’un objectif positif net pour réparer la nature et non plus, simplement, de stopper sa disparition. Nous devons atteindre un bilan « nature » positif d’ici 2030.

En d’autres termes, davantage de nature d’ici la fin de cette décennie qu’à son début.

Et nous savons que dans ce combat contre l’érosion du vivant, nous pouvons compter sur vous.

Ensemble, donnons aux écosystèmes les moyens de rebondir.

Portrait de Monique Barbut
Monique Barbut
Présidente du WWF France
Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France
Véronique Andrieux
Directrice générale du WWF France